Le cochon GalSafe est dépourvu d’une molécule qui entraîne de sévères allergies. Il pourrait servir à fabriquer des médicaments, être un « réservoir » d’organes humains, ou encore permettre d'élaborer des produits alimentaires ou des cosmétiques allergéniques.


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    La Food and Drug Administration (FDA), régulateur de santé américain, vient d'approuver le premier cochon génétiquement modifié pour l'alimentation humaine et les usages médicaux. Le cochon, nommé GalSafe et produit par l'entreprise United Therapeutics, va pouvoir non seulement être consommé en temps que viande mais aussi être utilisé pour la production de produits pharmaceutiques ou pour la production « d'organes de remplacement ».

    Le cochon GalSafe possède un gène qui élimine la présence d'une moléculemolécule de sucre appelée galactosegalactose-alpha-1,3-galactose (alphagal). Cette molécule, présente chez de nombreux mammifèresmammifères (mais pas chez l'humain) est susceptible de causer des allergies chez certaines personnes et entraîne un rejet par le corps des greffes d'animaux.

    Le saviez-vous ?

    L’alphagal est soupçonnée d’être derrière les allergies aux viandes ou à la gélatine bovine ou porcine présente dans de nombreux produits alimentaires ou cosmétiques. La sensibilisation à l’aphagal peut être provoquée par les tiques qui inoculent du sang de mammifère dans la peau.

    De plus, l’Homme est dépourvu d’alphagal, il ne tolère pas les xénogreffes issues d’organes de porc. Pourtant, l’animal serait le plus approprié pour servir de pourvoyeur de valves cardiaques, poumon, foie, rein ou tendons. L’Homme fabrique en effet des anticorps anti-alphagal (IgG) qui entraînent un rejet aigu.

    Produits thérapeutiques, organes de remplacement et viande allergénique

    On comprend donc tout l'intérêt de ces cochons génétiquement modifiés. Le premier objectif d'United Therapeutics est de développer des produits médicaux, comme des anticoagulants (héparine), qui ne produiront pas d'allergiesallergies. Dans un second temps, la compagnie espère développer des organes compatibles avec le corps humain. En novembre, l'entreprise XenoTherapeutics a ainsi lancé un essai de phase 1 de transplantationtransplantation de peau issue de cochons GalSafe pour le traitement des grands brûlés.

    Même si des agréments supplémentaires seront nécessaires, la commercialisation de viande est aussi envisagée. La FDA explique d'ailleurs qu'elle n'a pas évalué le potentiel de préventionprévention des allergies de cette viande de cochon, se contentant de certifier que celle-ci est sûre pour la consommation humaine.

    Le cochon est un bon candidat pour produire des organes de remplacement humains. © vetza_yayo, Adobe Stock
    Le cochon est un bon candidat pour produire des organes de remplacement humains. © vetza_yayo, Adobe Stock

    Chèvre, poulet et saumon génétiquement modifiés

    La FDA a déjà approuvé des produits d'animaux génétiquement modifiés auparavant. En 2009, une protéineprotéine prévenant la formation de caillotscaillots sanguins produite par des chèvres modifiées avait ainsi été autorisée. En 2015, des poulets conçus pour fabriquer une enzymeenzyme spéciale avaient également reçu le feufeu vert des autorités. La même année, c'est le saumon AquAdvantage, grandissant deux fois plus vite, qui avait été approuvé. Le cochon GalSafe est cependant le premier animal certifié à la fois pour la consommation alimentaire et les usages médicaux.

    Il ne faut toutefois pas s'attendre à voir ces cochons déferler dans les rayons des supermarchés et les laboratoires. Pour l'instant, seuls 25 cochons GalSafe sont élevés dans une ferme de l'Iowa ; et il ne pourra sans doute pas être produit en massemasse comme un porc classique. De plus, l'alphagal n'est pas la seule cause de rejet dans les xénogreffesxénogreffes. D’autres modifications génétiques chez les cochons seront sans doute nécessaires afin de développer des organes pleinement compatibles pour une transplantation chez l'humain.