La saison finale de Game of Thrones débarque enfin ce dimanche. Et comme à chaque nouvelle saison, tous les fans se demandent qui mourra et qui en réchappera. C'est aussi le cas de deux chercheurs australiens qui ont consacré une étude épidémiologique à la série phare, nous dévoilant les clés de la survie. Indices : être riche et faire peu de cas de la loyauté peuvent aider.


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    Cet article est garanti sans spoiler.

    Après presque deux ans d'attente, l'ultime saisonsaison de la série dont tout le monde parle, connue pour son univers fantastique sombre et violent, démarre enfin ce dimanche 14 avril (sur HBO aux États-Unis, le 15 avril sur OCS en France). Le coup de grâce sera porté le 19 mai avec la diffusion du dernier des six épisodes de cette huitième saison, laquelle devrait apporter des réponses aux questions les plus brûlantes, comme qui est le mystérieux Roi de la Nuit ou encore, qui finira sur le Trône de Fer ?

    Les paris sont bien sûr ouverts pour deviner lesquels de nos héros préférés seront sacrifiés d'ici le grand final. Fans inconditionnels de la série, Reider Lystad et Benjamin Brown, chercheurs à l'université australienne Macquarie, à Sydney, ont déployé l'artillerie lourde pour déterminer, à grand renfortrenfort de statistiques, quels personnages devaient craindre le plus la mort et ceux qui pouvaient prétendre la tutoyer. Accessoirement, ils souhaitaient aussi se donner une bonne raison de s'enfiler à nouveau les sept premières saisons de la série, en attendant la dernière, confient-ils dans leur étude, qui a été publiée dans la revue Injury Epidemiology.

    Le saviez-vous ?

    Les connaisseurs reconnaîtront dans le titre de cet article paru dans Injury Epidemiology, « Death is certain, the time is not » : mortality and survival in Game of Thrones, les sages paroles du meurtrier Jaqen H’ghar, « La mort est certaine, l'heure en est incertaine ».

    D'après cette étude, il ferait bon être une femme, un aristocrate ou un traître à Westeros, du moins pour augmenter ses chances de survie. Épluchant les 67 épisodes de Game of Thrones parus jusqu'à maintenant, les chercheurs ont porté leur attention sur 330 personnages jugés « importants ». Au terme de la saison 7, plus de la moitié d'entre eux avaient péri, en général dans la douleurdouleur. Les personnages de sexe masculin, issus de milieux défavorisés, ne changeant pas d'allégeance ou apparaissant le plus à l'écran, étaient les plus susceptibles de connaître une issue fatale.

    Bande-annonce de la saison 8 de Game of Thrones. © HBO, Game of Thrones

    Une étude épidémiologique des causes de mortalité

    L'épidémiologiste des blessures, Reider Lystad, et son collègue ont visionné l'intégralité des sept saisons de Game of Thrones en DVDDVD pour sélectionner 330 personnages importants, définis comme des humains listés dans le générique de début ou de fin (ou autrement ayant un rôle déterminant pour l'intrigue) et prenant part à des évènements présents, c'est-à-dire hors flashback.

    56,4 % des personnages sont morts

    Sur tous ces personnages, 56,4 % ont déjà trouvé la mort, soit 186 individus, dont 184 de façon prématurée. Ils ont succombé en majorité des suites de blessures (73,7 %) infligées en particulier à la tête et au cou, avec divers degrés de violence en allant jusqu'au plus radical, la décapitation (13 en tout). D'autres sont morts brûlés (11,8 %), empoisonnés (4,8 %), ou dans des circonstances variées telles que par des dragons ou des loups (9 %).

    La mort était donnée en général lors d'agressions (63 %), tandis que 24,4 % des décès sont dus à une bataille ou une guerre et que 5,4 % des défunts ont été exécutés, punis par la loi. Deux personnages seulement sont morts de causes naturelles, à savoir de vieillesse. Se transformant en immense cimetière pour les besoins de la série, Westeros a vu l'écrasante majorité des décès (80,1 %) survenir sur son territoire.

    Résumé des chances de survie ou des causes de décès de 330 personnages <em>« importants »</em> à travers les sept premières saisons de la série <em>Game of Thrones</em>. © Reider P. Lystad et Benjamin T. Brown, <em>Injury Epidemiology</em>, 2018
    Résumé des chances de survie ou des causes de décès de 330 personnages « importants » à travers les sept premières saisons de la série Game of Thrones. © Reider P. Lystad et Benjamin T. Brown, Injury Epidemiology, 2018

    Un petit guide de survie à Westeros

    En complément des causes et des circonstances (agressions, guerre ou cadre pénal) du décès, les chercheurs ont également noté le sexe, le rang (noblesse ou gens du communs), le rôle ou la profession (marchand, dirigeant, guerrier, etc.), la religion, la maison à laquelle les personnages prêtent allégeance, ainsi que leur temps d'apparition (ou durée de vie) à l'écran. On compte ainsi 237 hommes pour 93 femmes ; 227 personnages appartiennent à la classe inférieure et 45 ont changé de champ en cours de route. Les chercheurs ont vérifié leurs données en se référant à l'Internet Movie Database (IMDb) et au Game of Thrones Wiki.

    3 fois moins de chances de mourir en changeant de camp

    « Nous avons identifié plusieurs facteurs pouvant être associés à de meilleures ou de pires chances de survie, qui peuvent nous aider à spéculer sur qui pourrait s'en sortir dans la saison finale », écrit Reider Lystad dans un billet de blog. Ainsi, la probabilité de mourir est 1,2 fois plus élevée pour les hommes que pour les femmes, de même que pour les personnages de basse naissance comparés à ceux de bonne naissance, c'est-à-dire Lord ou Lady, ainsi que leur descendance. Avoir l'esprit de loyauté est fortement déconseillé puisque ceux qui changent de camp ont 3 fois moins de chances de mourir que ceux qui restent fidèles à leur maison.

    De plus, les personnages principaux ont 2,5 fois plus de chances de mourir que ceux qu'on ne voit que très peu à l'écran. Mais les personnages qui apparaissent pour une durée « modérée » dans la série sont encore plus mal lotis, puisqu'ils sont 6,5 fois plus susceptibles de mourir que les personnages mineurs. La durée de vie des personnages variait de toutes petites 11 secondes à 57 heures et 15 minutes, tandis que quelques malchanceux (14 %) ne survivent même pas au-delà de leur première heure d'apparition.

    Selon les chercheurs, qui ont également mis en parallèle l'univers de la série, dérivée des romans de Georges R. R. Martin, et le monde réel, les maintes morts violentes de Game of Thrones peuvent s'expliquer par le manque de stabilité politique, de démocratie et d'institutions de service public, tels que les établissement scolaires et les hôpitaux. Il y a largement moyen d'éviter toutes ces morts en bouleversant le jeu politique qui fait la notoriété de Game of Thrones, mais « cela impacterait négativement la popularité de la série, et c'est peu probable que de tels changements se produisent avant le dernier épisode de la saison finale », admettent les chercheurs. Confirmation attendue dans les prochaines semaines.