La résistance des bactéries aux antibiotiques inquiète depuis déjà quelque temps. Dernièrement, l'Institut Pasteur, en collaboration avec l'INVS et l'Inra, a pointé du doigt l'utilisation illégale des antibiotiques dans les élevages, ayant conduit à une souche de salmonelle résistante à presque tous les antibiotiques. Le risque d'épidémie est avéré. 

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    Entre 2009 et 2010, la France à elle seule a confirmé 270 cas de salmonelle résistante aux antibiotiques. © Phovoir

    Entre 2009 et 2010, la France à elle seule a confirmé 270 cas de salmonelle résistante aux antibiotiques. © Phovoir

    L'utilisation désordonnée, et contraire à la réglementation, qui est parfois faite des antibiotiques dans les élevages, accroît le risque de bactériorésistance. C'est connu... et c'est exactement ce qui est en train de se produire avec une salmonelle d'un type nouveau, s'alarme l'Institut Pasteur. Avec l'Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire (INVS) et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), il appelle donc au maintien d'une veille microbiologique nationale et internationale, et à l'utilisation raisonnée d'antibiotiques dans les élevages.

    Dans le cadre d'une vaste étude internationale, des chercheurs de l'Institut Pasteur, de l'Inra et de l'INVS ont remarqué « l'émergenceémergence soudaine et préoccupante d'une salmonelle devenue résistante à presque tous les antibiotiques », indiquent les experts français. Cette souche aurait pour principal vecteur la volaille. L'existence de cette bactérie, appelée Salmonella kentucky, a été détectée dès 2002 chez un petit nombre de voyageurs qui revenaient d'Égypte, du Kenya et de Tanzanie. Elle présentait déjà des résistancesrésistances à de nombreux antibiotiques, dont les fluoroquinolonesfluoroquinolones, qui constituent l'un des traitements clés des salmonelloses sévères. Or ces bactéries représentent une des premières causes d'infections alimentaires chez l'Homme.

    On utilise encore trop d'antibiotiques dans les élevages ! © Phovoir

    On utilise encore trop d'antibiotiques dans les élevages ! © Phovoir

    Une bactérie multirésistante qui s'implante en Europe

    « La collecte des données épidémiologiques a permis aux chercheurs de suivre en temps réel la chronologie de la spectaculaire explosion de cette bactérie », racontent les experts de l'Institut Pasteur. Et quelle explosion ! Entre 2002 et 2008, la veille sanitaire recensait 500 cas en France, au Royaume-Uni et au Danemark. Entre 2009 et 2010, la France à elle seule a confirmé 270 cas !

    « Dans plus de 10 % des cas, les patients n'ont pas déclaré de séjour à l'étranger. La bactérie commence donc selon toute vraisemblance à s'implanterimplanter en Europe, multipliant ainsi le risque d'une contamination de la volaille d'élevage et donc la menace d'une propagation à grande échelle », souligne l'Institut Pasteur.

    Attention à l'épidémie

    Plusieurs résistances semblent s'être cumulées sur la même souche de Salmonella kentucky. Au début des années 1990 en effet, « un fragment d'ADNADN comprenant des gènesgènes de résistance à six moléculesmolécules s'est intégré dans le chromosomechromosome de Salmonella kentucky ». Quelques années plus tard, la résistance aux quinolones est apparue par mutation, puis celle aux fluoroquinolones au début des années 2000. « C'est le cumul de toutes les résistances sur la même souche qui serait ainsi à l'origine de l'épidémieépidémie actuelle », estiment les experts. L'explosion récente du nombre de cas, quant à elle, serait liée à la propagation de la bactérie en Afrique dans la filière volaille, grande consommatrice d'antibiotiques.

    « Les résultats de cette étude soulignent l'importance d'une veille microbiologique sur le plan national et international, en particulier pour les pays du Sud. Ils rappellent le risque pour la santé humaine, de l'utilisation non réglementée des antibiotiques dans les élevages, qui favorise l'apparition et la propagation des gènes de résistance chez des bactéries responsables d'infections alimentaires », insistent les experts des trois instituts français.