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    Une nouvelle clémentine pour la Corse

    Une nouvelle clémentine pour la Corse

    Depuis plus de 40 ans, les chercheurs de l'INRA de Corse réalisent un important travail de sélection de clémentiniers, indemnes de maladies connues et adaptées aux conditions de la Corse. Ces clémentiniers issus des recherches de l'INRA, en collaboration avec le CIRAD, constituent aujourd'hui l'ensemble du verger de production de la ClémentineClémentine de Corse. Une nouvelle clémentine, la SRA 535, a été sélectionnée en 2004 et sera plantée dès cette année par certains producteurs corses. Elle est le résultat de 20 années de recherches. Les premiers fruits issus de cette sélection seront commercialisés d'ici 5 ans environ.

    La clémentine est un fruit sans pépins. Il n'y a donc pas de graine à planter. Par conséquent, le seul moyen d'obtenir un clémentinier est la greffe d'un rameau sur un porteporte-greffe. Tous les clémentiniers communs sont donc issus, par greffages successifs, de l'arbrearbre originel du père Clément. Ils sont, a priori, génétiquement identiques. Le greffage étant du clonage, on parle donc de " clones ". Néanmoins, des mutations naturelles apparaissent spontanément chez certains clémentiniers. Ces mutations sont souvent sélectionnées, ce qui explique la diversité des clémentiniers communs existant aujourd'hui. On parle alors de " clones différents ".

    Plus de 40 ans de sélection

    En 1959, les premiers clémentiniers communs, en provenance des vergers corses et d'Afrique du Nord sont plantés à la Station de Recherches agronomiques INRA-CIRAD de Corse (San Giuliano). En 1968, deux premiers clémentiniers sont sélectionnés (SRA 63 et SRA 64), suivis de quatre autres en 1982 (SRA 92, 85, 88 et 89). Ils constituent aujourd'hui l'ensemble des clémentiniers communs produisant la Clémentine de Corse.

    En 1989, un nouvel essai est mis en place comprenant 11 clones de clémentiniers. L'objectif est alors la sélection d'une meilleure clémentine en terme de productivité (rendement, calibre) et de qualité des fruits (couleurcouleur de la peau, jus, sucre, acidité). Les arbres sont plantés dans les mêmes conditions et leur comportement agronomique est observé. Les fruits de chaque arbre sont récoltés chaque année pendant près de 15 ans. Les différents paramètres sont étudiés : rendement, calibre, coloration, qualité des fruits... Le meilleur clémentinier de l'essai a été sélectionné en 2004 : le SRA 535. Il a été présenté cette année aux producteurs corses.

    Une clémentine venue d'Espagne

    La clémentine SRA 535 a été introduite à l'INRA de Corse en décembre 1986 à partir de l'Instituto Valenciano de Investigaciones Agrarias (IVIA) de ValenceValence en Espagne. Connue sous le nom de " Tomaterea IVIA 16-11 ", cette clémentine est une mutation naturelle de clémentine commune découverte à Castellon de la Plana (Burriana) au début des années 80. Elle ne semble pas adaptée aux conditions de culture espagnoles où ses performances agronomiques sont plutôt médiocres. En revanche, grâce aux essais menés à San Giuliano, elle se révèle bien adaptée aux conditions de culture de la Corse.

    Les atouts de la SRA 535

    La SRA 535 donne de meilleurs rendements que la clémentine commune la plus cultivée en Corse (la SRA 92), quel que soit le porte-greffe utilisé.

    Les fruits du clémentinier SRA 535 se colorent plus tôt et c'est avec la combinaison SRA 535 greffée sur Poncirus Pomeroy que l'on récolte le plus de fruits lors du premier passage. Le clémentinier ayant des fruits dont la maturité s'étale sur deux mois, il est recommandé en effet de récolter les fruits au fur et à mesure de leur avancement en maturité et donc en plusieurs passages.

    Quel que soit le porte-greffe utilisé, la clémentine SRA 535 présente des pourcentages de fruits de gros calibre beaucoup plus importants que la SRA 92. La qualité des fruits du clémentinier SRA 535 est très semblable à celle des fruits du SRA 92. En effet, à calibre équivalent, les taux de jus et de sucre sont comparables, quel que soit le clémentinier ou le porte-greffe.

    D'où vient la clémentine ?

    Née à Misserghin près d'Oran en Algérie il y a une centaine d'année, la clémentine est issue d'un croisement naturel entre la mandarine commune et une orange douce. C'est ce qu'ont démontré les chercheurs de l'INRA de Corse en 2002, grâce à l'étude de ses chromosomes. Jusque-là, la clémentine était en effet considérée comme un croisement entre la mandarine commune et une orange amère (bigarade). Le père Clément (Vincent Rodier, 1829-1904), chef des pépinières de l'orphelinat de Misserghin (Algérie), a découvert un arbre différent dans une plantation de mandariniers de semis (non greffés). Cet arbre, planté parmi d'autres dans la cour de l'orphelinat, fut oublié jusqu'à ce que des enfants se régalent de ses fruits arrivant à maturité bien avant la mandarine commune. Le père Clément goûta lui aussi ces fruits et on donna son nom à ce nouveau fruit : la " clémentine ". En 1902, le professeur Trabut, de la société horticole d'Alger, publia dans la revue horticole française le premier article décrivant la clémentine. Le tout premier clémentinier commun introduit en Corse fut planté en 1925 par M. Don Philippe Semidei à Figaretto, sur la plaine orientale de l'île.