Les tests de dépistage utilisés actuellement pour détecter la présence du SARS-CoV-2 chez les patients sont-ils fiables ? 


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    À Marseille, devant l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) dirigé par le Professeur Didier RaoultDidier Raoult, c'est la cohue. Une file d'attente, malgré les mesures de confinement, pour venir se faire dépister afin de savoir si, oui ou non, on est infecté par le SARS-CoV-2. Cela pose deux questions. La première : qu'est-ce qui n'est pas compris dans la phrase « Restez chez vous » ? La seconde : les tests diagnostics sont-ils fiables ? C'est sur la seconde que nous allons nous attarder, la première relevant d'un déterminisme abscons que nous ne saurions appréhender.

    Comment fonctionnent les tests ? 

    Pour Futura, Damien Ferhadian, virologue et docteur en biologie moléculaire, nous  explique comment fonctionnent les tests rt-PCR diagnostics actuels du Covid-19 : 

    • Un échantillon de salivesalive/|5199131cb06f4a341d756050065d9de4| chez un patient est prélevé ;
    • Cet échantillon est envoyé au laboratoire ;
    • De cet échantillon est extrait l'Acide RibonucléiqueAcide Ribonucléique total (l'ensemble de l'ARN présent dans l'échantillon) ; 
    • Une amorce spécifique (pour imager, pensez à un tout petit drone de reconnaissance qui permet d'isoler la fraction souhaitée de l'ADN) transforme cet ARN en un brin d'Acide DésoxyribonucléiqueAcide Désoxyribonucléique (ADN) et une deuxième amorce vient se fixer sur cet ADN simple brin pour former le deuxième brin. Une fois cette étape réalisée, les deux amorces encadrent la partie de l'ADN souhaitée (celui du virusvirus en l'occurrence ici) et l'amplifie ;  
    • Des moléculesmolécules fluorescentes sont attachées à une sonde (spécifique de la partie d'ADN que l'on recherche) et le tout est mis en contact avec l'ADN ;
    • L'ensemble est placé dans une machine qui va exciter ces molécules fluorescentes à une longueur d'ondelongueur d'onde adéquate ;
    • Si la fluorescence augmente, c'est que l'on détecte la présence d'ADN spécifique à la sonde et donc, on peut dire que le test est positif. Sinon, le test est négatif.

    D'autres tests sont actuellement en cours de développement tels que des tests pour détecter les anticorpsanticorps spécifiques dus à l'infection au virus ou encore ceux qui recherchent les protéinesprotéines spécifiques du virus.  

    Les tests rtPCR sont les tests de référence pour la détection des virus. © tilialucida, Fotolia
    Les tests rtPCR sont les tests de référence pour la détection des virus. © tilialucida, Fotolia

    Sont-ils fiables ?

    Mais une question se pose : ces tests sont-il fiables ? Oui, en partie. Déjà, notons que la spécificité du test (détecter la maladie que l'on veut détecter) est excellente. La sensibilité (ne pas avoir de diagnostic erroné : faux positif/faux négatif) est encore faible, de 53 à 88 % (selon où l'on prélève l'échantillon et le stade de la maladie), d'après des résultats chinois prépubliés non relus par les pairs. Le test semble bien fonctionner pour les personnes qui excrètent et ceux qui sont contagieuxcontagieux. Mais une proportion non négligeable de patients sont négatifs aux tests alors qu'ils souffrent de syndromesyndrome respiratoire aigu dû à l'infection au SARS-CoV-2. De même, ces tests nécessitent une industrialisation de massemasse, obtenir le résultat est long (6 à 24 heures) et leur coût est élevé. Le mieux est de toujours coupler avec un scannerscanner qui est assez mauvais concernant la spécificité mais quasiment infaillible à propos de la sensibilité. Des tests sérologiquestests sérologiques se développent mais des bémols sont pointés du doigt les concernant, comme le risque plus grand de faux positif. Malgré ces inconvénients, la rtPCR reste actuellement le meilleur test à disposition.