Les tests sérologiques, qui permettent de détecter les anticorps créés à la suite d'une infection par le coronavirus, sont encore en développement. Nombre d'entre eux ne remplissent pas le cahier des charges pour leur homologation. Leur fiabilité, notamment, pose problème.


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    À la fin du mois de mars, le gouvernement français avait annoncé que la France se doterait de tests sérologiques. Depuis, les choses ne semblent pas avoir beaucoup bougé. Et pour cause, aucun test en cours de conception n'a été approuvé par les autorités sanitaires pour le moment.

    OlivierOlivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a annoncé le 19 avril 2020 dans une conférence de presse télévisée, que « beaucoup de tests, fabriqués dans d'autres pays, circulent et ne sont pas validés par les laboratoires français. Non seulement on n'est pas sûr qu'ils soient utiles, mais on n'est pas sûr qu'ils soient efficaces ».

    En France, NG Biotech, qui développe des tests sérologiquestests sérologiques sous la forme de kit prêt à l'emploi, a obtenu le soutien financier de la Direction générale de l'armement pour obtenir son homologation.

    Le problème de ces tests semble être la fiabilité et plus précisément leur sensibilité. « Certains d'entre eux ont 40 % de faux négatifs », a annoncé Olivier Véran dans la même conférence de presse. C'est-à-dire que quatre tests sur dix ne détectent pas d'anticorps alors qu'ils sont présents. 

     

    Un exemple de test commercialisé par NG Biotech. © NG Biotech
    Un exemple de test commercialisé par NG Biotech. © NG Biotech

    Une sensibilité encore trop faible

    Une étude scientifique prépubliée a passé au crible neuf tests immunologiques développés au Danemark. Trois sont des tests immuno-enzymatiquesenzymatiques Elisa (EnzymeEnzyme-Linked Immuno Assay) réalisés par un technicien de laboratoiretechnicien de laboratoire. Les six autres sont des tests appelés « point of care » (POCPOC), qui donnent des résultats rapides et sont réalisables hors des laboratoires, à l'image du kit NG Biotech.

    Les trois tests Elisa ont une sensibilité située entre 67 et 93 % et une spécificité entre 93 à 100 %. De leur côté, les POC démontrent une sensibilité située entre 80 et 93 % et une spécificité entre 80 et 100 %. Mais ils n'ont été testés que sur une trentaine de personnes, ce qui est insuffisant pour les homologuer. Il faudrait les éprouver sur des milliers de personnes atteintes du Covid-19 et sur autant de personnes saines.

    Les tests Elisa sont des tests immunologiques complexes réalisés dans des plaques similaires à celle-ci. © angellodeco, Adobe Stock
    Les tests Elisa sont des tests immunologiques complexes réalisés dans des plaques similaires à celle-ci. © angellodeco, Adobe Stock

    Un timing de test crucial

    Cette étude met aussi en exergue le fait que la fiabilité et la spécificité des tests s'améliorent avec l'évolution de la maladie. Les résultats sont meilleurs pour les prélèvements réalisés entre 14 et 20 jours après l'apparition des symptômes que pour ceux réalisés entre 7 et 13 jours ou après 21 jours.

    Le moment où les tests sérologiques seront réalisés est donc important. Or, on ne connaît pas bien la réponse immunitaireréponse immunitaire induite par le coronavirus. Combien de temps dure-t-elle ? À partir de quand est-elle détectable ? Beaucoup de questions restent encore sans réponse sur le sujet.

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    Ces kits sérologiques sont importants pour comprendre l'épidémie de Covid-19. Ils permettraient de connaître le véritable nombre d'infectés puisque le décompte officiel ne comptabilise pas les cas asymptomatiques ou légers. Ils pourraient aussi peser dans les stratégies de sortie de confinement. Pour le moment, les tests immunologiques actuels nécessitent encore beaucoup d'ajustements pour donner des résultats valides. Comme pour un vaccinvaccin ou un traitement thérapeutique, cela pourrait prendre plusieurs mois.

     

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