Le satellite Envisat vient de fêter ses 10 ans, mais les informations fournies ne sont pas vraiment réjouissantes. La plateforme Larsen B, une étendue de glace située en Antarctique, aurait perdu 85 % de sa superficie en seulement 17 ans. Le réchauffement climatique est à nouveau en cause.

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    Notre planète est survolée en permanence par des satellites d'observation récoltant de nombreuses données sur l'atmosphère, les océans, les terres émergées ou encore sur les glaces. Envisat fut lancé en mars 2002 dans le cadre d'un programme de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Il embarque notamment un radar imageur à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture (Asar) permettant la réalisation de photographiesphotographies précises, y compris de nuit ou à travers des nuages.

    Peu de temps après son lancement, le satellite a eu l'occasion d'observer un effondrement impressionnant de la plateforme glaciaire Larsen B, i. e. un prolongement d'inlandsis en mer, en Antarctique. En moins d'un mois, près de 3.200 km² de glace se sont désintégrés à la suite de nombreuses instabilités mécaniques qui régnaient alors au sein de cette structure. Après bientôt dix ans d’observations, de nouveaux clichés récoltés en mars 2012 montrent que l'effondrementeffondrement des glaces en ce lieu s'est poursuivi dans le temps. Environ 1.790 km² d'étendues glaciaires ont à nouveau disparu. 

    Image radar des 3 parties de la plateforme Larsen, en Antarctique, prise par Envisat le 19 mars 2012. © Esa

    Image radar des 3 parties de la plateforme Larsen, en Antarctique, prise par Envisat le 19 mars 2012. © Esa

    La plateforme de Larsen B a perdu 85 % de sa surface

    La plateforme de Larsen se situe le long de la côte est de la péninsulepéninsule antarctique. Elle se divise en trois parties nommées A, B et C, qui ont chacune évolué différemment dans le temps. Les glaces de la région A ont disparu en 1995, bien avant la mise sur orbiteorbite d'Envisat. La zone C n'a quant à elle pas perdu de grandes surfaces en apparence mais des observations satellite montrent que l'épaisseur de la glace diminue et que les périodes de fonte en été s'allongent.

    Certains chiffres présentant la désintégration de la plateforme B ont été déjà donnés mais que représentent-ils par rapport à la surface totale du site ? En janvier 1995, Larsen B était recouverte par 11.512 km² de glace. Cette valeur a continuellement diminué dans le temps pour atteindre 6.664 km² en février 2002 et 3.463 km² en mars 2002. À ce jour, elle n'est plus que d'environ 1.670 km². Le calcul est vite fait, Larsen B a perdu 85 % de sa surface en seulement dix-sept ans !

    Une des premières photographies prises par Envisat après sa mise en orbite en 2002. La position relative de la plateforme Larsen B avait été étudiée auparavant par les satellites ERS-1 et ERS-2. Entre 1992 (ligne bleue) et 2002 (ligne jaune), la glace avait déjà reculé d'environ 100 km. © Esa

    Une des premières photographies prises par Envisat après sa mise en orbite en 2002. La position relative de la plateforme Larsen B avait été étudiée auparavant par les satellites ERS-1 et ERS-2. Entre 1992 (ligne bleue) et 2002 (ligne jaune), la glace avait déjà reculé d'environ 100 km. © Esa

    Le réchauffement climatique en cause

    La raison de ces disparitions est déjà connue : le réchauffement climatique. La péninsule antarctique a vu sa température moyenne augmenter de 2,5 °C au cours de ces cinquante dernières années. Or, comme le rappelle Helmutt Rott, de l'université d'Innsbruck, sur le site InternetInternet de l'Esa : « les plateformes de glaceplateformes de glace sont sensibles au réchauffement de l'atmosphère et aux changements de la température et des courants océaniques ».

    Envisat a déjà doublé sa duréedurée de vie initiale et devrait encore surveiller notre planète durant les deux prochaines années. Il sera alors remplacé par les 6 satellites Sentinelle car « des observations systématiques et à long terme sont nécessaires pour comprendre et modéliser les processus cryosphériques NDLRNDLR : gelgel et dégel des sols, évolution, épaisseur de glace, etc.] afin de faire progresser les capacités de prédiction de la réponse de la neige et de la glace face au changement climatiquechangement climatique », précise Helmutt Rott.