La résistance aux antibiotiques constitue, selon l'Organisation mondiale de la santé, l'une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. Et des chercheurs présentent aujourd'hui des résultats peu rassurants en la matière. La résistance d'Helicobacter pylori a tout simplement doublé en seulement vingt ans.
[EN VIDÉO] Des bactériophages pour contrer les bactéries résistantes aux antibiotiques Les antibiotiques sont de moins en moins efficaces car les bactéries sont de plus en plus résistantes. L’Institut Pasteur travaille donc au quotidien sur des solutions dont l'une utilise les bactériophages, des virus n'infectant que les bactéries. Laurent Debarbieux, responsable du groupe Interactions bactériophages-bactéries chez l’animal, nous en parle plus en détail durant cette interview.
Dans certaines circonstances, les bactéries développent une tolérance aux médicaments censés les traiter. On parle alors de résistance aux antibiotiques. Un phénomène qui a tendance à prendre de l'ampleur. Et qui menace des vies humaines. On estime en effet à au moins 56.000 le nombre de personnes qui meurent chaque année des suites d'une infection par une bactérie résistante aux antibiotiques.
Ainsi, Helicobacter pylori est une bactérie qui infecte la muqueuse gastrique. Elle est associée à 80 % des ulcères gastro-duodénaux, mais aussi au lymphome et au cancer gastrique. Plus de la moitié de la population mondiale serait infectée sans pour autant présenter de symptômes. Mais les infections à H. pylori sont difficiles à traiter et nécessitent l'usage d'une combinaison de médicaments.
Des résultats préoccupants
Or, les résultats préliminaires d'une étude menée sur 1.200 personnes dans 18 pays d'Europe - et présentés à l'occasion de la Semaine de la gastroentérologie (Barcelone) - suggèrent que la résistance à la clarithromycine, un antibiotique couramment utilisé pour vaincre la bactérie H. pylori, est passé de 9,9 % en 1998 à 21,6 % l'année dernière. Et des augmentations similaires de résistance à la lévofloxacine et au métronidazole auraient aussi été relevées, même si en moindres proportions.
Des conclusions que les chercheurs qualifient de préoccupantes. Car H. pylori est la principale cause de maladies peptiques et de cancer de l'estomac, un cancer considéré comme la troisième cause de décès par cancer dans le monde. Les spécialistes imputent volontiers cette résistance à la surconsommation d’antibiotiques pour des affections courantes comme le rhume ou la grippe et craignent que cette résistance croissante de H. pylori compromette, à l'avenir, les stratégies de prévention.