Le site Motherboard de Vice publie des parties du code de l'application de messagerie chiffrée Anom. Elle était secrètement gérée par le FBI afin de surveiller le crime organisé à l'échelle mondiale.


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    L'année dernière, le FBI et 15 autres agences internationales avaient mis en place une opération baptisée TrojanTrojan Shield. Après la chute de téléphones et messageriesmessageries ultra-sécurisées comme EncroChat et Sky ECC, les réseaux de criminels s'étaient tournés massivement vers une société de téléphonie chiffrée appelée Anom. Ce que ne savaient pas leurs utilisateurs, c'est que c'était le FBI qui se cachait derrière cette entreprise. Le coup de filet avait été énorme, puisque plus de 1.000 membres issus de 300 groupes criminels avaient été interpellés. Aujourd'hui, on en sait plus sur le fonctionnement de l'applicationapplication de messagerie chiffrée utilisée sur plus de 12.000 mobilesmobiles. Le site Motherboard de Vice a décompilé l'application Anom pour obtenir le code qui a permis de mettre sur écoute l'ensemble des criminels.

    Un piège à base de code en open source

    Pour passer outre la communication chiffrée, le code venait dupliquer les messages et les transférait à un contact fantôme dissimulé dans le carnet d'adresses de l'utilisateur. Ce contact n'était rien d'autre que le FBI. Le code ajoutait également un relevé GPS aux messages transmis, ce qui permettait de géocaliser l'endroit à partir duquel le message avait été envoyé. Et quand le relevé n'était pas précis, les éventuelles photos partagées par les interlocuteurs permettaient de lever le doute. Ce qui reste surprenant c'est que le code employé provient d'une messagerie en open source. Cela signifie que ce sont des développeurs qui n'appartiennent pas au FBI qui ont créé ce code. Mais il faut dire que Anom existait avant que le FBI ne s'implique secrètement dans sa gestion et que les développeurs maison qui n'étaient pas au courant ont travaillé sans le savoir sur un code destiné à espionner les criminels.


    Une application de messagerie fait tomber des centaines de criminels

    Article de Edward BackEdward Back, publié le 8 juin 2021

    Depuis deux ans, le FBI gérait une messagerie chiffrée très utilisée par les criminels. Grâce aux messages interceptés, les autorités de 16 pays ont pu lancer un vaste coup de filet mondial pour arrêter 800 suspects.

    Les polices de 16 pays viennent de réussir l'opération « la plus sophistiquée au monde » contre les réseaux criminels. Quelque 800 suspects appartenant à la mafia, aux gangs de motards, aux réseaux de trafic de stupéfiants et bien d'autres ont été arrêtés à travers le globe. L'opération a été baptisée Trojan Shield (« Bouclier de Troie »), ou Ironside en Australie.

    Le coup de filet a été rendu possible grâce à Anom, un système d'appareils spéciaux contenant une messagerie chiffrée, qui s'échangeaient sur le marché noir pour environ 2.000 dollars. Loin de garantir des échanges sécurisés, les serveurs étaient en réalité gérés par le FBI qui s'en servait pour espionner les réseaux criminels depuis 2019. Les autorités ont ainsi eu accès à 27 millions de messages échangés entre malfaiteurs.

    Le FBI gérait un réseau de 12.000 appareils chiffrés aux mains des criminels

    Anom avait gagné en popularité après que les autorités avaient démantelé les messageries EncroChat et Sky ECC, et offrait des fonctions comme la possibilité d'effacer le contenu de l'appareil à distance ou de mettre en place un mot de passe spécial, que le propriétaire peut donner sous contrainte au lieu du mot de passe réel pour activer une fonction qui avertit ses contacts. Au total, il y avait plus de 12.000 appareils en circulation, appartenant à 300 syndicats criminels dans une centaine de pays.

    Les autorités ont perquisitionné plus de 700 résidences, et saisi plus de 8 tonnes de cocaïne, 2 tonnes d'amphétamine et méthamphétamine, 22 tonnes de cannabiscannabis, 250 armes à feufeu et 48 millions de dollars en liquideliquide et cryptomonnaies. L'opération est le fruit d'une coopération entre 16 pays, dont des pays européens, les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.