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    La définition du roi comme seigneur apparaît au moment de son sacre, dans le matériel chevaleresque qui lui est remis (l'épée et les éperons) avec la formule : « Le roi ne tient son royaume que de Dieu et de son épée ». Le royaume devient un bien privé que le monarque reçoit par hérédité et sur lequel il exerce son plein pouvoir.

    Le roi est souverain, c'est-à-dire que lui seul peut reconnaître les droits attachés à une terre, à une ville, à une province ou encore à un individu exerçant une fonction au nom du roi. Il admet ainsi un fractionnement de la puissance publique et l'utilise finalement comme pièce maîtresse de la société de privilèges.

    L'épée du sacre dite de Charlemagne ou Joyeuse (pommeau du XI<sup>e</sup> siècle). Trésor de l'abbaye de Saint-Denis, musée du Louvre, département des arts décoratifs. © Musée du Louvre, Wikimedia Commons, domaine public
    L'épée du sacre dite de Charlemagne ou Joyeuse (pommeau du XIe siècle). Trésor de l'abbaye de Saint-Denis, musée du Louvre, département des arts décoratifs. © Musée du Louvre, Wikimedia Commons, domaine public
    Éperons du sacre des rois de France. © Musée du Louvre, Wikimedia Commons, domaine public
    Éperons du sacre des rois de France. © Musée du Louvre, Wikimedia Commons, domaine public

    Symbolisé par la main de justice et le dais lors de la cérémonie du sacre, le roi détient le pouvoir de juge suprême. Lorsque le roi fait régner l'ordre et la justice, il agit comme Dieu et la loi royale se confond avec la loi divine. Elle suggère l'idée de principes supérieurs à la volonté du monarque, ce sont les lois dites fondamentales.

    Les lois fondamentales

    Elles sont au nombre de trois et fixent les règles d'accession au trône de France :

    • la primogéniture mâle : la fonction monarchique est indivisible et déléguée héréditairement, de mâle en mâle, à la lignée régnante par ordre de naissance, à l'exclusion des femmes et de leur descendance. Elle inclut la loi « salique » qui interdit la succession au trône par les femmes ;
    • le roi est majeur à treize ans révolus (depuis une ordonnance royale de 1374) ;
    • le roi est catholique.

    La loi salique permet par exemple à Philippe VI de Valois, neveu du roi Philippe IV le Bel, de monter sur le trône de France en 1328 à la place du prétendant masculin le plus direct, le roi d’Angleterre Edouard III, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle. La loi salique impose aux rois un ordre de succession qu'ils ne peuvent pas modifier ; c'est la notion de royaume immuable et indépendant de la personne du roi.

    Sceptre de Charles V représentant Charlemagne assis sur un lys : utilisé pour tous les sacres sauf pour Charles VII et Henri IV, jusqu'à Charles X en 1825. © Musée du Louvre, Wikimedia Commons, domaine public
    Sceptre de Charles V représentant Charlemagne assis sur un lys : utilisé pour tous les sacres sauf pour Charles VII et Henri IV, jusqu'à Charles X en 1825. © Musée du Louvre, Wikimedia Commons, domaine public

    L’évolution vers la monarchie absolue

    Dès le XVIe siècle, de nouvelles formules s'élaborent pour préciser la notion de monarchie absolue et finissent par consolider la théorie de l'absolutisme de droit divin (qui resplendira sous Louis XIV).

    • L'unification des deux corps du roi : le corps mortel du roi et le corps immortel du royaume fusionnent dans la personne du souverain ; on retrouve ce principe dans la maxime : « Le roi ne meurt jamais ».
    • La souveraineté est absolue : c'est le juriste Jean Bodin qui pose la notion de souveraineté absolue en 1576, durant la période de guerres de religion. Il estime que la souveraineté est « la puissance absolue et perpétuelle » et qu'elle ne peut appartenir qu'à une personne. Tous les hommes doivent se soumettre à la loi du roi. En 1632, un autre juriste français, Cardin Le Bret, parvient à cette définition très concise : « La souveraineté n'est pas plus divisible que le point en géométrie ».
    • Le droit divin des rois : dans un monde où tout vient de Dieu, les rois déclarent d'abord n'avoir de compte à rendre qu'à Dieu puis prétendent être l'image de Dieu aux yeuxyeux des hommes. Le droit divin des rois de France s'est certainement construit par imitation de l'exemple pontifical. Les Jésuites (Compagnie de Jésus fondée en 1540) s'opposent à ce développement qu'ils jugent sacrilège et vont jusqu'à justifier le régicide si le monarque se comporte comme un tyran.