Cela ressemble à une blague d’étudiants ou à la fausse thèse d’Isaac Asimov sur la thiothimoline resublimée, mais la publication de trois chercheurs mexicains concernant la production de films de diamants d’excellente qualité à partir de la tequila est tout à fait sérieuse. Des applications industrielles sont même envisagées à l’horizon 2011.

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    L'Agave tequilana, la plante dont est tirée la tequila. Crédit : Kurt Stueber

    L'Agave tequilana, la plante dont est tirée la tequila. Crédit : Kurt Stueber

    Les chercheurs ont le sens de l'humour même dans les recherches les plus sérieuses. On se souvient par exemple que le prix Nobel de physique Franck Wilczek avait choisi d'appeler axion, du nom d'une célèbre marque de produits de vaisselles, une particule destinée à « laver une tache » dans le modèle standard, en l'occurrence une contradiction entre l'expérience et une possibilité naturelle dans les équations de la QCDQCD, la théorie des forces nucléaires liantliant les quarks dans les protonsprotons.

    L'idée d'obtenir des diamantsdiamants à partir de la tequila, la fameuse boisson mexicaine tirée de l'AgaveAgave tequilana, pourrait donc de prime abord résulter d'un accès d'humour suite à une soirée un peu trop arrosée entre physiciensphysiciens et chimistes. Mais rassurons-nous, il n'en est rien.

    Javier Morales, Luis Miguel Apátiga, et Víctor Manuel Castaño sont membres de la National Autonomous University of Mexico, et c'est en étudiant la possibilité d'obtenir des dépôts de film de diamants sur du siliciumsilicium et de l'acier inoxydableacier inoxydable à partir de solutions organiques qu'ils firent une remarquable découverte. En essayant successivement des solutions aqueusessolutions aqueuses de méthanol, d'éthanol ou d'acétoneacétone, d'abord vaporisées, puis portées à haute température pour briser les moléculesmolécules à base de carbonecarbone, d'oxygèneoxygène et d'hydrogènehydrogène, ils ont observé qu'un mélange de 40 % d'éthanol et de 60 % d'eau était idéal pour l'obtention de films de diamants de haute qualité.

    Vers de nouveaux débouchés pour les producteurs de l'alcool mexicain

    Or, cette proportion est très similaire à celle que l'on retrouve dans la tequila... Se pouvait-il que le même processus de synthèse soit opérationnel avec, par exemple, de la tequila blanche ? Pour en avoir le cœur net, les trois chercheurs ont commencé par chauffer de la tequila à 280°C pour la transformer en gazgaz. Ce dernier a ensuite été placé dans une chambre à réaction pour porter sa température à 800°C, afin de briser les molécules organiques et permettre la formation de minuscules diamants de différentes tailles, comprises entre 100 et 400 nm.

    A la surprise des chercheurs, qui pensaient que les impuretés présentes dans la tequila allaient probablement faire obstacle au processus ou au moins empêcher la production de diamants suffisamment purs, non seulement un dépôt de film de diamants a bien été obtenu sur des surfaces en acier inoxydable et en silicium mais ces derniers étaient chimiquement purs et doués d'une grande résistancerésistance aussi bien thermique que mécanique.

    Cette technique est intéressante à plus d'un titre car elle devrait permettre de recouvrir d'un film de diamants protecteur et à bon marché bon nombre d'objets ou de dispositifs. Les chercheurs pensent par exemple à des lames, des dispositifs optiques fragiles, des détecteurs de radiation mais aussi des semi-conducteurssemi-conducteurs ou encore des isolants électriques. Ils sont actuellement à la recherche d'un producteur de tequila qui serait intéressé à financer ces applicationsapplications afin d'élargir les débouchés de sa production.