Certains mythes ont la vie dure. Par exemple, l'isolement et un mal-être lors des fêtes de fin d'année seraient responsables d'une augmentation du nombre de suicides pendant cette période. Une affirmation sans aucun fondement qui peut être lourde de conséquences pour les personnes fragiles.


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    Peut-être avez-vous déjà entendu, au détour d’une conversation ou d’un dîner de famille, que les suicides sont plus nombreux lors des fêtes de fin d’année. Ce phénomène a un nom, le « blues de Noël » et fait régulièrement la une des médias. Oui, mais voilà : le taux de suicides lors des fêtes de fin d’année n’augmente pas ! Pour le prouver, l'Annenberg School for Communication de l'université de Pennsylvanie s’est lancée dans l’analyse de données du nombre de personnes décédées par suicide. Dans leur étude, les scientifiques sont arrivés à la conclusion suivante : en 2021, le nombre moyen de décès par suicide par jour aux États-Unis était moins important en janvier et en décembre. En fait, ces deux mois étaient même parmi ceux où le nombre de suicidés était le plus bas : janvier atteignait la 10e place et décembre, la 12e ! La première étant occupée par le mois d’août. De quoi balayer une idée reçue solidement ancrée dans les esprits, et qui peut avoir des conséquences graves.

    Le saviez-vous ?

    En cas de mal-être important, de détresse ou d’idées suicidaires, ne restez pas seul.e : contactez un proche, un médecin ou les urgences. Vous avez également la possibilité d’appeler le 3114, accessible 24h/24 et 7j/7, gratuitement, en France entière. Il vous permettra d’échanger avec un professionnel de santé qui saura vous écouter et vous conseiller.

    Le suicide, une maladie contagieuse ? 

    En cause : le caractère « contagieux »  de la tentative de suicide. « Au niveau individuel, être exposé à un suicide multiplierait de 2 à 4 fois le risque de passage à l’acte, alerte le Ministère de la Santé. Au niveau collectif, les exemples de suicides en série dans les institutions (hôpitaux, entreprises, prisons, écoles, etc.), les corps de métiers (police, armée, médecins, etc.) ou les lieux à risque (voies ferrées, ponts, falaises, forêts, etc.) sont fréquents. » Et les médias ont un rôle à jouer dans ce phénomène, détaille le Programme Papageno, chapeauté par la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale des Hauts-de-France. C’est ce que l’on appelle l’effet Werther, « c’est-à-dire l’effet par lequel la couverture médiatique d’un fait suicidaire risque d’induire une augmentation du suicide par un phénomène d’imitation chez les personnes vulnérables. » Au contraire, des articles traitant de la question sous un angle éclairé pourraient prévenir certains comportements suicidaires : c’est ce que l’on appelle l’effet Papageno !