En 2069, un message radio émis par le radiotélescope d'Eupatoria en 1999 dans le cadre d'Active Seti rejoindra le système triple de 16 Cygni. Si une éventuelle civilisation extraterrestre existe sur une exoplanète en orbite autour d’une des étoiles de type solaire de 16 Cygni, elle pourrait avoir des milliards d’années d’avance sur la nôtre, selon les observations de Kepler.

au sommaire


    Une vue du radiotélescope Yevpatoria RT-70 de 70 mètres de diamètre situé à Eupatoria, en Ukraine. C’est l'un des plus grands radiotélescopes une pièce du monde. © Wikipédia-S. Korotkiy, CC by sa 3.0

    Une vue du radiotélescope Yevpatoria RT-70 de 70 mètres de diamètre situé à Eupatoria, en Ukraine. C’est l'un des plus grands radiotélescopes une pièce du monde. © Wikipédia-S. Korotkiy, CC by sa 3.0

    Le radiotélescope Yevpatoria RT-70, ou EPR (Evpatoria planetary radar), est un radiotélescope de 70 mètres de diamètre situé à Eupatoria, une ville portuaire de la République autonome de Crimée, en Ukraine. C'est l'un des plus grands radiotélescopes une pièce du monde et l'un des plus appropriés pour envoyer un message radio à d'éventuels extraterrestres. D'ordinaire, on l'emploie comme radar pour étudier les planètes ou les astéroïdes. C'est un vétéran des missions spatiales soviétiques. Aujourd'hui il joint ses forces à RadioAstron.

    En 1999, un signal radio, contenant entre autres le fameux message d'Arecibo, y a été émis dans le cadre d'Active Seti qui est aussi connu sous l'appellation Ceti (Communication with Extra-Terrestrial IntelligenceIntelligence) et Meti (Message to ETI). C'est donc la contrepartie de Seti qui consiste en la conception et la transmission de signaux plutôt que l'écoute.

    Le Cosmic Call 1999 (en français l'appel cosmique de 1999) a été envoyé en direction du système triple de 16 Cygni dans la constellation du Cygne. Situé à une distance de 69,8 années-lumière de la Terre, il est composé de deux étoiles naines jaunes formant un système binairesystème binaire, et d'une étoile naine rouge orbitant autour des précédentes.

    Les étoiles 16 Cygni A et 16 Cygni B sont séparées par 700 UAUA, soit l'équivalent de presque 20 fois la distance entre NeptuneNeptune et le SoleilSoleil ou encore 4 jours-lumière. Comme ces deux étoiles sont très similaires au Soleil et que leur séparationséparation est assez grande, on pouvait penser que des exoplanètes pouvaient être en orbiteorbite autour de l'une d'elles.

    Une vue d'artiste de 16 Cygni B b à partir d'une exolune en orbite autour d'elle. Anneaux et exolunes sont des spéculations mais l'exoplanète en orbite autour de 16 Cygni B existe bien. À travers l'atmosphère de l'exolune, on voit l'étoile 16 Cygni A. © Wikipédia-Nuclear Vacuum

    Une vue d'artiste de 16 Cygni B b à partir d'une exolune en orbite autour d'elle. Anneaux et exolunes sont des spéculations mais l'exoplanète en orbite autour de 16 Cygni B existe bien. À travers l'atmosphère de l'exolune, on voit l'étoile 16 Cygni A. © Wikipédia-Nuclear Vacuum

    Effectivement, 16 Cygni B b y a été découverte en 1996. Il s'agit d'une JupiterJupiter excentrique, c'est-à-dire une exoplanèteexoplanète dont la massemasse est de l'ordre de celle de Jupiter et dont l'excentricitéexcentricité de l'orbite est importante, ce qui fait qu'elle se retrouve parfois assez proche de son étoile et éventuellement dans sa zone d'habitabilitézone d'habitabilité. Une telle exoplanète rend probablement difficile l'existence d'une exoterreexoterre en raison des perturbations gravitationnelles qu'elle exercerait sur elle. Mais certaines de ses exolunes sont peut-être habitables et on pourrait alors y observer des triples couchers de soleil comme dans le cas de la superterre GJ 667C c.

    Comme 16 Cygni B et 16 Cygni A sont de type solaire et donc d'un âge comparable à celui du Soleil, le système 16 Cygni était une bonne cible pour tenter d'entrer en communication avec d'éventuels extraterrestres.

    Or, les étoiles de 16 Cygni sont observées depuis quelque temps par le satellite Kepler dont les objectifs ne sont pas seulement de chasser des exoterres mais aussi de faire de l'astérosismologie. Un groupe d'astrophysiciensastrophysiciens vient d'ailleurs de déposer sur arxiv un article faisant état des informations que l'on peut obtenir sur 16 Cygni B et 16 Cygni A par ce moyen.

    Une carte d'identité livrée par l'astérosismologie

    En effet, les ondes que génère le bouillonnement du plasma dans ces étoiles font varier légèrement leur luminositéluminosité quand elles arrivent en surface. Tout comme les ondes sismiquesondes sismiques sur Terre nous renseignent sur la structure et la composition de notre planète, l'astérosismologie peut servir à sonder les entrailles des étoiles. En fonction de son âge, de sa masse et de sa composition, le « chantchant » d'une étoile n'est pas le même. En décryptant celui-ci via les variations de luminosité qu'il engendre, il devient possible de déterminer l'âge d'une étoile. C'est ce qui vient d'être fait avec 16 Cygni B et 16 Cygni A.

    Nées en même temps, les deux étoiles ont environ 6,8 milliards d'années d'après les observations de Kepler.

    Bien sûr, nous ne savons pas vraiment quand la vie est apparue sur Terre ni si le temps qu'elle a mis pour évoluer est représentatif de celui d'éventuelles exobiosphères. Mais il n'est pas interdit de penser que si une forme de vie intelligente est née sur une exoplanète autour de 16 Cygni B ou 16 Cygni A, elle l'a probablement fait avec des milliards d'années d'avance sur la nôtre.

    Si c'est la cas et qu'elle existe toujours, elle n'a visiblement pas construit une sphère de Dyson mais peut-être a-t-elle laissé un monolithe noir sur la LuneLune. Une distance de 69 années-lumière environ n'est en effet probablement pas infranchissable pour une civilisation aussi avancée. Toujours est-il que notre Cosmic Call ne la rejoindra, si elle existe, qu'en 2069.