Avec Le Maître du Haut château, Philip K. Dick revisite l'histoire, au lendemain de la seconde guerre mondiale — dans un genre littéraire appelé « l'uchronie », une réécriture prenant pour point de départ des faits historiques mais aux conséquences différentes — et en livre un récit cauchemardesque. Ce chef d'œuvre a reçu le prix littéraire américain, le Hugo, en 1963. Les nombreuses nouvelles de ce maître du genre ont l'objet d'adaptations cinématographiques, devenues à leur tour, films cultes.


au sommaire


    Découvrez le

    résumé du livre

    Image du site Futura Sciences

    Dans une réalité alternative, le monde aurait été conquis par l'Allemagne et le Japon lors de la seconde guerre mondiale. Les États-Unis ont vu la culture américaine péricliter et être absorbée par leurs nouveaux maîtres, les Japonais. Les destins de plusieurs personnages vivant la situation politique actuelle au quotidien se croisent. 

    Robert Childan s'est spécialisé dans le business d'authentiques artefacts américains. Il se sait désormais en bas de la chaîne sociale en tant que « blanc », mais il a su se créer une vie confortable. Cependant, les choses se compliquent lorsqu'il réalise qu'un vieux colt de collection qu'il tente de vendre est en fait une contrefaçon. Sa réputation se trouve compromise. Mais qui a bien pu lui vendre cet article contrefait ?

    Frank Frink travaille dans une usine de métallurgie américaine. Très doué de ses mains, il est principalement employé pour fabriquer des articles typiques, mais contrefaits, de la culture américaine, comme des colts. Récemment divorcé, il commence à remettre en question ses choix de vie. Il prend la décision de quitter son travail actuel pour monter avec un associé une affaire de création de bijoux aux designs originaux. Mais un terrible secret l'accable : Frank est juif.

    M. Tagomi, un entrepreneur japonais, a rendez-vous pour une affaire très prometteuse mais délicate, avec un certain M. Baynes, un commercial suédois. Pour mettre son client dans de bonnes dispositions, il achète chez Robert Childan un cadeau onéreux et a même dépêché un assistant parlant couramment suédois. Mais M. Baynes ne comprend pas un traître mot de cette langue. Serait-il en fait un espion nazi ?

    Juliana Frink, l'ex-femme de Frank, s'est installée dans une petite bourgade où elle enseigne l'auto-défense. Elle y fait la connaissance d'un mystérieux routier. Celui-ci lui montre Le poids de la SauterelleSauterelleun livre interdit dans les pays sous domination nazie, et qui se passe sous le manteaumanteau un peu partout. Ce livre raconte comment serait le monde si l'Allemagne avait perdu la seconde guerre mondiale. Selon la rumeur, son auteur, Hawthorne Abendsen, vivrait reclus dans une véritable forteresse par crainte de ses détracteurs. On le surnomme le Maître du Haut Château.

    Comprendre la

    mythologie

    • Le Yi King : Le livre des transformations est un ouvrage popularisé  par les Japonais sur le sol américain. Écrit plusieurs milliers d'années avant la Bible, il est un guide dans la vie de tous les jours et s'est implanté dans les mœurs. Il est le fil réel qui relie tous les protagonistes de ce roman.
    • La conquête de Mars :  tandis que le monde essaie encore de trouver son équilibre après-guerre, l'Allemagne s'est lancée dans une ambitieuse et coûteuse politique de conquête spatiale afin de prouver une fois encore la supériorité aryenne. Certains raillent ce projet pensant qu'ils seraient capables de trouver des juifs sur Mars.
    Image du site Futura Sciences
    Les rues des grandes villes américaines sont désormais parsemées d'écriteaux japonais, langue de la nouvelle culture dominante de ce pays. © KaterinaZizlavska, Fotolia

    analyse

    Le nouveau visage du monde

    Le roman de Philip. K. Dick tente de montrer la globalité des changements qui se seraient opérés dans une société dominée par la folie nazie : assèchement de la Méditerranée pour augmenter la surface des terres arablesterres arables, folle politique spatiale, paranoïa et racisme omniprésent et permanent, jusqu'à la transformation du continent africain en un immense camp d'extermination. La déraison et la démesure sont ici les maîtres-mots de la politique allemande.

    A contrario, l'auteur fait aussi l'apologie du bienfait des apports japonais dans la culture occidentale, leur respect des règles rendant les institutions fiables et les crimes peu fréquents. Leur philosophie, avec le Yi King, apportant un certain équilibre mental à tous. Mais le racisme y reste profondément ancré et leurs codes sociaux sont étouffants.

    La symbolique du miroirmiroir est également présente : un livre qui parle d'un monde où un livre parle de notre monde. Toujours dans le thème du miroir, cette fois inversé, ce sont les blancs qui sont ici victimes de racisme, et ceux-ci en viennent à jalouser leurs occupants japonais pour la finesse de leurs traits orientaux et leur teint de peau. Problématique de notre monde actuel où certaines minorités sont parfois tentées de blanchir leur peau à grand renfortrenfort de produits nocifs pour atteindre un certain idéal esthétique. Philip K. Dick nous donne ici matièrematière à réfléchir sur notre manière d'aborder le racisme dans notre propre culture.