Si vous appartenez à cette catégorie de personnes qui s’inquiètent pour leur niveau de cholestérol, vous regarderez peut-être d'un autre œil le lard et les œufs… Une nouvelle étude attribue en effet à ce lipide tant diabolisé certains effets bénéfiques.


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    Molécule de cholestérol. Crédit : 3Dchem

    Molécule de cholestérol. Crédit : 3Dchem

    « Nous ne nous attendions vraiment pas à obtenir ce genre de résultat », s'étonne le professeur de kinesthésie Steven Riechman, co-auteur de l'étude avec Simon Sheather, directeur du département de statistiques, ainsi que d'autres chercheurs du Johns Hopkins Weight Management Center et du Northern Ontario School of Medicine, publiée récemment au Journal of Gerontology.

    Il y a effectivement de quoi surprendre. L'équipe a utilisé un groupe de 55 hommes et femmes entre 60 et 69 ans, non fumeurs et en bonne santé. Trois jours par semaine durant trois mois, ces volontaires ont été soumis à plusieurs exercices, comprenant notamment de l'éducation physiquephysique, de la bicyclettebicyclette ergonomique ainsi que des poids et haltères. Ceux qui ont manqué une ou plusieurs sessions ont été invités à effectuer des exercices complémentaires, afin qu'au terme de l'expérience, tous aient subi le même niveau d'activités. En outre, tous les participants ont consommé les mêmes repas durant cette période.

    A l'analyse des résultats, les chercheurs ont constaté une nette corrélation entre le niveau de cholestérol et le bénéfice apporté par cette activité physique. En règle générale, les personnes dont le taux de cholestérol était le plus élevé ont enregistré la plus forte augmentation du volumevolume musculaire.

    Le cholestérol, un ennemi qui vous veut du bien ?

    Selon Riechman, la clé de l'énigme pourrait se trouver dans la réponse inflammatoire des muscles, dans laquelle le cholestérol joue un rôle important. « Pendant que vous vous exercez physiquement, vos muscles peuvent devenir endoloris. Un taux de cholestérol plus élevé peut avoir pour conséquence une réaction inflammatoire accrue. Nous savons que ce processus n'est pas indiqué dans certaines régions, telles le muscle cardiaquemuscle cardiaque, mais ailleurs cela peut être salutaire et le cholestérol semble favoriser ce processus », explique le chercheur.

    L'étude a aussi démontré un gain musculaire moins important chez les participants qui se soumettaient à un traitement en vue d'abaisser leur taux de cholestérol. Mais il serait prématuré de conclure définitivement devant de tels résultats. « Nous devons encore aborder un certain nombre de questions, convient Riechman. Qu'arrive-t-il exactement au cholestérol pendant un exercice physique intensif ? Quel rôle jouent les protéines dans tout ceci ? Nous devons maintenant nous efforcer de tracer le chemin parcouru par le cholestérol à partir du moment où il pénètre dans les muscles. »

    Mais ne jouons pas avec le feu…

    En association avec un exercice physique soutenu, le cholestérol semble ainsi jouer un rôle décisif dans la reconstruction et l'apport musculaire, précise Riechman, ce qui ne signifie pas que les personnes tendant à s'avachir devant un match de foot à la télé, coincés entre une cannette de bière et une pizza froide ne doivent plus s'inquiéter de leur taux de cholestérol...

    « Nos résultats démontrent que la réduction du taux de cholestérol en cours d'exercice semble affecter négativement la massemasse musculaire, résume Riechman. Si cela se confirme, cela suggèrerait un rôle important du cholestérol dans le processus de régulation des muscles, et nous devrons déterminer exactement comment cela se produit. Et parce que le cholestérol est aussi associé à de nombreux troubles cardiovasculaires, nous devons effectuer davantage d'études en ce sens afin de déterminer le juste équilibre ».

    Prudent, il conclut que ces résultats démontrent surtout que « nous ignorons beaucoup de choses au sujet du cholestérol ».