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Les migraines rendent la vie pénible à de nombreux Britanniques. Le Botox pourra peut-être améliorer leur qualité de vie et celle de leur entourage. Crédits DR
Les migraines chroniques sont une véritable plaie pour ceux qui en sont atteints mais aussi pour leur entourage. Maux de tête infernaux, nausées, vomissements, sensibilité accrue à la lumièrelumière, au bruit, aux odeurs... Ces états de mal-être intense peuvent se produire très fréquemment, et malheureusement, pour beaucoup de patients, aucun médicament n'est vraiment efficace. Star des antirides, le Botox est soupçonné depuis quelques années d'avoir un effet dans cet autre domaine. C'est maintenant prouvé.
L'Agence de régulation des médicaments et des produits de santé (MHRA) du Royaume-Uni n'a pas traîné. Se basant sur les résultats d'essais cliniques du Botox, l'agence britannique a autorisé l'utilisation de la moléculemolécule dans le traitement préventif des migraines chroniques. Une première mondiale !
Le Botox, ou toxine botulique, est une protéine neurotoxique synthétisée naturellement par la bactérie Clostridium botulinumClostridium botulinum. Malgré ses propriétés de poison extrêmement toxique (un des plus violents au monde), le Botox est régulièrement utilisé à des fins esthétiques pour son action paralysante des muscles, menant à un puissant effet antiride.
Pour déterminer l'efficacité du Botox dans le traitement des migraines chroniques, une étude épidémiologique a été réalisée et publiée dans le journal Headache au mois de mai dernier. Cette étude a rassemblé 1384 adultes, de 18 à 65 ans, des deux sexes, souffrant de maux de tête au moins quinze jours par mois.
Pour beaucoup, une réduction de 50% des migraines
La moitié a été traitée toutes les 12 semaines par de multiples injections de Botox dans des muscles spécifiques de la nuque et de la tête. L'autre moitié a également été soumise à des injections d'un placeboplacebo, solution saline sans substance activesubstance active. L'étude a consisté en une première phase en double-aveugle (ni le médecin ni le patient ne savaient lequel des deux produits était administré) de 24 semaines, suivie d'une phase ouverte (le secret était alors dévoilé) de 36 semaines.
Après seulement deux injections, les chercheurs ont déjà estimé le bénéfice d'un tel traitement : le Botox semblait être significativement plus efficace que le placebo. Les jours de migraine par mois avaient diminué de 8,4 jours, contre 6,6 jours. A la fin de l'étude, plus d'un an après le début du traitement, 70% des patients traités au Botox montraient une réduction de 50% du nombre d'événements migraineux.
Le rôle du Botox dans le traitement de la douleur n'a pas été élucidé ni vraiment investigué. Toutefois, en plus de son action relaxante des muscles, le Botox pourrait agir au niveau de la transmission des signaux moléculaires ou nerveux de la douleur.
Cependant, l'utilisation du traitement préventif du Botox ne sera autorisée que sur des patients souffrant de maux de tête au moins quinze jours par mois et dont au moins huit jours de migraine, ce qui concerne tout de même 700.000 Britanniques. Un marché qui s'annonce juteux pour Allergan, le laboratoire pharmaceutique qui commercialise le Botox.