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Personne n'avait jamais vu le virus de l'hépatite C. Surprenant mais vrai. De taille et de forme variable, il avait jusqu'à présent réussi à passer inaperçu. Jusqu'à ce que l'équipe de Jean-Christophe Meunier (Inserm) le démasque et mette ainsi au jour son mécanisme d'infection, au terme de quatre ans de travail.
« En général, les virus sont des structures très homogènes, avec une même forme, une même taille et une même structure », explique Jean-Christophe Meunier de l'unité Inserm 966 Morphogenèse et antigénicité du VIH et des virus des hépatites de l'université de Tours. Or, il se trouve que le virus de l'hépatite C est très variable. C'est pourquoi, jusqu'à présent, aucun scientifique n'avait réussi à l'observer au microscopemicroscope. Il se cachait, en quelque sorte.
Le virus VHC, agent de l'hépatite C, observé au microscope électronique à transmission. On remarque sa stratégie du cheval de Troie : la particule virale proprement dite, limitée par la nucléocapside, s'est entourée de lipides, prélevés chez son hôte. Le virus ressemble alors à s'y méprendre aux particules virolipidiques circulant dans le sang. Il a fallu 25 ans aux biologistes pour le repérer... © BMJ, British Society of Gastroenterology 2016
Le VHC avance masqué
Dans le détail, « ce virus détourne la voie des lipoprotéines, des transporteurs qui charrient le cholestérol du foiefoie pour nourrir des organes », détaille Jean-Christophe Meunier. Non seulement, il s'attache à ces structures sphériques mais il fusionne avec elles, formant alors un mélange monstrueux, également qualifié d'hybridehybride virolipidique. Et indétectable. « Il fonctionne un peu comme un cheval de Troiecheval de Troie car il utilise les lipoprotéines pour rentrer dans ses cellules cibles, les cellules hépatiques. »
L'équipe tourangelle est enfin parvenue à distinguer ces fameuses particules virolipidiques des simples lipoprotéines circulant dans du sérumsérum de patients. Un travail rendu possible grâce à la plateforme de microscopie électronique de l'université de Tours.
« Il ressemble à une simple petite sphère blanche au milieu d'autres sphères blanches lipidiques dans le sang », décrit Jean-Christophe Meunier. Cette espèceespèce de « sandwich lipidique est composée en son centre de l'ARNARN viral et du noyau du virus délimités par une première monocouche de phospholipidesphospholipides ». « Cette structure concordeconcorde tout à fait avec des travaux antérieurs de biologie moléculairebiologie moléculaire qui prédisaient cette organisation. Ces observations valident donc 25 ans de travail de la communauté scientifique », se réjouit-il.
Des traitements efficaces sont aujourd'hui disponibles en cas d'hépatite Chépatite C mais aucun vaccinvaccin n'a encore été trouvé. Or, pour développer un vaccin, « on doit savoir vers quelle protéineprotéine du virus il faudra le diriger, souligne Jean-Christophe Meunier. Dans ce cas, nous avons pu confirmer que les protéines d'enveloppe du virus sont toujours disponibles à la surface du virus ». Faisant d'elles une cible parfaite pour le vaccin.