À l’heure où le navire L’Europe sillonne la façade méditerranéenne pour en étudier la qualité des eaux, Futura-Sciences s’est intéressé aux résultats de la dernière campagne de surveillance effectuée en 2009. Malgré quelques points noirs, les eaux côtières de la Méditerranée sont globalement de bonne qualité. Même si quelques dégradations ont été observées entre 2006 et 2009, l’état de santé de la belle bleue tendrait plutôt à s’améliorer depuis quelques années.

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    Le navire de l'Ifremer L’Europe navigue depuis plus de deux semaines le long de la façade méditerranéenne dans le cadre de la campagne de surveillance 2012 (DCE-3), la troisième du genre. Les scientifiques à bord posent des stations artificielles de moules et des échantillonneurs passifs, effectuent différents prélèvements de phytoplancton et de sédiments et, enfin, évaluent l'état de santé des herbiers de posidonies. Toutes les informations récoltées seront utilisées pour déterminer la qualité chimique et écologique des massesmasses d'eau qui, selon les objectifs de la directive cadre sur l'eau (DCE), devra être « bonne » d'ici 2015. 

    L'Europe (l'institution) exige en réalité un suivi de la qualité des mers tous les 6 ans, mais l'Ifremer et l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée et Corse vont au-delà de ses recommandations puisque des campagnes de surveillance ont déjà eu lieu en 2006 et 2009, soit à trois ans d'intervalle. Ce suivi régulier renseigne donc assez bien sur la qualité des eaux du littoral méditerranéen et sur son évolution au cours du temps.

    Bien qu'accessibles à tous depuis 2010 (il a fallu plusieurs mois pour traiter les échantillons), les résultats obtenus restent méconnus. Pourtant, ils ne sont pas mauvais. C'est d'ailleurs ce qu'ont rappelé Bruno Andral (Ifremer) et Pierre Boissery (AERMC) peu de temps avant le départ du navire. Futura-Sciences a souhaité publier la carte reprenant les principaux résultats de la campagne 2009. Les eaux côtières de la Méditerranée sont, sur base de critères scientifiques biologiques et chimiques, considérées comme étant globalement de bonne qualité.

    Évaluation de l’état écologique de la façade méditerranéenne reprenant l’élément ou les éléments responsable(s) du déclassement des masses d’eau concernées. Un rond signifie que la masse d'eau n'a pas été déclassée. Les autres formes indiquent quel(s) descripteur(s) a/ont causé une dégradation du niveau de qualité des masses d'eau concernées (voir la légende des couleurs). Ces résultats sont issus de la campagne de surveillance de la Méditerranée de 2009. © Ifremer

    Évaluation de l’état écologique de la façade méditerranéenne reprenant l’élément ou les éléments responsable(s) du déclassement des masses d’eau concernées. Un rond signifie que la masse d'eau n'a pas été déclassée. Les autres formes indiquent quel(s) descripteur(s) a/ont causé une dégradation du niveau de qualité des masses d'eau concernées (voir la légende des couleurs). Ces résultats sont issus de la campagne de surveillance de la Méditerranée de 2009. © Ifremer

    80 % du littoral a des eaux de bonne qualité

    Les résultats diffèrent cependant en fonction des masses d'eau étudiées (il y en a une centaine en tout). Les descripteursdescripteurs biologiques sont classés en 5 catégories, de mauvais à très bon. Les résultats des analyses chimiques sont soit bons, soit pas bons, en fonction de la position des valeurs mesurées par rapport à un seuil. Seul 20 % du linéaire des côtes des régions Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse présentent une qualité chimique ou biologique peu satisfaisant. 

    Certains seuils de contaminants, inférieurs aux niveaux sanitaires, sont dépassés, principalement par des composés qualifiés de « nouveaux » (pesticides) ou connus depuis longtemps mais peu étudiés. Les peintures antifooling font partie de ce dernier groupe. Elles se retrouvent en grandes quantités dans les eaux soumises à un trafic maritime important. Les milieux les plus altérés correspondent néanmoins à tous les espaces lagunaires sans exception (ils sont soumis à de fortes pressionspressions tout en étant sensibles) et aux sites situés à proximité des grosses agglomérations et des complexes industrialo-portuaires de grande taille (Fos, Marseille, etc.).

    La Méditerranée est « plutôt dans une phase de mieux »

    Cet état des lieux est intéressant, mais qu'en est-il de l'évolution de la qualité des eaux dans le temps, entre 2006 (DCE-1) et 2009 (DCE-2) ? Sept masses d'eau ont été déclassées uniquement en utilisant les critères des macroalgues (4 ont été dégradées au niveau moyen et 3 au niveau médiocre). D'autres régions du littoral ont également perdu un niveau de qualité suite à une dégradation de l'état de santé des herbiers de posidonies (au niveau des Calanques de Marseille-Cassis par exemple). Seules six masses ont été dégradées suite à la présence d'un mauvais niveau chimique, principalement à cause de la présence d'Endosulfan (un composé phytosanitaire organochloré).

    Malgré ces quelques points négatifs, une enquête de l'agence de l'eau a révélé que l'état général de la Méditerranée serait « plutôt dans une phase de mieux » selon Pierre Boissery. « Les efforts qui ont été faits en matièrematière de dépollutiondépollution, de gestion, de bonne pratique et de protection portent leurs fruits. »

    Des données beaucoup plus précises (pour chaque région et indicateur) sont disponibles dans le rapport présentant les résultats de la campagne de surveillance 2009 accessibles librement sur le site de l'Ifremer.