Le miel est utilisé comme médicament depuis bien longtemps. Son effet bénéfique est-il avéré dans le cas des infections respiratoires ? Une méta-analyse, qui regroupe une dizaine d'études menées chez les enfants et les adultes, permet d'y voir plus clair.


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    Les infections du tractus respiratoire supérieur est un motif de visite chez le médecin généraliste très fréquent. Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), datant de 2002, mené auprès des médecins généralistes indiquent que 5,5 % de tous les patients consultent pour une rhinopharyngite ou encore 3 % pour une toux. Dans la plupart des cas, l'antibiothérapie est inefficace contre ces maladies puisqu'elles sont majoritairement d'origine virale. Pour atténuer les symptômes, le médecin peut tout de même prescrire des médicaments, comme un antitussif.

    Selon une méta-analyse publiée dans The British Medical Journal (BMJ), le miel constituerait dans certains cas une alternative acceptable aux médicaments classiques. Il serait notamment efficace pour réduire la fréquence et l'intensité de la toux. Le miel est utilisé pour soigner depuis l'Antiquité. La pharmacopée de l'Égypte antique y fait référence pour plusieurs remèdes. Le plus souvent, il est utilisé pour soigner une irritation de la gorge ou favoriser la cicatrisation d'une plaie

    Les scientifiques à l'origine de cette méta-analyse sont affiliésaffiliés à l'université de médecine d'Oxford. Ces derniers n'ont pas examiné de patients mais ont regroupé un total de 14 études cliniquesétudes cliniques réalisées auparavant qui ont testé l'efficacité du miel par rapport à un placeboplacebo ou à des médicaments habituellement prescrits pour une infection du tractus respiratoires supérieur. Les études sélectionnées sont soit des études cliniques ou des études observationnelles menées in vivoin vivo. Y a-t-il des cas dans lesquels le miel est plus efficace qu'un médicament traditionnel ?

    Dans certains cas, le miel est plus efficace pour diminuer l'intensité et la fréquence de la toux chez les jeunes enfants que les sirops traditionnels. © Photophonie, Adobe Stock
    Dans certains cas, le miel est plus efficace pour diminuer l'intensité et la fréquence de la toux chez les jeunes enfants que les sirops traditionnels. © Photophonie, Adobe Stock

    Le miel vs des médicaments contre le rhume et la toux

    Pour commencer, seules 2 études sur les 14, pour un total de 372 participants, se sont penchées sur ce sujet. Les résultats ne sont pas concluants dans les deux études, il n'y aucun effet significatif du miel par rapport au placebo. Difficile de conclure en ne considérant que ces deux études uniquement, les auteurs indiquent que d'autres études cliniques sur l'effet placebo du miel sont nécessaires.

    Le miel est-il plus efficace que des moléculesmolécules prescrites habituellement pour les infections du tractus respiratoire ? La méta-analyse s'intéresse à deux molécules, le dextromethorphane et la diphenhydramine.

    Le dextromethorphane est une molécule utilisée dans des sirops antitussifs. Deux études, pour un total 137 patients, ont étudié les effets sur la fréquence de la toux et son intensité d'un sirop au dextromethorphane ainsi que sur ceux du miel. Une des études a été menée sur des tout-petits, âgés de deux à cinq ans -- rappelons que l'Anses déconseille de donner du miel aux bébés de moins d'un an. La seconde a été conduite auprès de jeunes de moins de dix-huit ans. Dans ce cadre, le miel n'a aucun effet bénéfique significatif sur la fréquence et l'intensité de la toux par rapport au dextromethorphane.

    Voir aussi

    Nourrisson : pourquoi le miel est contrindiqué ?

    La diphenhydramine est un principe actif utilisé dans des médicaments contre le rhume. Quatre études, pour un total de 385 patients (3 études auprès de jeunes de moins de dix-huit ans et la dernière auprès d'adultes âgés entre dix-huit et soixante-cinq ans), se sont intéressées à la fréquence de la toux. Dans ce cas-là, le miel se révèle plus efficace pour réduire la fréquence des quintes de toux que la molécule pharmaceutique.

    La plupart des études considérées ici concernent les jeunes ou les enfants. Néanmoins, les chercheurs ont tout de même inclus des études menées sur des adultes. L'une d'entre elles arrive à la conclusion que prendre du miel diminue le temps de guérisonguérison d'un rhume et une autre indique que les patients ressentent une amélioration des irritations de la gorge après quatre jours d'un traitement à base de miel.

    Se soigner avec du miel ?

    Que faut-il en retenir ? Le miel semble être une alternative raisonnable à certaines molécules pharmaceutiques, notamment pour réduire la fréquence de la toux et son intensité chez les enfants. Le miel se trouve facilement et est bien toléré par la majorité des gens. Très peu d'effets secondaires ont été décrits, hormis de légères nausées. De plus, le miel n'induit pas de mécanisme de résistancerésistance chez les micro-organismesmicro-organismes comme peuvent le faire des traitements médicamenteux mal suivis ou mal prescrits. Néanmoins, l'effet du miel est moins intéressant chez les adultes.

    De plus, il convient d'en discuter avec un médecin avant de prendre du miel en lieu et place d'un médicament classique car ses bénéfices n'ont pas été attestés dans tous les cas. Si prendre du miel n'est pas dangereux en soi, cela peut le devenir si on le remplace par un traitement prescrit par un médecin sans son accord.