Le suicide est la cause de décès de près de 10 000 personnes par an en France. C’est l’un des taux les plus élevés d’Europe. Les hommes sont beaucoup plus concernés que les femmes. Et si le suicide avait une origine génétique et héréditaire ?
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Une nouvelle étude parue dans le JAMA Psychiatry s'est demandé s'il existait un terrain génétique pour le suicide, en particulier pour les pensées et les comportements suicidaires. Dans cette étude de grande ampleur, démarrée en 2011 et toujours en cours, 633 778 vétérans militaires américains ont pu être inclus. Le panel comportait 57 152 femmes et 576 626 hommes, 121 118 personnes d'origine africaine, 8 285 d'origine asiatique, 452 767 d'origine européenne et 51 608 personnes d'origine hispanique. Les données de leur dossier médical militaire ont été consultées : 121 211 individus souffraient de pensées et de comportements suicidaires, soit 19,1 %.
Qu’est-ce qu’un GWAS ?
Chacun d'entre nous possède un génome constitué d'environ 3 milliards de paires de bases. Entre deux personnes, il y a une différence de paires de bases environ toutes les 1 000 paires de bases. Ces différences s'appellent des polymorphismes (ou SNP pour single nucleotide polymorphismsingle nucleotide polymorphism, en anglais)). C'est grâce aux SNP que nous sommes tous différents : taille, visage, couleurcouleur de cheveux... mais aussi susceptibilité à développer certaines maladies. Une GWAS (Genome Wide Association Study) permet d'analyser les SNP d'un grand nombre de personnes afin de les comparer entre eux et d'établir si un SNP est corrélé à une maladie spécifique, ici les pensées et comportements suicidaires.
Des gènes de prédisposition au suicide
L'analyse des résultats a montré que plus de 200 SNP étaient associés aux pensées et comportements suicidaires. Ces 200 SNP sont situés sur sept régions différentes (chromosome 2, 6, 9, 11, 14, 16 et 18). Une grande partie était sur des régions introniques, donc non codantes (dépourvues de gènes). En tout, quatre gènes - ESR1, DRD2, TRAF3, DCC - ont pu être associés aux pensées et comportements suicidaires. ESR1 est un récepteur aux œstrogènesœstrogènes ; ce gène a déjà été relié au syndrome post-traumatique et à la dépression. DRD2 est un récepteur à la dopaminedopamine ; il a déjà été associé à la schizophrénieschizophrénie, au TDAH, aux troubles de l'humeur et à l'alcoolisme. TRAF3 a été relié à la toxicomanie et au TDAH. Enfin, DCC aurait un lien avec les troubles psychiatriques. Ces gènes s'expriment principalement dans les tissus cérébraux et hypophysaires.
Des travaux complémentaires sont maintenant nécessaires pour comprendre comment ces gènes impactent les pensées suicidaires. L'étape suivante sera, peut-être, de mettre au point des thérapiesthérapies ciblées pour prévenir le risque suicidaire chez les personnes prédisposées par la génétique, en particulier lors d'événements de la vie potentiellement déclencheurs. Les auteurs supputent que le lithiumlithium, un traitement de référence pour réduire le risque suicidaire, modulerait l'expression de TRAF3 par exemple.