Le fonctionnement incorrect des moteurs du module Zvezda pourrait avoir occasionné des dégâts structurels à la Station Spatiale Internationale lors de la dernière tentative de rehaussement d’orbite.

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    La Station Spatiale Internationale. Crédit Nasa

    La Station Spatiale Internationale. Crédit Nasa

    Il y a un peu plus de deux semaines, les moteurs intégrés au module de constructionconstruction russe Zvezda de l'ISSISS ont été mis en fonctionnement durant 2 minutes et 22,4 secondes afin de rehausser de 5,36 kilomètres l'orbite de la vaste construction. Cette manœuvre fait partie de procédures courantes, pour ne pas dire routinières, servant à compenser l'usure graduelle de l'orbite en raison de la traînée atmosphérique. En effet, même si elles sont extrêmement faibles, des traces d'atmosphèreatmosphère demeurent à l'altitude de la station. Les moteurs peuvent aussi être mis en route pour éviter un obstacle potentiel.

    Un autre réajustement était prévu pour le 4 février dernier, en vue de placer l'ISS dans une position idéale pour l'amarrage du vaisseau de ravitaillement automatique Progress M-66, qui devrait être lancé le 9 février prochain, ainsi que de la navette spatiale DiscoveryDiscovery le 19 février. Mais ce réajustement a été annulé, en raison d'importantes anomaliesanomalies constatées lors de la précédente opération.

    De violentes secousses

    En effet, alors que les moteurs dont l'usage n'est réservé qu'à ce type de manœuvre sont programmés pour s'éteindre très graduellement après le temps imparti, ceux-ci ont stoppé brusquement en imprimant à l'ensemble de la construction une violente secousse similaire à celle d'une collision. Les occupants, ainsi que les techniciens au sol observant la manœuvre au moyen de caméras de surveillance, aussi bien internes que fixées sur la coque, ont constaté que les panneaux solaires s'étaient mis à osciller de manière inquiétante, tandis qu'à l'intérieur d'un module, du matériel s'échappait des supports, simplement retenu par les câbles d'alimentation.

    Le 29 janvier, un rapport émis par la Nasa mentionnait « qu'une étude visuelle externe conduite au cours du week-end dernier et une expertise des données transmises au sol n'avaient révélé aucune conséquence inquiétante ». Kelly Humphries, porteporte-parole officiel de la Nasa, a déclaré lors d'une conférence de presse donnée à Houston qu'il était improbable que la station ait souffert de ce dysfonctionnement, car sa structure a été étudiée pour pouvoir résister à des contraintes bien supérieures à celles habituellement rencontrées en orbite.

    Cependant, les ingénieurs ne veulent pas courir le moindre risque à l'avenir et ont préféré reporter le prochain rehaussement d'orbite, d'autant que celui-ci était minime et que ce report n'affectera pas les prochaines missions.

    Le coupable serait un logiciel

    Selon le centre de contrôle de vol (Tsoup) à Moscou, la cause des oscillations résidait dans une erreur de configuration des paramètres téléchargés dans la mémoire de l'ordinateurordinateur de bord, qui aurait entraîné un défaut de fonctionnement d'un filtre dynamique. Ce système complexe sert justement à atténuer les contraintes imposées par les moteurs à la structure de l'ISS. Ainsi, la mise en marche, le fonctionnement et l'arrêt des moteurs sont asservis à un dispositif de contrôle recevant ses informations de nombreux capteurscapteurs répartis sur la station et en certains endroits critiques, comme les joints rotatifs et les articulationsarticulations, de façon à compenser en temps réel d'éventuelles oscillations. Ce dispositif, vaguement comparable à l'ABSABS de nos véhicules, contrôle la montée en poussée ainsi que l'arrêt progressif des moteurs en empêchant toute déformation de la structure. En son absence, les moteurs se sont arrêtés brusquement.

    Les techniciens n'ont pas encore déterminé la cause exacte du mauvais fonctionnement, mais selon les premières expertises, le système de régulation et le filtre dynamique continuent de fonctionner parfaitement, ce qui renforce l'hypothèse d'un défaut de programmation.

    Cet incident n'et pas le premier du genre. Il a en effet déjà été constaté à plusieurs reprises lors de rehaussements d’orbite au moyen des moteurs de Zvezda, et une fois au moyen d'un Progress arrimé, ce qui privilégie aussi la thèse d'un défaut de programmation.