Une vaste étude portant sur 18 pays suggère que ce sont les glucides, plus que les graisses, qui sont dangereux pour la santé. Les auteurs souhaiteraient que certaines recommandations officielles soient réévaluées afin d’inciter les populations à manger moins de glucides.


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    L'alimentation est l'un des facteurs de risque qu'il est le plus simple de modifier pour prévenir certaines maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires. Nos aliments contiennent trois grandes familles de nutriments : les glucides, les protides et les graisses. En quelles proportions faut-il les consommer pour être en bonne santé ?

    Pour le savoir, des chercheurs ont étudié l'alimentation et la santé de plus de 135.000 personnes âgées de 35 à 70 ans dans 18 pays du monde, dans le cadre de l'étude Pure (Prospective Urban Rural Epidemiology). Le suivi a duré environ sept années. Les chercheurs ont trouvé que les régimes riches en glucides étaient courants : plus de la moitié des gens obtenaient leurs calories avec au moins 60 % de glucides, et un quart avec au moins 70 % de glucides. En Chine, en Asie du Sud et en Afrique, les apports glucidiques étaient élevés par rapport à d'autres régions du monde.

    Au cours du suivi, il y a eu 5.796 décès et 4.784 évènements cardiovasculaires. Les chercheurs ont séparé les participants en cinq groupes selon leur consommation de glucides et comparé les 20 % qui en consommaient le plus aux 20 % qui en consommaient le moins. Ils ont ainsi vu que des apports élevés en glucides augmentaient le risque de décès de 28 %.

    Inversement, les 20 % de personnes qui consommaient le plus de graisses (plus de 35 % de leurs apports énergétiques) réduisaient de 23 % leur risque de décès par rapport aux 20 % qui en consommaient le moins. Une consommation élevée de graisses saturées réduisait de 21 % le risque d'AVCAVC. Les graisses totales, saturées ou pas, n'étaient pas associées de manière significative au risque d'infarctus ou de mortalité cardiovasculaire. Les chercheurs ont aussi noté que de très faibles apports en graisses saturées (moins de 3 %) sont associés à un risque plus élevé de décès.

    En Chine et en Asie du Sud, les apports en glucides étaient plutôt élevés. © ArtCookStudio, Fotolia
    En Chine et en Asie du Sud, les apports en glucides étaient plutôt élevés. © ArtCookStudio, Fotolia

    Une mortalité élevée avec des apports en glucides importants

    Les auteurs concluent que des apports élevés en glucides sont associés à un risque élevé de mortalité, alors que les graisses sont liées à une mortalité plus faible. Les auteurs suggèrent que les recommandations alimentaires officielles soient reconsidérées au vu de ces résultats.

    Pour Mahshid Dehghan, de l'université McMaster (Ontario, Canada), qui s'exprime dans CBS News« l'étude a montré que, contrairement à la croyance populaire, la consommation accrue de graisses alimentaires est associée à un risque de mort moins élevé ». Elle ajoute : « Nous n'avons trouvé aucune preuve [qu'un apport de] moins de 10 % [en] énergieénergie par les graisses saturées est bénéfique, et aller en dessous de 7 % peut même être nocif. Les quantités modérées, en particulier lorsqu'elles sont accompagnées d'un apport en glucides plus faible, sont probablement optimales ».

    En France, les recommandations sont que les glucides couvrent environ 55 % des apports nutritionnels quotidiens, les lipideslipides 30 à 35 %, et les apports protéiques 10 à 15 %. Mais l'OMS recommande que les graisses ne dépassent pas 30 % de l'apport énergétique total. Pour la chercheuse, « les meilleurs régimes incluent un équilibre des glucides et des graisses, avec environ 50 à 55 % de glucides et environ 35 % de graisse totale, y compris les graisses saturées et insaturées ». Des valeurs proches des recommandations françaises en somme...

    Cette recherche paraît dans la revue The Lancet.


    Pour maigrir, la restriction des glucides primerait sur celle des graisses

    Article de Relaxnews paru le 6 septembre 2014

    Un régime pauvre en glucides serait plus efficace pour perdre du poids et prévenir les maladies cardiovasculaires, selon des chercheurs de l'université de Tulane, l'université Johns Hopkins et du Kaiser Permanente.

    Un temps très en vogue chez les Anglo-Saxons, le régime « low carb » (pauvre en glucides) a toujours eu ses détracteurs parmi les professionnels de la santé, surtout parce qu'il permet de consommer sans regarder des aliments gras longtemps déconseillés à ceux qui tentent de maigrir. Mais la situation semble évoluer, surtout suite à une étude récente sur la question publiée dans le journal Annals of Internal Medicine. Un groupe de chercheurs a voulu déterminer les effets d'un régime pauvre en glucides sur la préventionprévention des maladies cardiovasculaires. Cette efficacité restait jusqu'alors inconnue, puisque peu de tests, voire aucun, n'ont été réalisés sur un groupe de participants assez variés.

    Pour l'étude, les chercheurs ont travaillé avec 148 hommes et femmes, dont une moitié de noirs et une moitié de blancs. Tous étaient considérés comme obèses selon leur indice de masse corporelleindice de masse corporelle (IMC). De manière aléatoire, les chercheurs ont assigné à chaque participant soit un régime pauvre en glucides (moins de 40 g par jour), soit un régime pauvre en graisses (moins de 30 % des calories journalières provenant des matièresmatières grasses). Les deux groupes étaient soumis à un suivi diététique régulier, et aucun objectif n'a été fixé quant au nombre de calories consommées par jour, ni quant à l'activité physiquephysique. Les chercheurs notent néanmoins que le niveau d'activité physique était assez similaire entre les deux groupes pour ne pas avoir d'incidenceincidence sur les résultats.


    Le régime méditerranéen, encore appelé le régime crétois, est considéré comme un des meilleurs qui soit. On peut le caractériser par une consommation en abondance de fruits, légumes, céréales et huile d'olive, et une consommation faible de viande et de produits laitiers. © Visit Greece, YouTube

    Moins de sucre, c'est 3,5 kg de moins qu'avec moins de gras

    Ayant enregistré des données sur le poids et d'autres facteurs de risque cardiovasculaire au début de l'étude, les chercheurs ont convoqué les participants à intervalles réguliers (après 3, 6 et 12 mois) afin de prendre des mesures et vérifier le maintien continu du régime. Les chercheurs ont éliminé les données des participants qui ont abandonné le programme avant la fin des 12 mois. Au final, le régime pauvre en graisses a été suivi jusqu'au bout par 60 participants (82 %). Résultat similaire pour le régime pauvre en glucides, suivi pendant l'année entière par 59 participants (79 %).

    Mais parmi ces participants restants, ceux qui ont évité les glucides ont perdu 3,5 kgkg de plus en moyenne comparés aux adhérents au régime pauvre en lipides. Les premiers ont également démontré des baisses plus significatives de leurs indices de masse grasse et d'autres facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. En plus, les taux sanguins de certains lipides pouvant indiquer un risque accru de maladie cardiovasculaire étaient moins élevés chez le groupe « low carb ».

    Conclusion plus curieuse de l'étude : la réduction du tour de taille était plus importante chez les adhérents au régime pauvre en graisses lors des contrôles à 3 mois et à 6 mois, bien que cette différence se soit nivelée à la fin de l'étude.