Apparu il y a quelques mois, un coronavirus cousin du Sras a déjà tué plus de la moitié des patients qu’il a infectés. Si l’on connaît son génome et sa propension à passer d’Homme à Homme, on ignore encore son réel pouvoir pathogène et pourquoi il s’en prend si peu aux femmes…

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Doit-on s'inquiéter ou se rassurer ? C'est un peu la question que se posent les scientifiques qui étudient le coronavirus NCoV depuis septembre dernier, et la révélation d'un patient en état critique suite à l'infection par un virus jusqu’alors inconnu. Depuis, 12 autres personnes ont été infectées, et sept des malades en sont morts.

La réaction des autorités sanitaires n'a pourtant pas tardé. Quelques jours après la détection du pathogènepathogène, la Health Protection Agency britannique séquençait son génomegénome et déterminait son arbre phylogénétiquearbre phylogénétique. Même si on le présente comme un cousin du virusvirus du Sras, responsable d'une épidémieépidémie de pneumonie atypique entre 2002 et 2003 causant plus de 800 morts dans le monde, il ressemble davantage à un virus retrouvé chez la chauve-sourischauve-souris.

Chauve-souris, chèvre, Homme : qui est le réservoir ?

Cependant, rien ne permet d'affirmer que le mammifèremammifère volant en est le vecteur. Le premier patient, d'origine qatarie, est propriétaire d'une exploitation agricole, avec des chameaux et des chèvres. Quelques jours avant qu'il ne tombe malade, certaines chèvres ont été touchées par une fièvrefièvre ainsi que d'autres symptômessymptômes. Or, le passage de l'animal à l'Homme n'est pas un phénomène exceptionnel : en témoignent le VIH provenant du singe, la grippe aviaire ou la grippe A(H1N1), transmise par les porcs.

Retracer l'origine de tous les cas serait une bonne chose. Cela permettrait aux spécialistes, réunis à Washington D.C., lors du congrès annuel de biodéfense de l'American Society for Microbiology, de déterminer si ces transmissions sont exceptionnelles ou si, au contraire, elles tendent à se généraliser, faisant de l'Homme un réservoir de NCoV.

Des cas sévères, un seul cas modéré

Voilà un autre aspect essentiel : le point de départ de l'épidémie. Les onze premiers patients avérés vivent ou ont transité par des pays du Moyen-Orient. L'Arabie saoudite a connu à elle seule 6 cas par exemple. Dernièrement, un Britannique de 60 ans qui était passé par ce pays, puis était parti au Pakistan avant de rentrer au Royaume-Uni présentait déjà les symptômes dans son voyage en avion. Aucun des autres passagers n'a été infecté.

Les scientifiques restent partagés sur le mode de transmission éventuel de NCoV. Si certains pensent que, comme tous les membres de son genre, le virus se retrouve dans des gouttelettes en suspension dans l'air, d'autres considèrent que le fait qu'il soit si peu contagieux implique qu'il pénètre dans les organismes par un autre moyen... Un masque suffit-il à nous en préserver ? © Yasser Alghofily, Flickr, cc by 2.0
Les scientifiques restent partagés sur le mode de transmission éventuel de NCoV. Si certains pensent que, comme tous les membres de son genre, le virus se retrouve dans des gouttelettes en suspension dans l'air, d'autres considèrent que le fait qu'il soit si peu contagieux implique qu'il pénètre dans les organismes par un autre moyen... Un masque suffit-il à nous en préserver ? © Yasser Alghofily, Flickr, cc by 2.0

Néanmoins, son fils de 39 ans et une parente de 30 ans ont, suite à son retour, contracté également la maladie, avec des sorts différents. Le fils, atteint d'un cancer et dont le système immunitairesystème immunitaire était affaibli, est mort. La femme, elle, est jusque-là la seule patiente à n'avoir eu besoin d'aucun traitement pour se remettre de la maladie. Tous les autres ont été atteints d'une pneumonie sévère et d'insuffisance rénaleinsuffisance rénale nécessitant une prise en charge par les services de réanimation des hôpitaux.

NCoV, le virus qui préfère les hommes aux femmes

Cela révèle une réalité mais pose plusieurs questions. Si la transmission d’Homme à Homme semble désormais avérée, les femmes semblent relativement épargnées. En effet, sur les 13 cas constatés, seuls deux étaient des femmes et encore, l'une d'elles n'a pas eu besoin de prise en charge pour s'en remettre. Intrigant.

D'autre part, les scientifiques s'interrogent sur le réel pouvoir pathogène du virus. Est-il possible que NCoV infecte beaucoup de monde, causant des symptômes faibles à modérés, le rendant inaperçu sauf dans quelques rares cas ? Ou bien se montre-t-il ravageur à chaque fois ? Pour cela, il faudrait réaliser des études épidémiologiques afin de détecter la proportion réelle de personnes infectées ou ayant été infectées, en collaboration avec les principaux pays touchés, comme l'Arabie saoudite et la Jordanie.

Vers une épidémie mondiale ou la disparition du coronavirus ?

Des études préliminaires, menées chez la souris et le furet, modèles de choix pour les maladies humaines, montrent que ces deux animaux y sont insensibles. Le macaque rhésusmacaque rhésus semble plus enclin à développer des symptômes, comme de la fièvre, une perte d'appétit ou la chair de poule. Des analyses plus approfondies ont révélé que les poumonspoumons des singes étaient dégradés, et surtout que l'activité de 173 gènesgènes était modifiée. Mais au bout d'une semaine, les singes avaient tous retrouvé la forme.

Désormais, les chercheurs s'interrogent sur l'avenir. Certains font part de leur optimisme et considèrent que ces quelques cas sporadiques sont le signe que le virus est dans une impasse et qu'il est condamné à disparaître. D'autres sont bien plus prudents car ils estiment qu'il n'y a aucun signe que l'épidémie en restera là et que si NCoV subsiste dans le Golfe persique, ce n'est peut-être qu'une question de temps avant qu'il ne se généralise dans le monde entier. Entre espoir et inquiétude, il faut maintenant attendre pour voir quel camp a vu juste...