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Dessin de Fey - Tous droits réservés
La prestigieuse école française en a assez d'apparaître dans les fins fonds des classements internationaux des universités et des grandes écoles de la planète. La solution pour gagner des places ? L'argent. C'est ce que pensent les responsables de l'établissement qui entendent chercher des financements... chez les anciens élèves, devenus pour beaucoup capitaines d'industrie. Menée par la Fondation de l'Ecole Polytechnique, cette campagne de levée de fonds est présidée par Claude Bébéar, ancien patron d'Axa et entré à Polytechnique en 1955 (il est donc un X55 dans le jargon maison).
Ses promoteurs veulent récolter 25 millions d'euros auprès des X de France et d'ailleurs. Deux fondations ont été créées à l'étranger, The Ecole Polytechnique Charitable Trust au Royaume-Uni et Friends of Ecole Polytechnique aux Etats_Unis. La répartition de la somme recueillie est déjà déterminée. Près de la moitié (12 millions) ira au soutien aux activités de recherche, dont la biologie et les nanotechnologiesnanotechnologies, mais aussi l'économie et la finance. Six millions seront affectés à la graduate school (masters et doctorats) pour en augmenter la taille et pour nouer des partenariats internationaux. De même, 4 millions serviront directement à l'internationalisation, pour attirer des étudiants et des enseignants venant d'autres pays, notamment en développant le réseau de l'école à l'international. Enfin, trois millions seront versés au budget appelé « Egalité des chances », destiné à favoriser l'accès de l'école aux jeunes qui n'en ont pas les moyens.
L'école veut augmenter le rayonnement X vers le reste de la planète...
La moitié du chemin déjà fait
On peut dire que la campagne a connu un démarrage foudroyant, ou plus précisément que son lancement a été bien préparé, car le jour même de son annonce, le 10 mars, près de la moitié de la somme (49 %) était déjà trouvée, sous forme de dons et d'engagements. L'Ecole Polytechnique entend ainsi gonfler sa notoriété internationale, augmenter son attractivité internationale et gagner en autonomieautonomie.
L'autonomie, justement, est aussi un sujet d'inquiétude dans le secteur de la recherche publique. Le 4 mars dernier, plus 600 directeurs de laboratoire et membres d'instances scientifiques se sont réunis au Collège de France, à l'appel du collectif Sauvons la recherche (créé en 2004), tandis que 200 chercheurs battaient le pavé devant le Ministère de la Recherche.
La raison de cette colère est le projet de réorganisation de la recherche promis par le gouvernement. Selon les chercheurs, il conduira à une trop grande dépendance de leurs activités vis-à-vis du pouvoir politique. Le président de la République lui-même a effectivement affirmé, le 28 janvier dernier, que les politiques scientifiques devaient relever du gouvernement. La création de l'Agence nationale de la recherche (ANR) va plutôt dans ce sens, réduisant le rôle du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), jusqu'à présent très autonome.
Pour les scientifiques du secteur public, cette évolution conduira à un renforcement de la recherche appliquée, qui travaille sur des objectifs à court terme, et un affaiblissement de la recherche fondamentale, à long terme. Les chercheurs craignent aussi une baisse d'attractivité des métiers de la recherche pour les jeunes, qui serait causée, selon eux, par une réduction des postes statutaires au profit de contrats précaires.