En utilisant un laser émettant dans le proche infrarouge, des chercheurs de l’Arizona State University et de la célèbre Johns Hopkins School of Medicine ont montré qu’ils pouvaient détruire sélectivement des virus tout en épargnant les cellules. On pourrait s’en servir pour lutter contre le Sida et d’autres virus, par exemple pour désinfecter simplement des poches de sang avant transfusion.

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    Différentes capsides de virus. Crédit : centretpe.com

    Différentes capsides de virus. Crédit : centretpe.com

    La méthode mise au point par Kong-ThonThon Tsen, de l'Arizona State University, et ses collègues, est brillante mais simple. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'on explore ce genre d'idées. Depuis longtemps, dans certains pays comme l'Inde, on désinfecte bien l'eau en bouteille avec des ultraviolets (UV). Le problème est que ceux-ci peuvent créer des mutations, rendant les micro-organismesmicro-organismes plus résistants. Ce rayonnement peut même modifier l'ADNADN des cellules saines.

    Pour éviter que cela n'arrive, il suffit d'utiliser des impulsions laser dans le proche infrarouge ne durant chacune que 100 femtosecondes. Dans ce cas, ce sont les modes de vibrations des protéinesprotéines composant la capside, une coque protectrice entourant l'ADN viral, qui sont excités, provoquant la destruction de l'enveloppe protéique. Le matériel génétiquematériel génétique n'est donc pas directement affecté, même si les dommages causés aux virus sont fatals.

    Crédit : <em>Johns Hopkins Kimmel Cancer Center</em>

    Crédit : Johns Hopkins Kimmel Cancer Center
    Le type de laser employé dans les expériences est similaire à celui utilisé dans la spectroscopie par diffusion Raman. Ces deux images montrent ceux utilisés par les chercheurs de l'Université John Hopkins. Crédit : <em>Johns Hopkins Kimmel Cancer Center</em>

    Le type de laser employé dans les expériences est similaire à celui utilisé dans la spectroscopie par diffusion Raman. Ces deux images montrent ceux utilisés par les chercheurs de l'Université John Hopkins. Crédit : Johns Hopkins Kimmel Cancer Center

    La puissance des impulsions laser utilisées est faible, et les chercheurs ont bien sûr testé les effets de celles-ci sur diverses cellules de mammifèresmammifères, dont des cellules humaines. Ils ont bien constaté que des virus, dans ce cas des bactériophagesbactériophages m13, étaient détruits avant que la puissance des impulsions n'atteigne un seuil dangereux pour les cellules. En effet, 5 microjoules par centimètre carré sont suffisants pour tuer ces virus.

    En théorie, des micro-ondes pourraient être utilisées, mais la présence d'eau autour des virus provoque une absorptionabsorption importante de l'énergie émise à ces fréquencesfréquences. Au final, il n'en reste plus assez pour obtenir un résultat valable.

    Dans un avenir proche, les chercheurs pensent se servir de cette technique avec laser infrarouge pour désinfecter efficacement et sans inconvénient du matériel médical et des poches de sang. Ils mentionnent également le cas des patients dialysés dont le sang pourrait ainsi être désinfecté de façon sûre avant réinjection. D'après eux, une telle précaution pourrait faire chuter les risques liés à l'hépatite Chépatite C et au SidaSida lors des transfusionstransfusions.

    Ils s'interrogent aussi sur de possibles nouvelles voies pour le traitement du Sida avec cette technique, mais il est encore trop tôt pour avancer quoi que ce soit de précis à ce sujet.