La déforestation par les incendies en Amazonie a des conséquences catastrophiques sur les espèces animales et végétales. Pour chaque tranche de 10.000 km2 de forêt qui subit un incendie, 27 à 37 espèces végétales et 2 à 3 espèces de vertébrés supplémentaires sont impactées.


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    Entre 2001 et 2020, entre 103.000 et 190.000 kilomètres carrés de la forêt amazonienne ont été touchés par les incendies de forêt, affectant des milliers d'espèces animales et végétales, révèle une nouvelle étude parue dans Nature. Une superficie équivalente à 2,5 fois la région Occitanie. Les chercheurs ont examiné l'impact de ces feux de forêt sur plus de 11.000 espèces de plantes et 3.000 espèces de vertébrés présents dans la forêt amazonienne. Ils ont calculé que 64 % d'entre elles ont été fragilisées par ces incendies, parfois de façon conséquente. « On note 263 à 700 espèces pour lesquelles plus de 10 % de leur aire de répartition a disparu », estiment les chercheurs. Pour chaque tranche de 10.000 km2 de forêt qui subit un incendie, 27 à 37 espèces végétales supplémentaires et 2 à 3 espèces de vertébrés sont impactées.

    Des espèces menacées à l’habitat plus réduit

    Le chiffre est encore plus impressionnant pour les espèces classées comme menacées : entre 77 et 85 % ont été touchées par les incendies. Cela est dû au fait que cette catégorie d'espèces occupe souvent une aire de répartition restreinte : la destruction des habitats peut alors directement les conduire à la disparition ou à réduire encore plus la taille de leur territoire. De plus, au fur et à mesure que les incendies pénètrent loin dans la forêt, le nombre d'espèces confrontées pour la première fois aux feux de forêt augmente. Or, « comme les espèces amazoniennes ont largement évolué en l'absence de feufeu, elles manquent généralement d'adaptation aux dommages liés aux incendies », alerte Xiao Feng, biogéographe à l'université de Floride et principal auteur de l'étude.

    Le nombre d’espèces touchées par les incendies de forêt grandit d’année en année. © Xiao Feng et <em>al., Nature</em>, 2021
    Le nombre d’espèces touchées par les incendies de forêt grandit d’année en année. © Xiao Feng et al., Nature, 2021

    Des incendies volontaires en forte augmentation depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro

    Les incendies de forêt ne sont pas tous d'origine naturelle. De nombreux feux sont ainsi volontairement allumés par les agriculteurs afin de faire place nette pour permettre la culture de sojasoja ou exploiter les pâturages pour le bétail. Cette politique, qui avait été limitée par une série de lois en 2009, a repris de plus belle à partir de 2019 avec l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, un président qui ne se montre pas particulièrement préoccupé par les questions environnementales. Ainsi, entre janvier et août 2019, 73.000 incendies ont été enregistrés au Brésil, dont la moitié dans la forêt amazonienne, soit une augmentation de 60 % par rapport aux trois années précédentes. Et les choses ne se sont pas arrangées en 2020, avec plus de 100.000 incendies détectés en Amazonie durant l'année selon l'Institut national de recherches spatiales (INPE).

    Le saviez-vous ?

    Le bassin amazonien abrite environ 40 % des forêts tropicales du monde. L’Amazonie concentre 10 % de toutes les espèces connues et jusqu’à 1.000 espèces d'arbres peuvent être trouvées dans un seul kilomètre carré de forêt.

    Une perte de 20 à 25 % des forêts amazoniennes pourrait précipiter une transition rapide vers une végétation de type savane

    Ces incendies volontaires ont des conséquences catastrophiques sur la biodiversité. « Les incendies associés à la déforestation entraînent généralement une perte totale d'habitat forestier, et le brûlage de la végétation nuit à la régénération et facilite l'invasion de graminéesgraminées exotiquesexotiques, explique Xiao Feng. La déforestation [par brûlage, ndlr] accroît l'inflammabilité des forêts restantes en augmentant la densité des lisièreslisières, les températures locales et en réduisant les précipitationsprécipitations. La perte continue du couvert forestier et de la biodiversité pourrait ruiner la résiliencerésilience des écosystèmesécosystèmes et accélérer un point de basculement irréversible. Une perte de 20 à 25% des forêts amazoniennes pourrait précipiter une transition rapide vers une végétation de type savane », conclut le chercheur.

    En réponse à cette catastrophe, le gouvernement brésilien a proposé en février dernier de sous-traiter la protection de la forêt amazonienne à des sociétés privées. Le groupe français Carrefour s'était ainsi associé au programme en s'engageant à verser 600.000 euros par an pour financer la protection de 75.000 hectares dans l'État de Rondônia. Cette politique sera-t-elle efficace ? Rien n'est moins sûr.

     

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