La pandémie actuelle n'a pas arrêté la crise climatique. Il faut d'urgence agir pour prévenir cette dernière si nous ne voulons pas connaître des crises et des dégâts bien plus importants que ceux connus actuellement.


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    La pandémie que nous connaissons actuellement dilue quelque peu nos inquiétudes climatiques. C'est un peu cela, l'humain. Plutôt concentré sur le court terme que sur le long terme. Mais ne soyons pas dupes. Le problème climatique est toujours bien réel. Même si, comme à notre habitude, devant les faits le concernant, nous fuyons. Pour le dire avec les mots de Clément Rosset tiré de son ouvrage Le réel et son double : « Le réel n'est généralement admis que sous certaines conditions et seulement jusqu'à un certain point : s'il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l'abri de tout spectacle indésirable. Quant au réel, s'il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs. » C'est ce que nous faisons collectivement avec le problème climatique. Nous lui demandons gentiment d'aller voir ailleurs si nous y sommes. Pourtant, il est plus que temps de prendre nos responsabilités et d'agir comme il se doit pour gérer cette grande crise à venir.

    La crise climatique qui nous attend va faire plus de dégâts que la pandémie à SARS-CoV-2. © statisticallycartoon
    La crise climatique qui nous attend va faire plus de dégâts que la pandémie à SARS-CoV-2. © statisticallycartoon

    Santé et climat : l'histoire d'une boucle rétroactive

    Au-delà des aspects légitimes de la lutte contre la crise climatique (perte de biodiversité, préservation des espaces de vie naturels, laisser un monde viable aux futures générations), il y a avant tout les répercussions sur la santé de nos contemporains. En effet, la crise climatique, dans les scénarios prévus par les modèles climatologiques, se traduira très probablement par des migrations massives, des productions agricoles torpillées (de la famine, pour le dire simplement), de la sécheresse et des ressources en eau manquantes, un accès difficile aux systèmes de santé, etc. Bref, un chaos dans l'illusion d'ordre que nous donnent à voir nos pays développés. 

    Un récent éditorial paru dans le British Medical Journal nous rappelle l'importance de cette urgence. Les auteurs (financés par The Wellcome Trust’s Our Planet) nous répètent, au cas où nous l'aurions oublié, que « cela fait environ 30 ans que des avertissements sont apparus pour la première fois dans des revues de premier plan sur le potentiel d'effets à grande échelle sur la santé humaine du climat et d'autres changements environnementaux mondiaux ». Récemment ce sont 11.000 scientifiques qui ont de nouveau déclaré l'urgence climatique.

    Ensuite, l'article précise que « la nécessité de protéger les systèmes naturels d'une importance cruciale est claire. De nombreux services fournis par la nature sont importants pour la sauvegardesauvegarde de la santé humaine et des moyens de subsistance ». En effet, si notre héritage cartésien nous pousse à vouloir devenir « comme maître et possesseur de la nature », peut-être devrions-nous réfléchir plus amplement aux conséquences de cette doctrine et tenter de nous adapter à cette nature ? Pas dans une adaptation passive sans technologies ni sciences, mais bien dans une adaptation active.

    « La pandémiepandémie de Covid-19Covid-19 nous rappelle que de nombreuses maladies émergentes résultent d'interactions complexes entre les humains, la faune et les animaux domestiques, résultant de changements dans l'utilisation des terres ou des systèmes alimentaires », précisent encore les auteurs. Si les pandémies sévissent depuis bien avant l'avènement de l'Anthropocène, l'exacerbation des changements climatiqueschangements climatiques et la réduction des espaces de vie des êtres vivants pourraient rendre le phénomène plus fréquent.

    Enfin, après avoir disserté sur les objectifs zéro émissionsémissions (rappelons à ce sujet que la pollution atmosphérique causerait 8,8 millions de morts prématurées chaque année), l'article conclut ainsi « Nous espérons que cette série d'articles suscitera débat et discussion, et stimulera davantage de recherches dans ce domaine critique, en particulier en mettant l'accent sur les solutions. Ce sera une occasion importante de rehausser le profil des liens entre le changement climatique et la santé, et de souligner les opportunités - dans divers secteurs - pour contribuer à la protection de la santé dans l'Anthropocène. »