Une étude explique qu'il est nécessaire de relier tous les grands parcs nationaux entre eux par des corridors dédiés à la vie sauvage, pour permettre à la biodiversité de se renouveler et de migrer. Un problème aux États-Unis et Canada car les grands parcs nationaux sont cerclés d'autoroutes, de chemins de fer et de clôtures.


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    Les parcs nationaux américains ne sont pas assez grands pour jouer leur rôle de conservation des mammifères, c'est le constat d'une étude publiée dans Nature Scientific Reports. La bonne santé d'une espèce sur le long terme nécessite davantage de diversité aux niveaux des individus, et cela passe par des migrations.

    Même sans clôture, les parcs nationaux deviennent des zoos

    Les quelques centaines de kilomètres carrés qu'occupe chacun des grands parcs américains ne sont pas suffisants. Car, si les touristes apprécient la multitude d'animaux visibles dans les grands parcs naturels de l'ouest américain, la surpopulation de certains mammifères pose un problème. Les parcs nationaux, cloisonnés au milieu d'une Amérique qui se développe chaque jour un peu plus, se transforment désormais en zoos : bien qu'il n'y ait pas de clôture pour retenir les animaux dans ces espaces protégés, de nombreuses espèces ne peuvent quasiment plus en sortir.

    Certaines maladies se propagent plus facilement, les sources de nourriture s'appauvrissent et la reproduction devient de plus en plus consanguine. Les parcs sont ce que les naturalistes appellent des « îles isolées » au milieu de la civilisation, or beaucoup de grands mammifères ont besoin de se déplacer sur des centaines, voire des milliers, de kilomètres par an.

    Les bisons de Yellowstone sont comme cloisonnés en raison des nombreuses routes qui entourent le parc. © 12019, Pixabay
    Les bisons de Yellowstone sont comme cloisonnés en raison des nombreuses routes qui entourent le parc. © 12019, Pixabay

    Créer des passages pour la vie sauvage est nécessaire

    La solution ? Relier ces parcs nationaux américains et canadiens par des corridorscorridors, ou couloirs. Or, cela est actuellement loin d'être possible en raison des autoroutes qui entourent ces espaces naturels mais aussi touristiques, mais aussi à cause de l'urbanisation qui gagne chaque année du terrain. En plus de faciliter une plus grande mixité des individus, favorable à la reproduction, ces corridors pourraient aussi permettre aux espèces qui ne supportent pas les conséquences du réchauffement climatiqueréchauffement climatique de migrer vers un autre lieu de vie, plus au nord.   

    Les ours se déplacent sur des centaines de kilomètres et sont souvent victimes de collisions sur les routes et chemins de fer au Montana et Wyoming. © everydaywanderer, Pixabay
    Les ours se déplacent sur des centaines de kilomètres et sont souvent victimes de collisions sur les routes et chemins de fer au Montana et Wyoming. © everydaywanderer, Pixabay

    Si de faibles couloirs de migration existent déjà entre les grandes zones naturelles d'Amérique du Nord, ils sont de plus en plus interrompus ou perturbés par les activités humaines : chemins de ferfer, routes, clôtures, et banlieues qui s'agrandissent, causent la mort de beaucoup d'animaux pendant leurs déplacements. Pour les experts, les plus importants corridors à remettre en place en priorité sont ceux qui relient le parc Yellowstone (Wyoming/Montana) à celui du Glacier (Montana, limite Canada), mais aussi entre celui du Mont Rainier (Washington) et North Cascades (Washington). Recréer des liens entre ces parcs permettrait de multiplier par 4 les chances de survie des grands mammifères, comme les ours et les loups.

    Un exemple de pont dédié à la vie sauvage au Montana. © <em>Montana Department of transportation</em>
    Un exemple de pont dédié à la vie sauvage au Montana. © Montana Department of transportation

    Pour autant, il n'est pas question de remettre en cause la présence des autoroutes : il suffirait simplement de construire davantage de ponts et de tunnels écologiques pour la vie sauvage, comme le fait déjà le Canada autour du parc Banff, mais beaucoup moins les États-Unis. Cependant, cela ne sera toujours pas suffisant, et il faudra trouver d'autres solutions en plus, précisent les chercheurs.