Le vaisseau de ravitaillement automatique Jules Verne a pleinement réussi une simulation de manœuvre anticollision avec la Station Spatiale Internationale, préliminaire obligatoire avant l’arrimage prévu le 3 avril prochain.

au sommaire


    L’ATV (à gauche) arrimé à la Station Spatiale Internationale. Crédit : Esa

    L’ATV (à gauche) arrimé à la Station Spatiale Internationale. Crédit : Esa

    De tous les incidents prévisibles lors d'une opération de rendez-vous en orbite, la collision est le plus redouté. Le 25 juin 1997, le vaisseau Progress M-34 avait violemment heurté la station russe MirMir, détruisant le module Spektr et rendant inutilisable un jeu de panneaux solaires. Il avait été estimé que les astronautes avaient eu beaucoup de chance ce jour-là...

    On comprendra donc la priorité accordée aujourd'hui à la sécurité, et au souci des responsables de la Nasa comme de l'Esa d'équiper les vaisseaux ravitailleurs ou habités de procédures efficaces en cas de problème. Avec ses 20 tonnes, l'ATV Jules Verne, en particulier, présente une masse près de trois fois supérieure à Progress (7 tonnes).

    Un aperçu des dégâts occasionnés par la collision de Progress M-34 avec la station Mir le 25 juin 1997. L'accident a déformé les panneaux solaires mais il aurait pu toucher la coque... Crédit Nasa
    Un aperçu des dégâts occasionnés par la collision de Progress M-34 avec la station Mir le 25 juin 1997. L'accident a déformé les panneaux solaires mais il aurait pu toucher la coque... Crédit Nasa

    Procédure d'urgence

    Pour éviter que ne se reproduise un tel incident, l'ATV est équipé du dispositif CAM (Collision Avoidance Manoeuvre), qui peut être déclenché depuis le sol ou automatiquement par le MSU (Monitoring & Safety Unit) en cas de situation anormale durant la phase de rendez-vous. Il s'agit d'un mode de fonctionnement totalement indépendant des organes principaux de l'ATV, qui utilise un système informatique séparé, un logiciellogiciel séparé, des batteries séparées, des capteurscapteurs séparés pour le contrôle de la trajectoire et des propulseurspropulseurs séparés.

    Lorsqu'il y a risque de collision, le CAM commande l'allumage des moteurs durant 3 minutes provoquant un freinage d'urgence puis éloignant le vaisseau de la station. Le calculateur de bord indépendant détermine alors une trajectoire qui empêche un retour dans une zone dénommée la keep out sphere, ce volumevolume théorique de 200 mètres de rayon autour du centre de gravitégravité de l'ISSISS et dans lequel l'ATV ne peut pénétrer qu'en suivant un "couloir d'approche" précis. La procédure implique aussi l'arrêt complet de tous les systèmes de contrôle normaux de l'ATV, et un basculement en un "mode de survie" dit de la dernière chance. L'Esa présente une petite animation pour illustrer cette manœuvre.

    L’ATV. Crédit : Esa
    L’ATV. Crédit : Esa

    Une première simulation réussie

    Après une série d'essais effectués durant le long vol de Jules VerneJules Verne vers l'ISS, le CAM a été vérifié à son tour. Lors de la simulation effectuée durant la nuit de jeudi à vendredi dernier, le MSU a pris le contrôle complet de l'ATV comme prévu et commandé l'arrêt complet de tous les systèmes de contrôle normaux, considérés comme potentiellement défaillants. L'ensemble a alors été basculé en un "mode de survie de la dernière chance" tandis que les dispositifs de contrôle indépendants, véritable vaisseau de secours dans le vaisseau, selon John Elwood, chef de projet ATV à l'Esa, entraient en fonctionnement automatique.

    Les moteurs ont été mis à feufeu durant 200 secondes, donnant l'impulsion prévue à l'ATV comme s'il s'agissait d'une véritable manœuvre anticollision. Ensuite, le vaisseau s'est automatiquement positionné, panneaux orientés vers le SoleilSoleil, pour faciliter sa récupération.

    Après la confirmation de la manœuvre, les techniciens du centre de contrôle ont entamé une longue procédure de réactivationréactivation qui consistait d'abord à redémarrer les calculateurs de bord, puis à ramener tous les systèmes en mode opérationnel nominal.

    D'autres démonstrations et tests auront encore lieu durant ce mois, avant le véritable rendez-vous avec arrimage à l'ISS prévu le 3 avril 2008.