Dans le cadre de son partenariat avec l'Association Interprofessionnelle de la Betterave et du Sucre, Futura Sciences consacre une série d'articles à la culture et la transformation de la betterave sucrière. À l'occasion de la Journée internationale des femmes, Futura Sciences dresse le portrait d'une agricultrice qui a eu une autre vie professionnelle avant de reprendre les rênes de l'exploitation familiale dans le Nord.


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    Bérengère Chombart est fille d'agriculteur et, depuis sept ans, agricultrice elle-même. Elle est pourtant passée par d'autres chemins avant d'opérer ce retour aux sources. Avant sa reconversion professionnelle dans le monde agricole, elle a en effet effectué cinq années d'études après son baccalauréat, dans une école de commerce de Lille. Elle a ensuite travaillé durant quinze années en entreprise au cours desquelles elle s'occupait de contrôle de gestion, d'audit, de marketing, de communication et de gestion de projets. C'est en 2015 qu'elle a décidé de reprendre l'exploitation familiale en périphérie de Lille après avoir obtenu un diplôme agricole par une formation à distance. Ce souhait de reconversion, elle l'explique par plusieurs raisons.

    Bérengère souhaitait être son propre chef

    La première est que Bérengère souhaitait être son propre chef et gérer son entreprise. La seconde est que cette reconversion est encouragée par l'évolution du monde agricole et particulièrement par l'émergence de nouvelles technologies qui apportent une aide significative aux agriculteurs et agricultrices.

    Les tracteurs sont maintenant équipés de GPS. © kinwun, Adobe Stock
    Les tracteurs sont maintenant équipés de GPS. © kinwun, Adobe Stock

    Les tracteurs sont par exemple maintenant équipés de GPSGPS. Les Outils d'Aide à la Décision et les stations météorologiques permettent d'améliorer les pratiques agricoles et de mieux gérer les activités dans les champs en fonction des conditions climatiques parfois capricieuses. La troisième des raisons est un mélange d'histoire, de transmission, de tradition et d'envie.

    Un apprentissage toujours en cours

    Bérengère dirige une exploitation moyenne en périphérie de la ville de Lille. En raison de cette localisation, elle subit la pressionpression foncière avec le développement de l'urbanisation. Son exploitation agricole comprend 65 hectares, sur lesquels sont cultivés du blé, des betteraves sucrières, du maïsmaïs et des pommes de terre, qui figurent parmi les cultures historiques de l'exploitation. Ces cultures, Bérengère apprend à s'en occuper seule et sait qu'elle peut compter sur l'aide de son père pour se former au quotidien.

    Bérengère Chombart cultive notamment des betteraves sucrières qui sont transformées pour faire du sucre, de l'alcool, du bioéthanol (biocarburant) mais aussi de la pulpe pour l'alimentation animale. © Semmy Demmou 
    Bérengère Chombart cultive notamment des betteraves sucrières qui sont transformées pour faire du sucre, de l'alcool, du bioéthanol (biocarburant) mais aussi de la pulpe pour l'alimentation animale. © Semmy Demmou 

    L'agronomie ne s'apprend en effet que sur le terrain et avec le temps. Il y a aussi parfois des difficultés physiquesphysiques liées aux activités nécessitant beaucoup de force pour lesquels elle a besoin d'un coup de main. Depuis qu'elle a repris l'exploitation, l'agricultrice a pourtant acquis une force physique qu'elle n'avait pas eu à développer pendant les années où elle travaillait dans un bureau. Au fur et à mesure des années passées à la tête de l'exploitation, Bérengère espère bien pouvoir acquérir la force et la technique qui lui manquent encore pour être finalement totalement indépendante. En attendant, elle profite aussi de l'expérience et des conseils de son père dans la gestion de l'exploitation.

    Loin de la monotonie

    Ce qu'elle aime dans son métier, c'est la liberté dans la gestion de son emploi du temps, qui lui permet par exemple de concilier son métier et sa vie de famille. Elle explique aussi que dans son quotidien, « aucune journée ne se ressemble ». En hiver, son emploi du temps est plus calme et rythmé par les journées courtes. Il est partagé entre des réunions, des formations, l'entretien et la réparation du matériel et les tâches administratives et comptablescomptables.

        Aucune journée ne se ressemble 

    Au printemps, le rythme est plus soutenu car il s'agit de la période des semis et des plantations, qui doivent être terminés avant que la saison n'y soit plus propice. Les mois suivants sont consacrés à l'entretien des cultures, qui consiste principalement au suivi et à la protection contre les maladies ainsi qu'à la fertilisation. Les premières récoltes ont lieu à la fin du mois de juillet (blé) et peuvent durer jusqu'au mois de décembre pour les betteraves.

    Les récoltes, ici de pommes de terre, rythment la seconde partie de l'année. © Alex Traveler, Adobe Stock
    Les récoltes, ici de pommes de terre, rythment la seconde partie de l'année. © Alex Traveler, Adobe Stock

    Un métier difficile mais un beau métier

    « Pour se lancer dans l'exploitation agricole, il vaut mieux être tombé dedans petit ou au moins avoir étudié dans une école agricole car ce métier est difficile et l'image qu'il revêt auprès du grand public n'est pas toujours conforme à la réalité », avoue Bérengère. Elle met notamment en garde contre les envies soudaines de changement de vie survenues au cours de la pandémiepandémie, qui impliquent que des citadins veulent se lancer dans l'agricultureagriculture ou l'élevage à la campagne. Elle aime son métier et ses avantages qui lui procurent beaucoup de satisfaction, et ajoute « on vit au rythme de la nature et des saisons, on nourrit les gens grâce au fruit de notre travail. On voit nos cultures pousser et grandir jusqu'à la récolte ».

    Les gelées tardives. © nordroden, Adobe Stock
    Les gelées tardives. © nordroden, Adobe Stock

    Les difficultés que Bérengère traverse, comme de nombreux autres agriculteurs et agricultrices, incluent la forte augmentation des aléas climatiques. L'agricultrice donne l'exemple inhabituel de l'épisode de gelgel en avril 2021 qui a ravagé de nombreuses cultures, des grosses pluies et d'inondationsinondations suivies par des sécheressessécheresses ainsi que de la disparition des hivers marqués par de longues périodes de gel.

    Une femme... et alors ?

    Si la figure de l'agricultrice demeure plus rare que celle de l'agriculteur, Bérengère assure que le milieu dans lequel elle évolue ne lui a jamais fait sentir de pression masculine ni être la cible de critiques particulières. De plus, la présidence de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) est assurée par une femme ce qui, selon Bérengère Chombart, « prouve qu'on a tout à fait notre place dans ce métier ». L'agricultrice est par ailleurs impliquée à l'échelle départementale dans son activité agricole et est adhérente de la Confédération Générale des planteurs de Betterave (CGB). Elle est membre du conseil d'administration de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA 59)et est vice-présidente de la commission des agricultrices du Nord (59). Dans le cadre des réunions entre agricultrices, certes bouleversées par la pandémie, elle discute notamment de l'actualité agricole et visite les exploitations de collègues féminines.

    Article réalisé en partenariat avec AIBS