au sommaire
Le virus de la grippe A(H7N9) a déjà été photographié. Sur les 131 personnes infectées, la grande majorité a été contaminée depuis les volailles des marchés. Mais y a-t-il eu des cas de transmission interhumaine ? © C. Goldsmith, CDC
Peu à peu, la grippe A(H7N9) se dévoile. Avant mars dernier, jamais le virus qui en est à l'origine n'avait été repéré chez l'Homme. Mais depuis trois mois, il circule en Chine, et provient des oiseaux. À ce jour, 131 cas humains ont été confirmés, dont 36 décès. Aucun nouveau malade ne s'est déclaré depuis le 7 mai dernier, mais les spécialistes craignent que cette accalmie soudaine et inattendue ne soit qu'une phase transitoire avant que l'épidémie ne reprenne.
Profitant de ce répit, les scientifiques poursuivent les investigations pour mieux comprendre ce pathogène inattendu. Dans Science, des chercheurs chinois, canadiens et américains viennent de mener des essais sur des furets et des cochons. Leurs résultats n'ont rien de réconfortant, puisqu'ils suggèrent que dans certaines conditions, le virus pourrait bien se transmettre entre Hommes.
Le virus de la grippe A(H7N9) se transmet entre furets
Dans cette expérience, un virus de la grippe A(H7N9) récupéré sur un humain décédé de cette grippe, a été inoculé à six furets et quatre cochons. Les dix animaux sont tombés malades, développant des symptômes modérés, avec toux, éternuements, neznez qui coule et fatigue. Mais ces modèles ne sont pas les meilleurs pour expliquer la virulence de la maladie. En revanche, ils modélisent bien mieux le pouvoir de contagion.
Le furet est l'un des animaux les plus utilisés pour modéliser le pouvoir de contagion de la grippe. Et généralement, lorsqu'une grippe est contagieuse chez lui, elle l'est aussi chez l'Homme. © Alfredo Guttierrez, Wikipédia, cc by sa 3.0
Chacun des furets infectés a été placé dans la même cage qu'un congénère n'ayant pas reçu de dose virale. Finalement, les proches voisins ont eux aussi développé la maladie, preuve que le pathogène peut sauter facilement d'un animal à l'autre. Trois autres furets, situés dans des cages distantes de 10 cm des binômes de malades, servaient de témoins pour tester la capacité qu'a le virus à se transmettre par voie aérienne. L'un d'entre eux a déclaré une grippe, un deuxième n'est pas tombé malade mais a présenté les anticorps dirigés contre le virus H7N9, preuve d'une exposition avec l'agent grippal. En revanche, cela n'a pas pu être vérifié chez le porc.
De plausibles transmissions interhumaines et des mutations
Le virologue Malik Peiris, l'un des auteurs, explique qu'il existe un certain parallélisme entre ce qui est observé chez l'Homme et le furet : un virus grippal contagieuxcontagieux chez l'un l'est aussi chez l'autre, et vice versa. Ces résultats suggèrent donc que potentiellement, le virus H7N9 pourrait relativement facilement s'échanger entre êtres humains.
Or, ces premières conclusions ne concordent pas avec ce que les scientifiques ont constaté pendant ces premiers mois d'épidémieépidémie. Effectivement, une transmission interhumaine entre proches est plausible dans seulement trois situations. Et encore, les preuves manquent.
Les travaux les plus récents semblent quand même suggérer que le virus H7N9 serait plus contagieux que le H5N1 (réputé pour sa forte virulence mais sa faible contagion). Mais il le serait moins que les virus de la grippevirus de la grippe saisonnière ou que le H1N1, à l'origine d'une pandémiepandémie en 2009. Or, la possibilité qu'il mute et se transforme reste bien réelle. Il pourrait, par exemple, se mélanger chez le porc avec un virus humain, et former ainsi une nouvelle souche disposant des propriétés pathogènes de H7N9, tout en étant plus contagieuse. Les experts restent prudents, et se préparent comme ils peuvent à une éventuelle reprise de l'épidémie.