Notre comportement serait-il uniquement dicté par notre cerveau ? Des études sur la souris démontrent que notre système immunitaire n’y serait pas non plus totalement étranger...

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    Comparaison du ventre d'une souris mutée dans le gène Hoxb8 (en haut) avec une souris saine (en bas). Crédit Cell

    Comparaison du ventre d'une souris mutée dans le gène Hoxb8 (en haut) avec une souris saine (en bas). Crédit Cell

    Le système nerveux est composé de deux sortes de cellules : les neurones et les cellules gliales. Ces dernières constituent la microglie, qui assure la défense immunitaire du système nerveux. Leur rôle est donc a priori de sauvegarder la bonne marche du « vrai » système nerveux et de toutes ses fonctions, assurées par les neurones. Ces cellules immunitaires pourraient-elles alors avoir un rôle direct dans le comportement ? Cela n'avait jamais été montré... jusqu'à aujourd'hui !

    Nous avons l'impression de dicter consciemment notre comportement en fonction de nos envies et de nos choix. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas : les TOC, ou troubles obsessionnels compulsifs, gâchent la vie de nombreuses personnes. Parmi celles-ci, les personnes sujettes à la trichotillomanie s'arrachent compulsivement les poils et les cheveux. Aucun traitement n'étant réellement efficace contre ce genre de trouble, les patients s'impatientent...

    La « greffe-médicament » pour demain ?

    La trichotillomanie, observée chez les humains, rappelle tout à fait le comportement de souris dont le gène Hoxb8 est muté : ces rongeursrongeurs passent deux fois plus de temps à se nettoyer, ce qui résulte en la perte totale des poils du ventre et à l'apparition de blessures dues aux trop nombreux coups de dents. Mario Capecchi et son équipe de l'Université d'Utah de Salt Lake City ont montré que le gène Hoxb8 est exprimé dans le cerveaucerveau, mais uniquement dans les cellules microglialescellules microgliales, et que les cellules microgliales sont moins abondantes dans les souris possédant la mutation du gène.

    Or ce gène Hoxb8 est également impliqué dans la formation des cellules dérivées de la moelle osseusemoelle osseuse que sont entre autres... les cellules microgliales. Serait-il alors possible, par une simple greffegreffe de moelle osseuse saine, de modifier le comportement de souris malades ? C'est ce que l'équipe de Mario Capecchi a réussi à démontrer. La greffe de moelle osseuse saine sur des souris mutées rétablit un comportement normal pour une duréedurée de quatre mois. A l'inverse, des souris saines greffées par une moelle osseuse mutée ont commencé à se toiletter davantage et à voir apparaître peu à peu des halos sans poils au niveau du ventre, signes de l'apparition du trouble du comportement.

    Ces études démontrent pour la première fois le lien direct entre l'immunitéimmunité et le comportement. Bien que ces travaux soient prometteurs, il ne s'agit que de l'étude d'un gène en particulier, en outre sur la souris. La greffe de moelle osseuse pour guérir les troubles du comportement semble donc encore une idée bien trop ambitieuse pour l'heure. Mais pourquoi ne pas l'espérer ?