Les 30.000 secousses ressenties dans l'ouest de la péninsule Arabique au printemps 2009 étaient dues à des écoulements de lave progressant dans des fissures. Déjà original en lui-même, ce phénomène montre que la dorsale au fond de la mer Rouge exerce son influence à 200 kilomètres de distance.

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    Le site de Harrat Lunayyir, à l'est de la mer Rouge, photographié par un membre d'équipage de la Station spatiale en 1988. On remarque, en bleuté, cet épanchement de lave, depuis longtemps solidifié. En sous-sol, des fissures ont laissé remonter en 2009 des coulées de magma qui ont fait trembler la terre mais ne sont pas parvenues jusqu'à la surface. ©  NASA Space Shuttle image STS26-41-61

    Le site de Harrat Lunayyir, à l'est de la mer Rouge, photographié par un membre d'équipage de la Station spatiale en 1988. On remarque, en bleuté, cet épanchement de lave, depuis longtemps solidifié. En sous-sol, des fissures ont laissé remonter en 2009 des coulées de magma qui ont fait trembler la terre mais ne sont pas parvenues jusqu'à la surface. © NASA Space Shuttle image STS26-41-61

    Entre avril et juin 2009, la terre a tremblé plus de 30.000 fois dans le nord-ouest de l'Arabie Saoudite. Ces secousses sont pour la plupart restées mineures mais l'une d'elles a atteint la magnitudemagnitude de 5,4 et provoqué de gros dégâts dans la région d'Al-Aiss, près de Médine, où 40.000 personnes ont dû être évacuées.

    Cette multitude de secousses plutôt faibles et étalées dans le temps désigne un phénomène bien différent d'un tremblement de terretremblement de terre, qui se traduit par un séisme important suivis de répliques plus faibles. Les fréquences enregistrées étaient inhabituelles : les unes très basses et les autres élevées.

    La région dans laquelle s'est produite cette succession de séismes, Harrat Lunayyir, est elle aussi particulière. Connue des géologuesgéologues, elle est constituée de lave solidifiée et comprend une cinquantaine de cônescônes volcaniques. Cette formation date de trente millions d'années quand, à 200 kilomètres à l'ouest, une dorsale a commencé à écarter l'Afrique et la péninsule Arabique, ouvrant un futur océan, qui aujourd'hui n'est encore que la mer Rouge.

    Une marge active géologiquement

    Après les séismes de 2009, une équipe de géologues américains et arabes ont inspecté cette région et découvert une faille de 8 kilomètres de longueur qui s'est élargie de 91 centimètres pendant l'épisode sismique. Selon eux, ces secousses particulières sont dues en quelque sorte à une éruption volcanique avortée. Du magmamagma est bien monté des profondeurs de la croûte terrestrecroûte terrestre mais au lieu de s'accumuler dans une chambre volcanique, il s'est étalé à 2 kilomètres sous la surface du sol au sein de la roche pour former un dykedyke, formation en lame. Les auteurs de la publication parue dans Nature Geoscience estiment son extension à plusieurs kilomètres pour une épaisseur inférieure à 1 mètre.

    Selon eux, les ondes sismiquesondes sismiques à basses fréquences était causées par la progression de ce magma, tandis les fréquences élevées provenaient des cassures des roches sur son passage. La conclusion des auteurs est que l'endroit est géologiquement actif, alors qu'il s'agit d'une marge située à 200 kilomètres de la dorsale, au fond de la mer Rouge. Loin d'un tel riftrift, expliquent les auteurs, il peut donc exister des petites remontées de magma, comme celle de Harrat Lunayyir.

    Existe-t-il aujourd'hui un risque de séisme majeur ou d'éruption volcanique dans cette région ? Oui mais il est faible, affirment les géologues. De mémoire d'homme, on se souvient d'une éruption en Arabie, en 1256. À l'échelle du géologue, le volcanisme est en revanche bien réel.