Des étoiles mortes peuvent, parfois, retrouver un sursaut de vie. Des naines blanches, par exemple. Elles apparaissent alors comme de nouvelles étoiles dans notre ciel. Des novas. Et ce sont les prémices d’un tel sursaut, sous la forme d’une « boule de feu » de rayons X, que des astronomes ont eu le bonheur d’observer pour la toute première fois. 


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    « Une heureuse coïncidence. » C'est ainsi que Ole König, astronome à la Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg (FAU, Allemagne), qualifie, dans un communiqué, l'observation incroyable qu'il vient de faire avec son équipe. Une puissante explosion à la surface d'une naine blanche - que les astronomesastronomes appellent nova - et la « boule de feu » de rayons X qui l'a accompagnée. « Ces flashsflashs de rayons X ne durent que quelques heures et sont presque impossibles à prévoir. L'instrument d'observation doit être pointé au bon endroit, au bon moment. »

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    Une magnifique image détaillée du ciel en rayons X

    C'est exactement ce qui s'est produit avec le télescope spatialtélescope spatial à rayons X eRosita. À un million et demi de kilomètres de notre Terre, il scrute ceux que les physiciensphysiciens appellent les rayons X mous depuis 2019. Et le 7 juillet 2020, il a repéré une émission intense dans une région du ciel totalement « noire » seulement quatre heures plus tôt. Quatre heures plus tard, lorsque l'œilœil de eRosita s'est de nouveau tourné vers cette région du ciel, il n'y avait plus rien.

    Une telle explosion de rayons X n'avait encore jamais été directement observée. Le phénomène a pourtant été prédit il y a plus de 30 ans maintenant. La théorie veut en effet que des « boules de feu » de rayons X puissent naître à la surface d'étoiles de type naine blanche. Les naines blanches, ce sont ce qui reste d'étoiles comparables à notre SoleilSoleil, une fois qu'elles ont épuisé leur carburant. Des étoiles qui meurent en rétrécissant alors jusqu'à atteindre une taille de l'ordre de celle de notre Terre.

    Des rayons X jusqu’à saturation

    Mais la présence d'une étoile compagne, bien vivante, elle, peut réussir à les rallumer. Si la naine blanche attire suffisamment d'hydrogènehydrogène de cette étoile, le gazgaz va s'accumuler pour former une couche de surfacecouche de surface de seulement quelques mètres d'épaisseur. Mais une couche au cœur de laquelle l'attraction gravitationnelle est tellement forte que la pressionpression générée relance le mécanisme de la naine blanche. S'ensuit une colossale explosion au cours de laquelle la couche d'hydrogène est soufflée.

    Ne nous y trompons pas. Le phénomène est loin d'être rare. Des explosions en novae se produisent tout le temps. Ce qui est exceptionnel, c'est d'avoir été présent au tout début du processus. Au moment où la majeure partie des rayons X a été émise. Car le flash est de courte duréedurée, nous l'avons mentionné plus haut. Mais les rayons X mous qui sont émis sont en plus peu énergétiques. Ils ont tendance à être absorbés par le milieu interstellaire. Le phénomène échappe ainsi à tous les instruments conçus pour observer des rayons X plus durs.

    Nous nous sommes demandé si c'était réel

    « Dans les données de eRosita, nous cherchions une émission tout de même puissante. Mais celle-ci l'était tellement que nous nous sommes demandé, un temps, si elle était bien réelle », se souvient Riccardo Arcodia, astronome à l'Institut Max-PlanckPlanck (Allemagne). Le télescope a capté tellement de rayons X que ses détecteurs ont été saturés. Mais les astronomes sont malgré tout parvenus à exploiter l'image surexposée. Ils avancent ainsi que la naine blanche en question a environ la massemasse de notre Soleil. Elle est donc relativement grande. L'explosion, elle, a engendré une « boule de feu » d'une température de quelque 327.000 °C. En d'autres mots, une « boule de feu » soixante fois plus chaude que la surface du Soleil.

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    Nova Delphini 2013, une « nouvelle » étoile dans le ciel !

    Notez que ces novaenovae viennent tout de même rapidement à manquer de nouveau de carburant. Elles refroidissent très vite. Alors le rayonnement X s'affaiblit et termine en lumièrelumière visible. Une lumière visible qui, une demi-journée après l'observation de eRosita a été observée depuis la Terre sous la forme d'une étoile apparemment tellement brillante - cette lumière n'était en réalité autre, vous l'aurez compris, que celle émise par l'explosion - qu'elle pouvait être vue à l'œil nu. Dans une constellationconstellation de l'hémisphère sudhémisphère sud, la constellation du Réticule.