Pour mieux comprendre l’importance de ce qui se joue actuellement du côté du Groenland, des chercheurs ont souhaité situer l’ampleur de la fonte des glaces dans l’histoire. Leurs résultats sont sans équivoque : au XXIe siècle, le Groenland perdra probablement plus de glace qu’il en a perdu au cours de n’importe quel autre siècle de ces 12.000 dernières années.


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    Le Groenland fond. Il n'y a aucun doute à ce sujet. Mais pour mieux évaluer l'importance du phénomène, des chercheurs de l’université de Buffalo (États-Unis) nous proposent aujourd'hui de situer cette fontefonte dans un contexte historique. Et le résultat de leurs travaux est frappant. Si nos émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel, le Groenland perdra, au cours du XXIe siècle, plus de glace qu'au cours de n'importe quel autre siècle sur les 12.000 dernières années !

    Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs se sont basés sur une modélisationmodélisation de la calotte glaciairecalotte glaciaire. Ils ont utilisé de nouvelles reconstructions détaillées du climat ancien et validé le tout par des mesures satellites et de terrain. Des mesures qui portent à la fois sur l'état actuel du Groenland et son état ancien.

    « Même si le monde réduit ses émissionsémissions conformément au scénario RCP2.6 -- nous parlons là d'un régime plutôt drastique --, notre modèle prévoit que le taux de perte de massemasse de l'inlandsis du Groenland au cours de ce siècle sera légèrement supérieur à tout ce qu'il a pu vivre depuis 12.000 ans », commente Jason Brinner, géologuegéologue à l'université de Buffalo dans un communiqué.

    Sur cette infographie, les valeurs de perte — ou de gain — de glace au Groenland données par le modèle développé par les chercheurs de l’université de Buffalo (États-Unis). Les points bleus donnent les projections pour un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre et les points rouges, pour un scénario de fortes émissions. © Bob Wilder, Université de Buffalo
    Sur cette infographie, les valeurs de perte — ou de gain — de glace au Groenland données par le modèle développé par les chercheurs de l’université de Buffalo (États-Unis). Les points bleus donnent les projections pour un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre et les points rouges, pour un scénario de fortes émissions. © Bob Wilder, Université de Buffalo

    Un modèle confirmé par des données de terrain

    Même si les travaux des chercheurs se sont concentrés sur le sud-ouest du Groenland, ils montrent que les changements observés peuvent être étendus à l'ensemble de la calotte glaciaire. Et le fait qu'ils ont eu recours au même modèle pour simuler le phénomène dans le passé, le présent et le futur assure une certaine robustesse à leurs conclusions.

    Les chercheurs ont notamment reconstruit l'histoire géologique de la région de manière très détaillée en mesurant le bérylliumbéryllium-10 dans des rochers qui reposent sur des moraines. Ce sont de gros tas de débris qui marquent l'ancien bord d'une calotte glaciaire ou d'un glacier. Une mesure du béryllium-10 indique à quel moment la glace a déposé ces rochers à un endroit en particulier. Des données que le modèle de chercheurs de l'université de Buffalo a parfaitement reproduites.

    C’est un signal d’alarme de plus.

    « Pour la première fois, nous disposons d'une longue chronologie des impacts de la température -- sous la forme de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland -- du passé au présent au futur. Et ce que cela montre est révélateur. Ce qui se joue dans la région n'est pas le résultat d'une variabilité naturelle, précise Jason Brinner. Nos résultats ne sont qu'un signal d’alarme de plus. Mais nous pouvons encore changer les choses et nous mettre à ce que je qualifie de régime énergétique. Les Américains les plus aisés, en particulier, peuvent largement se le permettre et modifier leur stylestyle de vie pour participer à sauver notre climat ».