Les globules rouges jouent un rôle crucial et leur concentration sanguine est finement régulée par l’érythropoïétine (EPO). Des chercheurs américains viennent de mettre en évidence un niveau supplémentaire de contrôle : des globules blancs participent à la production et à l’élimination des globules rouges. Une piste pour le traitement de maladies du sang comme l’anémie.


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    Les globules rouges assurent à la fois la diffusion de l’oxygène des poumons vers les tissus et l’élimination du gaz carbonique vers les voies respiratoires. Leur concentration est de l’ordre de cinq millions par millimètre cube. Ce sont les cellules les plus abondantes du sang, comptant pour environ 40 % de son volume. © Geralt, Pixabay

    Les globules rouges assurent à la fois la diffusion de l’oxygène des poumons vers les tissus et l’élimination du gaz carbonique vers les voies respiratoires. Leur concentration est de l’ordre de cinq millions par millimètre cube. Ce sont les cellules les plus abondantes du sang, comptant pour environ 40 % de son volume. © Geralt, Pixabay

    Les globules rouges (ou érythrocytes) sont essentiels pour l'organisme, car ils assurent à la fois la diffusiondiffusion de l'oxygène des poumons vers les tissus et l'élimination du gaz carboniquegaz carbonique vers les voies respiratoires. Pour assurer une bonne oxygénation des tissus, leur nombre doit demeurer constant : tout déséquilibre entraîne des complications. L'anémie, ou manque de globules rouges, se traduit par une forte fatigue et parfois des essoufflements. À l'inverse, la polyglobulie, qui correspond à l'excès de globules rouges, rend le sang plus visqueux et peut provoquer des bouchons dans les vaisseaux. Comprendre les mécanismes de régulation des facteurs présents dans le sang est essentiel pour la mise en place de traitements.

    Afin d'éviter la fluctuation du nombre de globules rouges dans le sang, l'organisme possède un mécanisme de contrôle efficace au niveau des reins. En effet, à partir de la concentration en oxygène dans le sang, les reins peuvent évaluer sa concentration en globules rouges. Pour corriger un éventuel déséquilibre, ils produisent une hormone, appelée érythropoïétine (EPO), qui module la production de globules rouges au niveau de la moelle osseuse.

    Les globules blancs, ou cellules immunitaires, interviennent dans la lutte contre les infections. Ils comportent différents types cellulaires, dont les lymphocytes et les macrophages. Ces derniers sont impliqués dans le contrôle du taux sanguin de globules rouges. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
    Les globules blancs, ou cellules immunitaires, interviennent dans la lutte contre les infections. Ils comportent différents types cellulaires, dont les lymphocytes et les macrophages. Ces derniers sont impliqués dans le contrôle du taux sanguin de globules rouges. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des chercheurs de l'Albert EinsteinEinstein College of Medicine de New York viennent de mettre en évidence l'existence d'un mécanisme supplémentaire de contrôle du nombre de globules rouges dans le sang. Leurs résultats publiés dans Nature Medicine montrent en effet que certains types de globules blancsglobules blancs jouent également un rôle dans la régulation de la production et de l'élimination des globules rouges sanguins.

    Les macrophages régulent les globules rouges dans le sang

    Tout commence par une simple observation dans la moelle osseusemoelle osseuse : des structures cellulaires composées de globules rouges en développement entourés par des globules blancs spécialisés appelés macrophages. Les macrophagesmacrophages pourraient-ils avoir un rôle dans le développement des globules rouges ? Pour répondre à cette question, l'équipe américaine a éliminé les macrophages de la moelle osseuse de souris. Cette opération a entraîné une baisse du nombre de globules rouges en développement dans la moelle osseuse et a confirmé le rôle des macrophages dans le contrôle des globules rouges.

    Pourtant, aucun signe d'anémieanémie n'était visible chez ces souris sans macrophages : elles affichaient moins de globules rouges produits, mais un nombre normal de globules rouges dans le sang ! Comment est-ce possible ? Les auteurs ont examiné la durée de vie des cellules sanguines chez ces animaux, et ont montré qu'elle était plus longue que chez un individu possédant des macrophages fonctionnels. Les souris sans macrophages possèdent donc un nombre de globules rouges normal, mais le nombre de « vieux » globules rouges est plus important. Ce résultat inattendu suggère un rôle des macrophages dans l'élimination des globules rouges en fin de vie.  

    Pour finir, les chercheurs ont également examiné le rôle des macrophages dans la maladie de Vaquezmaladie de Vaquez (ou polyglobulie essentielle). Cette maladie se caractérise par une production excessive de globules rouges dans le sang et conduit à différentes complications, telles que des essoufflements et la formation de caillotscaillots dans le sang. Leurs résultats sont sans appel : l'absence de macrophages chez la souris atteinte de la maladie de Vaquez normalise le niveau de globules rouges. Selon le docteur Frenette, directeur de ces recherches, « le développement d'un traitement à partir de ces résultats serait une grande avancée médicale : pour le moment, la phlébotomiephlébotomie [prélèvement sanguin régulier, NDLRNDLR] est la seule technique de soin utilisée dans le cas de la maladie de Vaquez ».