Avec Quantum, Eutelsat et Airbus Defence and Space réalisent un satellite capable de desservir n'importe quelle région du Globe et d'adapter sa mission aux besoins des clients. Une première dans l'industrie des satellites de télécommunications commerciaux. Les explications avec Yohann Leroy, directeur technique d’Eutelsat.

au sommaire


    Avec Eutelsat Quantum, le « domaine des télécommunications par satellite pourrait bien connaître une petite révolution », nous explique Yohann Leroy, directeur technique d'Eutelsat. Ce futur satellite est le premier d'une nouvelle génération d'appareils entièrement reprogrammables par logiciellogiciel et conçus « pour être flexibles pendant toute leur vie, en s'adaptant en permanence aux conditions du marché ou aux besoins des clients qu'ils servent ».

    En permettant aux clients des segments de la mobilité, des services aux gouvernements et des données de définir et de configurer la performance et la zone de couverture du satellite en fonction de leurs besoins, « Eutelsat Quantum ouvre une nouvelle ère dans l'histoire des satellites commerciaux ». Dit autrement, ce satellite est conçu pour s'adapter aux besoins de ses clients tout au long de sa durée de vie, « ce qui, aujourd'hui, n'est pas le cas ». En effet, actuellement, les satellites de télécommunications sont lancés pour « couvrir une zone géographique déterminée et fonctionner avec une même fréquence prédéfinie tout au long de la durée de leur vie opérationnelle ».

    Concrètement, de nombreux paramètres de la charge utile d'Eutelsat Quantum seront reconfigurables depuis le sol. Ainsi, l'opérateur du satellite pourra, selon ses besoins, « adapter à distance, en temps réel, ses principaux paramètres : zone de couverture, fréquences, débitdébit, puissance... ». Il s'agira également du « premier satellite capable de desservir, plusieurs fois au cours de sa vie et sans changer de position orbitale, plusieurs régions du Globe », alors que d'habitude les satellites de télécommunications couvrent une zone prédéfinie.

    Eutelsat Quantum sera lancé en 2019. © Airbus DS

    Eutelsat Quantum sera lancé en 2019. © Airbus DS

    Vers une industrialisation plus poussée des satellites 

    Ce satellite répond à des besoins commerciaux et industriels. Commerciaux dans la mesure où Eutelsat Quantum permet une « très grande adaptabilité sur des marchés qui sont, par nature, incertains, où la demande peut varier et connaître des pics et des creux d'activité et des changements de localisation géographique ».

    Ainsi, là où il fallait deux ou plusieurs satellites pour gérer une demande variable dans le temps comme dans l'espace, « un seul suffira demain ». Une compagnie de paquebots peut utiliser Eutelsat Quantum pour fournir un internetinternet haut débit à ses clients quand ses bateaux « croisent en Méditerranée l'été et l'hiverhiver dans les Caraïbes ». Lors de catastrophes naturellescatastrophes naturelles, Eutelsat Quantum viendra « renforcer de façon temporaire les capacités satellitaires existantes ou recréer des liens télécoms ». Autre exemple : des forces armées en intervention dans un pays étranger, sous l'égide de l'ONU, utiliseront Eutelsat Quantum en prévision d'un surcroît de trafic de télécommunications. Eutelsat imagine aussi des débouchés dans le domaine de la sécurité, civile comme militaire, « quand il faut bouger d'un théâtre d'opération à un autre ». On peut aussi imaginer qu'émergentémergent d'Eutelsat Quantum de nouveaux services et applications.

    Pour Eutelsat, ce satellite est aussi le « premier d'une nouvelle génération [...] qui ouvre la voie vers une industrialisation plus poussée des satellites ». C'est-à-dire qu'il permet de repenser la façon dont ces derniers sont construits, en passant d'un « modèle artisanal de haute technologie, à un modèle de production en mini-série, voire en série ». Pour cela, Eutelsat Quantum utilisera des composants génériques, disponibles sur étagères, ce qui permettra d'abaisser les délais et les coûts de production.

    Ce satellite sera construit au Royaume-Uni par Airbus Defence and Space, qui s'appuiera sur une nouvelle plateforme élaborée par sa filiale, Surrey Satellite Technology Ltd. Certaines des technologies présentes seront développées avec le soutien de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA). Ce satellite sera lancé en 2019.


    En bref : un satellite de télécommunications... à tout faire

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 13/07/2015

    Il s'appellera Quatum et devrait être le premier satellite reconfigurable en orbite. Si la demande du client change ou si le marché évolue, ce satellite de télécommunications sur lequel travaille Airbus Defence and Space pourra être reprogrammé depuis le sol. Fréquences, bande passantebande passante et couverture pourront être ainsi modifiées par voie logicielle.

    L'industrie spatiale est un environnement actif et changeant, avec par exemple plus de mille satellites à lancer dans les prochaines années. Les acteurs du domaine doivent donc s'adapter en permanence, comme le montre la conception de la future Ariane 6, et c'est tout aussi vrai pour les satellites de télécommunications. Après Ka-Sat, un satellite pour recevoir Internet partout, AlphaSat, le satellite de télécommunications commerciales sophistiqué et travaillé sur le satellite électrique, Airbus Defence and Space étudie un satellite reconfigurable en orbite.

    Quantum, c'est son nom, sera en effet capable de s'adapter à de nouvelles demandes en matièrematière de couverture, c'est-à-dire qu'il couvrira n'importe quelle région du Globe, de bande passante, de puissance, de configuration de fréquence et de changement de position orbitale. Jusqu'ici, pour répondre à de telles évolutions des besoins du client, il fallait lancer un nouveau satellite.

    Équipé d'antennes-réseau à commande de phase et d'une connectivité flexible, totalement reconfigurables en orbite par voie logicielle, Quantum pourra ajuster sa couverture et sa capacité à volonté, explique Airbus DS dans son communiqué de presse. Ce satellite sera réalisé dans le cadre d'un partenariat public privé avec l'Agence spatiale européenne et Eutelsat, l'opérateur de satellite européen qui l'opérera et le commercialisera.