Le loup hante nos imaginaires et jouit d’une sombre réputation, celle d’une bête sanguinaire tapie dans l’ombre prête à égorger le badaud qui s’aventurerait trop loin dans les bois. Ces carnassiers se retrouvent à présent sur tout le territoire, et leur nombre augmente depuis quelques années. Font-ils peser une menace sur la population française ou le bétail ? Ont-ils pleinement leur place dans nos écosystèmes, et pourquoi ? Quels sont les autres grands prédateurs qui peuplent la métropole ? 


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    Un nouveau cas « d'attaque de loups » sur l'être humain a fait entendre parler de lui à la mi-février, ce qui a ravivé les questions sur le réel impact des grands carnivores en France. La confrontation entre un homme d'une cinquantaine d'années et un petit groupe de cinq loups relativement hostiles est survenue dans les Alpes-de-Haute-Provence, c'est la première fois que cela se produit depuis que le loup a fait son retour en France il y a environ 30 ans. Cette rencontre tendue a de quoi impressionner, mais personne n'en est sorti blessé et la meute a pu poursuivre son chemin sans causer de nouveau trouble. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter pour notre sécurité selon les services de l’Office français de la biodiversité (OFB), car ce cas exceptionnel est vraisemblablement dû aux reliefs escarpés qui entouraient le chemin où la confrontation a eu lieu.

    Les portées de loup gris (<em>Canis lupus</em>) sont composées de cinq à six petits en moyenne, elles sont choyées par les deux parents, et parfois par d'autres membres de la meute. © Johannes Eisele,<em> AFP, Archives</em>
    Les portées de loup gris (Canis lupus) sont composées de cinq à six petits en moyenne, elles sont choyées par les deux parents, et parfois par d'autres membres de la meute. © Johannes Eisele, AFP, Archives

    Comment se portent les populations de loups en France ?

    La population de loups continue d'augmenter dans l'Hexagone depuis les années 1990, elle était d'environ 921 individus répartis dans toute la France continentale au printemps 2022 selon l'OFB. Une bonne nouvelle ! Comme le souligne une étude menée par des chercheurs de l'Université de l'Oregon, la présence des grands prédateurs favorise la stabilisation des écosystèmes via des effets directs et indirects sur la faune et la flore, elle assure la régulation d'autres animaux, dont ceux parfois considérés comme « nuisibles », et participe ainsi à l'endiguement des zoonoseszoonoses d'origine sauvage.

    Malheureusement, si le loup se porteporte bien et a une dynamique de population positive, ce n'est pas le cas de tous les grands prédateurs. Le lynx par exemple pourrait être au bord de l'extinction ! La population de grands félins est en déclin dans toute l'Europe, et va vraisemblablement s'éteindre si rien n'est fait pour la préserver d'ici 30 ans. Seulement 150 lynx adultes sont dénombrés par une étude en France en 2023, et les analyses montrent que leur diversité génétiquegénétique est très faible. Ils repeuplent le pays depuis les années 1970 après avoir été exterminés au XVIIIe siècle, mais la population est restée trop faible pour devenir stable. Les prédateurs sont impactés par plusieurs facteurs : la destruction de leur habitat, le changement climatiquechangement climatique, mais aussi et surtout, le rapide développement socio-économique des sociétés humaines. 

    Le chacal doré (<em>Canis aureus</em>) pèse de 7 à 14 kilos, et est très endurant, il peut parcourir de très grandes distances. © <a href="https://www.inaturalist.org/users/1476120" target="_blank">Jan Ebr</a>, <em>Wikimedia Commons</em>
    Le chacal doré (Canis aureus) pèse de 7 à 14 kilos, et est très endurant, il peut parcourir de très grandes distances. © Jan Ebr, Wikimedia Commons

    L'espoir que suscite le retour des prédateurs 

    En plus des loups qui repeuplent notre territoire, un nouveau prédateur y a fait son apparition : le chacal doré. Ce canidé est plus connu dans l'est de l'Europe, et a migré naturellement vers l'ouest pour arriver en France il y a environ cinq ans. Récemment observé dans le Finistère mais encore rare, il est de taille intermédiaire entre le renard et le loup et ne représente pas de danger particulier pour les troupeaux. Le retour des grands carnivores en France signifie que les proies sont suffisamment abondantes pour nourrir ces animaux aux importants besoins métaboliques, et constitue un indice en faveur d'une augmentation de la biomassebiomasse et de la biodiversitébiodiversité d'animaux sauvages !