Cent-cinquante tonnes ! C’est le poids incroyable des différentes dalles de pierre recouvrant le dolmen de Menga, en Espagne. Une nouvelle étude révèle les incroyables moyens techniques qui ont été nécessaires à la construction de ce qui est aujourd’hui l’une des structures les plus impressionnantes du Néolithique et le monument le plus colossal datant de cette période en Europe.


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    Construit il y a environ 5 700 ans, le dolmen de Menga est situé en Andalousie sur la commune d'Antequera. Il se compose d'une chambre funéraire recouverte de 5 imposantes dalles de pierre pesant chacune environ 150 tonnes. Ces dalles, dont la plus grande mesure 6 mètres sur 7, sont soutenues par 3 piliers centraux. L'ensemble de la structure mesure 25 mètres de long pour 4 mètres de hauteur. Comme la plupart des dolmens, elle est recouverte d'un tumulus de terre. Fait notable, les rayons du Soleil éclairent directement l'intérieur de la chambre funéraire au moment de l'équinoxeéquinoxe d'été. Pour l'ensemble de ces caractéristiques, le dolmen de Menga fait désormais partie des sites de l’Unesco.

    Le dolmen de Menga en Espagne est la plus imposante structure mégalithique d'Europe. © Pedro J Pacheco, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    Le dolmen de Menga en Espagne est la plus imposante structure mégalithique d'Europe. © Pedro J Pacheco, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Il faut rappeler que ces constructionsconstructions mégalithiques préhistoriques typiques de la période néolithique étaient dédiées à l'inhumation des morts. De tailles très diverses, ces sépulturessépultures pouvaient accueillir un ou plusieurs corps. Le dolmen de Menga, lui, en aurait abrité plusieurs centaines.

    Le dolmen de Menga. © Manfred Werner, <em>Wikimedia Commons</em>, GNU FDL
    Le dolmen de Menga. © Manfred Werner, Wikimedia Commons, GNU FDL

    Un chantier colossal où rien n’a été laissé au hasard

    Nul doute que les moyens nécessaires à la construction de cette sépulture ont été colossaux et ont demandé la mise en œuvre de véritables capacités techniques et intellectuelles. Une nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports révèle ainsi la nature et la provenance des dalles massives utilisées pour sa construction. Les scientifiques montrent que les blocs ont été taillés dans de la calcarénite, une roche sédimentaire tendre, facile à travailler, qui est d'ailleurs encore souvent utilisée en construction de nos jours. Facile à tailler mais fragile à déplacer, ce qui suggère que le transport des blocs a dû être méticuleusement planifié. ÉchafaudagesÉchafaudages, cordes et rondins ont certainement été nécessaires à l'extraction des blocs et à leur transport le long de routes terrassées à l'avance.

    L'extraction des blocs de 150 tonnes a nécessité de véritables moyens techniques. © Dessin de Moisés Bellilty, sur les conseils de José Antonio Lozano Rodríguez et Leonardo García Sanjuán, CC by 4.0
    L'extraction des blocs de 150 tonnes a nécessité de véritables moyens techniques. © Dessin de Moisés Bellilty, sur les conseils de José Antonio Lozano Rodríguez et Leonardo García Sanjuán, CC by 4.0

    La carrière, qui se situe à environ un kilomètre du site, n'a d'ailleurs pas été choisie au hasard, tout comme le futur emplacement du dolmen, qui se trouve légèrement en contrebas, permettant aux bâtisseurs de transporter les blocs le long d'une légère pente. Le site en lui-même a été certainement choisi pour résister au poids colossal de la sépulture. Il repose en effet sur un socle plus stable que les sols argileux environnants.

    Un monument pensé pour résister au temps

    La vulnérabilité des calcarénites face à l'érosion a judicieusement été compensée par l'enfouissement de la structure sous plusieurs couches de terre. Du début à la fin, la construction du dolmen a donc nécessité la mise en œuvre de techniques d'ingénierie complexes, permettant à cette incroyable sépulture de traverser les âges.