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    On retrouve plusieurs sortes d'obsessions et de compulsions. Images ou idées ressenties comme inappropriées et répétitions d'un ou plusieurs actes, tous ces troubles sont régis par des règles extrêmement précises adoptées par la personne atteinte. Certaines sont récurrentes alors que d'autres se font plus rares.

    Chercher tout le temps ses clés. © Geralt, CC0
    Chercher tout le temps ses clés. © Geralt, CC0

    Obsessions et compulsions irraisonnées

    Parmi les obsessions récurrentes, on retrouve les suivantes :

    • la crainte de se salir ou de se contaminer (par des germesgermes, du sang ou de la saleté) ;
    • la peur d'avoir oublié de fermer la porteporte, la fenêtrefenêtre, d'éteindre le gaz ou l'électricité ;
    • avoir fait du mal (physique ou moral) à quelqu'un sans l'avoir fait exprès ;
    • observer la symétrie et l'ordre des choses qui entourent le malade ;
    • les agressions sexuelles ;
    • la précision et un certain perfectionnisme ;
    • la perte de contrôle.

    Ces craintes révèlent une angoisse profonde d'avoir nui à une personne proche ou innocente, d'avoir provoqué une catastrophe (la mort ou la maladie), ainsi que d'avoir été responsable d'un acte agressif ou immoral. Mais la teneur des obsessions importe souvent peu relativement à ce que lui attribue généralement la personne souffrant de trouble obsessionnel compulsif.

    Robert Ladouceur précise dans son livre Les Troubles anxieux, approche cognitive et comportementale que « l'intrusion est, en soi, un stimulus interne neutre que l'individu évalue et interprète afin de le doter d'un sens particulier. [...] Si l'individu évalue correctement la pensée en question (par exemple, s'il se dit "c'est une pensée bizarre qui passera"), il lui accorde peu d'importance et n'y voit guère de conséquences. Par contre, s'il l'évalue de façon erronée ou inadéquate ("cette pensée signifie que je pourrais réellement tuer mon enfant"), le processus suit son cours et la personne accorde à l'intrusion une signification idiosyncrastique négative. »

    Se laver les mains fait partie des compulsions les plus fréquentes. Néanmoins, ce geste n’apaise que partiellement le patient. © DR
    Se laver les mains fait partie des compulsions les plus fréquentes. Néanmoins, ce geste n’apaise que partiellement le patient. © DR

    Concernant les compulsions, on estime que ces rituels tentent de soulager l'individu par des gestes très précis et répétitifs. Mais le patient ne peut s'empêcher de les exécuter. Les médecins ont observé ceux-ci :

    • lavage des mains ou des objets ;

    • vérification que chaque chose est à sa place, en ordre ;
    • récitation des idées (prier, compter, lire, calculs mentaux) ;
    • toucher des objets à plusieurs reprises ;
    • les pensées magiques ou conjuratoires.

    La personne atteinte par des troubles obsessionnels compulsifstroubles obsessionnels compulsifs se sent obligée d'effectuer ces gestes, car elle pense qu'en agissant ainsi, le rituel fera diminuer son angoisse. L'accomplissement l'accompagne pour passer le cap de l'anxiété dépassée.

    Un soulagement faussé

    Une fois l'acte accompli, le sujet a l'impression d'un soulagement immédiat, mais celui-ci ne demeure que temporaire et ne guérit pas. Le docteur Élie Hantouche étaye cette théorie dans son ouvrage intitulé Troubles bipolaires, obsessions et compulsions : les reconnaître et les soigner, paru en 2006. Il y affirme que « généralement, une compulsion est destinée à neutraliser ou à diminuer un sentiment de détresse, ou à empêcher un événement ou une situation redoutés. Dans ce cas, il s'agit d'une compulsion réductrice d'anxiété. Cependant, la réduction de l'anxiété par une compulsion n'est que temporaire, et le retour systématique de l'anxiété exige de nouveau la répétition des rituels. »

    Tel un cercle vicieux, le sujet malade est contraint d'obéir à son angoisse, via les obsessions d'une part et l'accomplissement des rituels d'autre part. L'individu se retrouve enfermé dans ses pensées, dont seul le passage à l'acte le soulage. Or, cette chute de tension nerveuse s'avère non définitive, et ne soigne aucunement en profondeur l'anxiété générée par le sujet.