Mardi 20 juin, Laurent Ballesta, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Roberto Rinaldi ont refait surface après 20 jours d'immersion à plus de 100 mètres de profondeur au niveau du Cap Corse. Au cours de cette nouvelle expédition Gombessa, ils ont exploré de mystérieux anneaux de corail géants.
[EN VIDÉO] Laurent Ballesta raconte sa passion du cœlacanthe Avec la passion du plongeur et celle du biologiste, Laurent Ballesta nous raconte pourquoi il s'apprête à retourner auprès des cœlacanthes, pour filmer et étudier ce poisson qui a stupéfié les scientifiques. © Laurent Ballesta
La Galathée yéti ou crabe yéti : Kiwa hirsuta La Galathée yéti (Kiwa hirsuta) ou crabe yéti est un crabe très particulier. Elle a été trouvée au niveau des sites hydrothermaux de la dorsale Pacifique-Antarctique, au sud de l’île de Pâques, et a donné naissance à une nouvelle famille, les Kiwidae. Son nom de genre, Kiwa, provient de la déesse polynésienne des coquillages et crustacés et son nom d’espèce, hirsuta, fait référence à son aspect velu… © Ifremer, A. Fifis, 2006
Escargot des sources hydrothermales du Japon Ce mollusque gastéropode des sources hydrothermales, est un escargot du genre Alviniconcha associé à des symbiotes chimiotrophes. Cet individu, retrouvé au niveau du mont sous-marin de Suiyo (Japon), est le seul de son espèce jamais découvert. © Yoshihiro FUJIWARA / JAMSTEC
Un ange des mers : Platybrachium antarcticum Cet animal de 3 centimètres de long a des allures de fantôme ou d’ange des mers (ghost-like sea-angel). Scientifiquement dénommé Platybrachium antarcticum, cet escargot semi-transparent semble voler dans les profondeurs de l’Antarctique, chassant les ptéropodes (d’autres escargots) pour se nourrir. © Russ Hopcroft, University of Alaska Fairbanks
Pycnogonide mâle portant des œufs Distinct des araignées terrestres, ce pycnogonide possède toutefois quatre paires de pattes. Cet individu mâle portant des œufs a été découvert au niveau de la péninsule antarctique pendant l’expédition de Polarstern ANTXXIII-8. © Pablo J. Lopez-Gonzalez, Universidad de Sevilla
Le napoléon, ou Cheilinus undulatus, un poisson menacé Plus de 2 mètres de long et 200 kilogrammes : voici les mensurations de rêve du napoléon (Cheilinus undulatus) qui font de lui le plus grand poisson corallien des eaux chaudes des océans Indien et Pacifique. Sa belle couleur bleu-vert rappelle celle des peintures corporelles maoris (l'adjectif maori permet d'ailleurs de le surnommer). Deux caractéristiques supplémentaires : les dessins sur son corps sont uniques, comme des empreintes digitales, et il peut changer de sexe au cours de sa vie. © Molly Timmers, NOAA PIFSC Coral Reef Ecosystem Division
L'escargot de mer Monnaie caraïbe ou Cyphoma gibbosum Cet escargot de mer aux allures de léopard, communément appelé Monnaie caraïbe (Cyphoma gibbosum), a été photographié dans le golfe du Mexique, près de l’île de Grand Cayman (des îles Cayman). Sa belle couleur se trouve uniquement sur les parties molles de son corps ; la carapace, quant à elle, est blanche. © Kacy Moody, DR
Le Psychrolutes microporos, un poisson à grosse tête Du genre Psychrolutes, ce poisson téléostéen n’est pas à son avantage vu de face. Il a été observé au cours de l’expédition Norfanz à une profondeur de plus de 1.000 mètres, au nord-ouest de la Nouvelle-Zélande. © Norfanz Founding Parties Photographer Kerryn Parkingson ; additional thanks to Peter McMillan and Andrew Stewart
Un concombre des mers dans les abysses : Psychropotes longicauda Le concombre des mers Psychropotes longicauda se nourrit des sédiments qu'il trouve autour des nodules de manganèse qui tapissent le fond océanique. Pour économiser de l’énergie, il utilise sa « voile » comme moyen de locomotion. Cet individu a été photographié à 5.000 mètres de profondeur dans les abysses de l’océan Pacifique. © Ifremer, Nordinaut cruise 2004
Le ver arbre de Noël Spirobranchus giganteus Le ver arbre de Noël (Spirobranchus giganteus), aussi appelé spirobranche arbre de Noël, porte bien son nom : ses deux panaches spiralés lui offrent une forme conique caractéristique. Il s’accroche au corail dans les océans tropicaux, comme ici, à Lizard Island, près de l’Australie. © John Huisman-Murdoch University
Un surprenant concombre des mers du genre Enypniastes Cet animal rose n’est pas une méduse mais bien un concombre des mers capable de nager. Observé dans la mer de Célèbes, à 2.500 mètres de profondeur, cet animal du genre Enypniastes se déplace lentement, notamment grâce à sa collerette qui sert à la fois de stabilisateur et de propulseur. © Laurence Madin, Woods Hole Oceanographic Institution
Le siphonophore Marrus orthocanna et ses estomacs multiples Ce n’est pas une fusée sous-marine mais un siphonophore (Marrus orthocanna). Proche des méduses, cet animal est en fait constitué d’une colonie d’individus, incluant donc plusieurs estomacs. De nombreux spécimens ont été aperçus entre 300 et 1.500 mètres de profondeur. © Kevin Raskoff, DR
Le bernard-l'hermite Paguridae et son anémone de mer Ce bernard-l’hermite Paguridae a fondé une relation particulière avec une espèce spécifique d’anémone de mer qui trouve un habitat sur la carapace de l’animal. La couleur vive des pinces du crustacé est inhabituelle et pourrait avoir une utilité particulière. © Susan Middleton 2007, DR
L'exploration sous-marine est l'un des défis fixés par l'équipe de Laurent Ballesta. À travers les expéditions Gombessa (baptisées du nom du cœlacanthe aux Comores), cette équipe d'aquanautes et biologistes a fourni à la communauté scientifique et au grand public des données quantitatives et des images inédites sur le fonctionnement de certains écosystèmes marins.
L'expédition Gombessa 1 a permis pour la première fois de filmer le cœlacanthe dans son milieu naturel, à 120 mètres de profondeur en Afrique du Sud. Gombessa 2 et 4 ont eu lieu dans la passe de Fakarava (Polynésie française) et des images et des données inédites ont pu être récoltées sur le comportement reproducteur des mérous camouflage du Pacifique ainsi que sur le comportement de chasse des requins gris de récif.
Repousser les limites
Au cours de Gombessa 3, les plongeurs ont visité des écosystèmes profonds en Terre Adélie (Antarctique) et ont fourni les images d'espèces encore jamais filmées dans leur habitat naturel. Gombessa 5 avait enfin pour objectif d'explorer les récifs coralligènes et la diversité qu'ils abritent entre Marseille et Monaco.
Les expéditions Gombessa n'ont pas pour seul objectif d'enrichir les connaissances concernant le milieu marin, elles sont également élaborées afin de repousser les limites des techniques de plongée. Des temps et profondeurs records en plongée ont ainsi été réalisés en Antarctique (jusqu'à 5 heures à -1,8 °C), à Fakarava (24 heures à -20 mètres) et en Afrique du Sud (plongées à -120 mètres). Lors de Gombessa 5, quatre aquanautes ont passé 28 jours dans un module pressurisé de 5 mètres carrés (nommé station Bathyale) à 100 mètres de profondeur pour effectuer des sorties quotidiennes entre -60 et -144 mètres.
Le défi de Gombessa 6
Il y a 10 ans, l'Ifremer et l'Université de Corte, en Corse, ont découvert des anneaux formés par des coraux. Ces anneaux se situent sur une aire de 4 kilomètres carrés et certains d'entre eux peuvent atteindre une trentaine de mètres de diamètre. La composition et la formation de ces anneaux, à 120 mètres de profondeur, reste un mystère intact pour les scientifiques.
Gombessa 6 s'inscrit dans la lignée de la performance de Gombessa 5. Quatre aquanautes sont restés dans la Station Bathyale à plus de 100 mètres de profondeur durant 20 jours, au Nord et Nord-Est du Cap Corse.
Au terme de l'expérience, Laurent Ballesta explique que l'équipe a pu effectuer des carottages, de plus d'un mètre parfois, dans les structures pour réaliser, par exemple, des analyses ADN et de croissance en laboratoire. Des gorgones (« coraux ») et des porcelaines (mollusques gastéropodes) ont de plus été identifiées alors qu'elles ne se trouvent habituellement pas dans ces environnements. D'autres découvertes ont également été faites par les aquanautes, ceux-ci ont en effet identifié une nouvelle espèce de nudibranche, un alignement de grottes sous-marines et ont aperçu une rare espèce de serranidé dans la zone, le mérou à dents de chien.
Laurent Ballesta rappelle que, au cours des sorties, les explorateurs ont constaté la présence de déchets plastique, une observation qui rejoint plusieurs constats déjà effectués en Méditerranée mais aussi à l'échelle de l'Océan mondial. Plusieurs mois seront nécessaires avant que les premiers résultats scientifiques et que le film sur ces mystérieux anneaux de corail de Méditerranée ne soient disponibles donc... patience.
Vous aimez nos articles et le travail de vulgarisation scientifique réalisé par nos journalistes ? Vous pouvez aujourd'hui nous soutenir en rejoignant nos abonnements sur Patreon !
Deux formules d'abonnement vous sont proposées avec les avantages suivants :
- « Futura sans publicité » : bénéficiez d'un accès garanti sans publicité sur tout le site pour 3,29 €/mois (+TVA).
- « Je participe à la vie de Futura » : en plus de l'accès sans publicité, participez à la vie de notre média indépendant (votes, contenu inédit, sondages, etc.) pour 6,29 €/mois (+TVA).