Chez les solitaires et chez ceux qui vivent bien entourés, les gènes du système immunitaire s’expriment différemment. Voilà peut-être pourquoi les premiers semblent plus fragiles face aux maladies.

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    Montre-moi ton sang, je te dirai si tu es seul… De gauche à droite, un globule rouge (érythrocyte), une plaquette sanguine (thrombocyte) et un globule blanc (leucocyte) © The National Cancer Institute at Frederick

    Montre-moi ton sang, je te dirai si tu es seul… De gauche à droite, un globule rouge (érythrocyte), une plaquette sanguine (thrombocyte) et un globule blanc (leucocyte) © The National Cancer Institute at Frederick

    Sans disposer d'aucune explication, on a observé depuis longtemps que les personnes socialement isolées présentent une mortalité plus élevée. Une équipe américaine vient de publier dans la revue Genome Biology une étude donnant un début d'explication. Les chercheurs se sont intéressés aux leucocytes, c'est-à-dire les globules blancs, première ligne de défense de l'organisme contre les agresseurs en tout genre.

    Quatorze étudiants volontaires se sont prêtés à l'expérience, dont six se rangeaient dans les 15 % supérieurs de l'échelle de solitude mise au point à l'université californienne de Los Angeles (UCLA) et déjà utilisée dans d'autres expériences. Car il ne suffit pas de vivre en célibataire pour être déclaré solitaire. Il faut aussi ne pas compter trop d'amis ni de famille autour de soi... Les sept autres volontaires se situaient, eux, dans les 15 % inférieurs de cette échelle.

    Vers un médicament contre la solitude ?

    L'équipe (qui comportait des scientifiques de l'UCLA et de l'université de Chicago) s'est focalisée sur l'expression du génome des globules blancs, témoignage de l'activité du système immunitaire. Les chercheurs ont suivi 209 gènesgènes pour vérifier de quelle manière ils étaient lus, ou « exprimés », c'est-à-dire traduits en protéinesprotéines. Le résultat est éloquent : tous ces gènes sont différemment utilisés par les deux groupes. Pour 78 d'entre eux, leur activité est surexprimée chez les solitaires, ce qui signifie que ces gènes, plus souvent lus, servent à synthétiser davantage de protéines. A l'inverse, 131 gènes sont sous-exprimés.

    Parmi les gènes surexprimés chez les solitaires, beaucoup sont impliqués dans l'activation du système immunitaire et dans les réactions inflammatoires. Dans les 131 dont l'activité est moindre, on trouve des gènes intervenant dans la défense contre les virusvirus et les anticorpsanticorps.

    « Ces découvertes nous fournissent des cibles moléculaires pour tenter de combattre les effets sur la santé de l'isolement social » explique Steve Cole, un des chercheurs de l'équipe. Une pilule pour aider les solitaires, en somme...