Depuis le 6 août, date à laquelle le rover Perseverance effectuait son premier forage sur Mars, l'échantillon qu'il devait prélever est littéralement introuvable. Un mystère pour les ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory, qui indiquent que la procédure s'est pourtant parfaitement déroulée.


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    C'est un véritable mystère qui prend place à 388 millions de kilomètres. Le rover PerseverancePerseverance a réalisé son premier forage sur Mars le 6 août 2021 et devait en parallèle prélever son premier rocher. Après une opération s'étant parfaitement déroulée, le moment de grâce des ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa s'est transformé en une énigme incompréhensible. Lors de la réceptionréception de données transmises par le rover, les chercheurs ont réalisé que le tube scellé et stocké dans le véhicule était... vide. Pour l'heure, l'échantillon est toujours porté disparu, et tandis que Perseverance prépare son expédition vers son prochain lieu de recherches, une théorie pourrait expliquer ce mystère.

    Deux photos du forage réalisé par Perseverance : celle de gauche est prise par une caméra de navigation, celle de droite par l'instrument Watson. © Nasa, JPL-Caltech
    Deux photos du forage réalisé par Perseverance : celle de gauche est prise par une caméra de navigation, celle de droite par l'instrument Watson. © Nasa, JPL-Caltech

    Une réaction inattendue de la roche

    Le forage a été réalisé grâce au bras robotisé long de deux mètres, ayant permis de creuser une roche repérée en amont de l'opération par le drone IngenuityIngenuity. Perseverance a alors procédé à un « carottagecarottage », une technique permettant de perforer le rocher tout en extrayant un échantillon du terrain foré. Le premier jeu de données reçu par la Nasa indiquait un sans-faute du rover. Le trou, profond de sept centimètres et observé par la caméra Watson, semblait parfait ; le tube contenant le prélèvement était scellé hermétiquement et stocké dans l'ACA (Adaptative Caching Assembly).

    Mais la seconde vaguevague de données envoyée par Perseverance six heures plus tard a fait déchanter les ingénieurs du JPL : le tube ne contient aucun échantillon. Durant 48 heures, les théories allèrent bon train et plusieurs observations furent faites pour retrouver le rocher, mais ce fut peine perdue... L'enquête menée par les scientifiques a cependant fini par payer. En analysant attentivement la zone de forage, plusieurs anomaliesanomalies se sont relevées. Les bords du trou ainsi que le fond contiennent plus de poussière que prévu. 

    Perseverance durant le forage du 6 août 2021. © Nasa, JPL-Caltech
    Perseverance durant le forage du 6 août 2021. © Nasa, JPL-Caltech

    Pour les ingénieurs de la Nasa qui ont mené l'enquête, une hypothèse paraît alors très probable : la roche aurait subi un frottement violent lors du forage et aurait été réduite en poussière, rendant son prélèvement impossible. Une semaine après, aucune certitude ne permet à la Nasa d'affirmer si cette théorie est la bonne, mais les relevés télémétriques de Perseverance indiquent qu'il n'y pas d'élément rocheux ayant des caractéristiques similaires à la carottecarotte prélevée dans la zone de forage. 

    Les déconvenues du forage martien

    Perseverance n'est pas le premier robotrobot à se confronter à l'incertitude du forage dans le sol de Mars. Les conditions à la surface de la Planète rouge sont bien différentes de celles sur Terre et des imprévus peuvent rapidement arriver. En janvier 2021, la Nasa avait annoncé la fin des opérations menées par la taupe martienne InSight, après moins de 2 ans passés sur Mars, en raison de la dureté des sols. La sonde PhoenixPhoenix, arrivée en 2008, avait, elle aussi, connu des difficultés accentuées par le climatclimat extrême du pôle nord de Mars.

    Concept art de la sonde InSight, dont les opérations de forage ont débuté en 2018. © ESA
    Concept art de la sonde InSight, dont les opérations de forage ont débuté en 2018. © ESA

    Perseverance n'en a cependant pas fini avec la collecte de rochers. Le rover prendra la direction de la région de South Séítah pour de nouvelles missions de prélèvement. Les tubes seront gardés dans l'ACA jusqu'à la planification d'une mission de récupération. Les roches martiennes devraient en effet revenir sur Terre à l'horizon 2030 pour des études approfondies permettant de déterminer si une vie microbienne s'est développée sur Mars il y a trois milliards d'années.