Suite à un infarctus cérébral, un patient de 64 ans a été atteint d'un trouble de la vision très étrange : tous les objets lui semblent plus petits de 30 %. Une distorsion qu'il a appris à compenser, non sans mal, dans sa vie quotidienne.
Le 28 décembre 2017, un homme de 64 ans nommé DN est admis en urgence à l'hôpital avec une hémiplégie du côté gauche. Onze jours auparavant, le patient s'était plaint d'une baisse de vue temporaire, suite à laquelle une IRM avait été pratiquée. Cet examen avait alors révélé un infarctus cérébral dans la partie droite du lobe occipital et le lobe pariétal. Le 28 décembre, les médecins constatent que l'infarctus s'est étendu à une plus large partie du cerveau, provoquant l'hémiplégie.
Chérie, les rideaux ont rétréci !
C'est alors que DN s'aperçoit d'un phénomène étrange : tout son environnement lui apparaît rétréci. Il achète par erreur un T-shirt XL qu'il croyait de taille M. Les portes lui paraissent trop petites pour les franchir et les rideaux du salon lui semblent tellement courts qu'il s'imagine que sa femme a dû les passer à la machine à laver. Dans la rue, toutes les distances sont également raccourcies. En comparant la taille des objets et des personnes avec celles dont il se souvient, il constate que tout est 30 % plus petit. DN s'aperçoit aussi qu'il a des problèmes avec le champ visuel côté gauche. Lorsqu'il essaye de lire, il saute des phrases entières parce qu'elles sont situées sur la page gauche. En revanche, il ne souffre pas d'autres séquelles neurologiques : sa mémoire et ses capacités cognitives sont intactes.
Une baisse de la vision à gauche, compensée par un rétrécissement global de la réalité
Pour mieux comprendre cette étrange distorsion, Nils van den Berg et ses collègues de l'université d'Amsterdam ont fait passer divers tests visuels à DN. Lors d'une étude dont les résultats ont été publiés dans Neurocase, ils lui ont par exemple demandé d'estimer la taille de différents cubes, qu'il a évaluée en moyenne à 73 % de leur taille réelle. D'autres tests ont montré que DN avait également du mal à appréhender les formes et les objets en mouvement, mais uniquement dans le champ visuel gauche. Les médecins suggèrent que la vision globalement « rétrécie » provient d'un phénomène de compensation, où l'œil droit essaie de contrebalancer la mauvaise vision du champ visuel gauche. « Le résultat donne une apparence plus petite aux objets, mais qui reste une représentation symétrique et compréhensive de la réalité », explique Nils van den Berg. La lésion de DN dans le lobe occipital droit expliquerait la distorsion du champ visuel gauche, ce dernier étant projeté dans l'hémisphère droit du cerveau.
Micropsie et « Alice au pays des merveilles »
Le mal dont souffre DN est rare mais pas unique : cela s'appelle une métamorphopsie, un trouble de la vision caractérisé par une déformation des images. Il en existe plusieurs sortes. Celui de DN, où les objets apparaissent plus petits, est la micropsie. Il existe la forme inverse, la macropsie, où les objets sont grossis. Dans le « syndrome d'Alice au pays des merveilles », les patients souffrent d'une dissociation leur faisant croire que leurs propres membres sont allongés ou déformés. Décrits dans la littérature scientifique, ces cas font le plus souvent suite à des commotions cérébrales, mais leur origine exacte demeure encore très floue.
Trois mois après son infarctus cérébral, DN va mieux. Il retrouve peu à peu l'usage de son bras gauche. Il continue en revanche à voir le monde en plus petit mais s'en accommode. Il compare les objets inconnus avec ceux qui lui sont familiers pour estimer leur taille, et lorsqu'il fait du vélo ou qu'il conduit une voiture, il reste collé près du trottoir pour ne pas risquer une collision.
- Suite à un infarctus cérébral, un patient de 64 ans voit tous les objets rétrécis de 30 % de leur taille réelle.
- Ce trouble, appelé micropsie, s’explique à la fois par la lésion cérébrale et par un phénomène de compensation entre les deux champs visuels.
- Le patient a appris à estimer la taille des objets en les comparant pour se débrouiller dans la vie courante.
Les fleurs tournantes d'Akiyoshi Kitaoka À bien les regarder, ces figures circulaires se mettent à tourner, comme des engrenages. Cette illusion qui trompe l’analyse du mouvement est due au Japonais Akiyoshi Kitaoka, professeur du département de psychologie de l’université Ritsumeikan, à Kyoto. © Akiyoshi Kitaoka, DR
Les serpents tournants d'Akiyoshi Kitaoka Vous avez certainement déjà croisé ces serpents ; ils sont l’œuvre du Japonais Akiyoshi Kitaoka. Ils sont matérialisés par une multitude de cercles, composés eux-mêmes de cercles concentriques. Lorsque nous balayons du regard cet assemblage, ils s’animent sous l’effet de la répétition et de la concentricité. © Akiyoshi Kitaoka, DR
L'échiquier d'Adelson et son cylindre vert En 1995, Ted Adelson publie son échiquier. Deux cases A et B, pourtant d’une même couleur, nous semblent différentes. Notre œil est trompé par l’ombre portée du cylindre vert et les cases foncées autour de la case B (ou les cases claires à côté de la case A). Il rectifie et éclaircit automatiquement B. Avouez que même en le sachant, vous avez du mal à nous croire !
L'impossible triangle de Penrose Cet objet impossible a été conçu par Roger Penrose dans les années 1950. Malgré de nombreuses tentatives de réalisation en 3D, ce triangle conçu à partir de barres à section carrée se croisant de façon perpendiculaire, ne peut exister qu'en deux dimensions. Certaines animations démontrent par la cassure du triangle l'impossibilité de sa réalisation concrète en 3D. © Tobias R., Wikimedia Commons, CC by-sa 2.5
L'escalier sans fin de Penrose Chez les Penrose, on est passionné par les illusions d’optique. Quand Roger Penrose dessine le triangle, son fils Lionel prend la relève et imagine un escalier tout aussi impossible à réaliser. En revanche, sur le papier, l’escalier à angles droits semble monter à l’infini dans une boucle où haut et bas se rejoignent. © DP
Le cube de Necker et la perspective cavalière Toute l’ambiguïté du cube de Necker repose sur la perspective cavalière. Nous reconnaissons tous les dessins du cube dont les bords sont parallèles. Le relief y est suggéré. Mais, à y regarder de plus près, est-ce si évident ? À l’intersection des lignes, deux interprétations sont possibles pour l’Homme et l’œil n’arrive pas à faire la part des choses. © GNU
La perspective paradoxale d'Escher Largement utilisée par Escher dans son travail, la perspective paradoxale est un art graphique. Elle s’appuie sur les illusions d’optique pour construire des formes, des paysages ou des constructions improbables. Cette figure, par exemple, réfute toute loi de la logique, votre maître d’œuvre s’en arracherait les cheveux ! © Roby, GFDL
L'illusion de Orbison et l'effet d'angle À la manière de Hering, Orbison montre en 1939 que l’effet d’angle d’une figure trompe notre cerveau. Les flèches nous font dire qu’il existe une perspective, et le carré semble déformé. Une fois de plus, ce n’est qu’illusion ; faites abstraction du bleu et vous verrez un beau carré avec quatre coins perpendiculaires. © Mysid, DP
L’illusion de Delbœuf et ses cercles concentriques Lequel de ces deux ronds est le plus grand ? Celui de gauche ? Perdu, ils ont tous les deux le même diamètre ! Cette illusion joue avec notre perception de la grandeur et le rond encerclé nous apparaît plus grand. Une illusion d’optique très proche de celle d’Ebbinghaus. © Famousdog, Wikipedia, CC by 3.0
L'illusion d’Ebbinghaus ou les cercles de Titchener Les deux ronds orange possèdent le même diamètre. Pourtant, celui de droite paraît plus grand. Quelle en est la cause ? Des études récentes suggèrent que cette illusion d’Ebbinghaus, aussi appelée « cercles de Titchener » (du nom du livre qui les a rendus célèbres, The Titchener circles), repose sur l’éloignement des cercles : plus ils sont près du rond central, plus ce dernier paraît grand. Autrement dit, le cerveau reconstitue un disque imaginaire autour des cercles situés au plus proche. S’ils sont trop éloignés, comme sur la figure de gauche, le rond central apparaît comme indépendant, et donc, plus petit. © DP
L’illusion d’Ouchi et la perception du mouvement Cette illusion est très impressionnante et joue avec la perception du mouvement. Le même motif est répété deux fois : à la verticale et à l’horizontale. Placé en fond, il reste immobile. Lorsque l’on vient superposer un cercle avec ce même motif mais disposé à l’horizontale, alors l’intérieur du cercle semble bouger. Pourtant l’image est statique. © Ouchi
Les cercles rotatifs, une illusion de rotation Que voyez-vous ? Deux cercles. Maintenant, fixez le point noir, éloignez-vous et approchez-vous. Ils bougent en sens inverse ! Cet effet est dû au relief des trapèzes qui composent le cercle, car leurs vecteurs n’ont pas la même direction. © Fibonacci, CC by-sa 3.0
L’illusion du mur de café, décrite par Richard Gregory C’est sur le mur d’une terrasse de Bristol, en Angleterre, que Richard Gregory a remarqué un curieux effet : la faïence, dont les carreaux noirs et blancs sont intercalés, présente des courbes. Chose curieuse, puisque tous les carreaux sont, par définition, carrés. De plus, les lignes, parallèles, semblent vouloir se rencontrer. Le docteur Gregory en fut tellement interloqué qu’il décida d’en parler dans un numéro de la revue Perception. © Fibonacci, CC by-sa 3.0
La chambre d’Ames et son trapèze Cette chambre est tout à fait particulière. En forme de trapèze, elle donne l’illusion d’être cubique si l’on se place à un point précis. C’est alors que deux personnes placées à la même hauteur ont l’air d’avoir deux tailles différentes. Pratique, cet effet est utilisé au cinéma. © Mosso, CC by-sa 2.0