au sommaire
Simple pause ou fin de l'épidémie ? Le virus de la grippe A(H7N9), ici à l'image, semble s'être calmé ces derniers jours, mais il soulève encore de nombreuses questions sans réponses. Les autorités sanitaires craignent une épidémie mondiale qui pourrait être catastrophique. © C. Goldsmith, CDC, DP
D'une épidémie à l'autre. Alors que l'on évoque dans les médias le terrible coronavirus NCoV qui vient actuellement de toucher un deuxième patient français, la Chine fait face à une autre épidémie depuis mars dernier : une grippe aviaire A(H7N9) jusque-là jamais rencontrée chez l'Homme. Le dernier bilan en date fait état de 131 personnes infectées parmi lesquelles on compte 32 décès.
Sur ce front cependant, on semble faire face à une accalmie. En effet, aucun nouveau cas n'a été signalé depuis le 8 mai, et Shanghai, épicentreépicentre de cette grippe émergente, n'a pas déclaré de malades depuis le 20 avril dernier. Les mesures préventives de fermeture des marchés aux volailles semblent porter leurs fruits, maintenant que l'on sait que le virus a été transmis à l'Homme par des poulets contaminés.
Néanmoins, il est bien trop tôt pour crier victoire et les instances sanitaires maintiennent une vigilance forte sur ce virus, déjà considéré comme l'un des plus dangereux de sa famille. Des chercheurs du monde entier continuent leurs investigations et certains préparent un vaccin.
Un virus pour en combattre un autre
C'est notamment le cas de Suresh Mittal, scientifique travaillant à la faculté de médecine vétérinairevétérinaire de l'université Purdue, à West Lafayette, dans l'Indiana (États-Unis). Tentant d'anticiper une pandémie mondiale devenue incontrôlable, il essaie de mettre au point un traitement préventif capable d'immuniser les individus contre un maximum de souches du virus H7N9.
Les adénovirus sont très utilisés dans la recherche pour leurs propriétés génétiques et leurs capacités à infecter les cellules humaines sans dommage. En y plaçant des séquences de gènes du virus de la grippe, Suresh Mittal espère pouvoir créer un vaccin efficace contre diverses souches de la grippe A(H7N9). © Richard Feldmann, Wikipedia, US Government, DP
Parce qu'il est capable de muter rapidement, le virus H7N9 peut alors échapper à la vaccination si celle-ci est trop spécifique. Il faut donc voir plus large. Ainsi, Suresh Mittal prévoit d'utiliser un vecteur viral pour stimuler les défenses naturelles.
L'idée est d'équiper un adénovirus inoffensif de gènes issus de différentes souches de H7N9. En infectant les cellules, celles-ci vont intégrer dans leur génomegénome l'ADNADN grippal et vont alors produire des protéinesprotéines du virus. En réaction, le système immunitaire va alors s'organiser et proposer une double réponse : d'une part, les lymphocyteslymphocytes B vont générer des anticorpsanticorps spécifiques à chacune des protéines exprimées, tandis que des lymphocytes TT cytotoxiquescytotoxiques vont être entraînés à reconnaître et détruire les virus et les cellules infectées.
Le virus de la grippe A(H7N9) pourrait bien muter
Ainsi, chaque gène important et utile pour induire une réponse immunitaireréponse immunitaire pourrait s'inclure dans ce vecteur adénovirus. De ce fait, on pourrait préparer les défenses de l'organisme à reconnaître les portions du virus A(H7N9) qui restent majoritairement stables d'une souche à l'autre, car cruciales. À terme, on pourrait protéger les personnes vaccinées contre une large palette de virus de cette grippegrippe mortelle, même si des mutations se produisent.
Pour l'heure, ce pathogènepathogène existe sous une forme encore peu contagieuse d'Homme à Homme. En effet, il infecte les poumonspoumons en profondeur, si profondément que même la toux ne suffit pas à l'expulser. Mais plus il passe d'une personne à une autre, plus la probabilité qu'il mute augmente. Il peut donc devenir hautement transmissible. Autant disposer à l'avance des armes nécessaires pour l'empêcher d'agir.