Il n'a jamais été aussi facile de visiter les musées, les châteaux de la Loire, les sites classés ou les monuments architecturaux, du moins virtuellement. Période de confinement oblige ; et si, après avoir visionné tous vos films préférés, l'inspiration n'est plus au rendez-vous, voici quelques idées pour s'aérer le cerveau ou, pourquoi pas, préparer les prochains escapades.
Pandémie mondiale oblige, difficile de mettre le nez dehors. Envie de quelques secondes d'évasion ? Les musées du monde entier nous ouvrent leurs portes et permettent quelques incursions culturelles de haut vol comme les vidéos de chantiers de restauration du Louvre. Et grâce à la magie de Google, il nous est possible de voyager dans les plus beaux bâtiments du globe. Voici quatre idées de balades numériques qui viendront divertir les amateurs d'architecture.
Villa Savoye du Corbusier, à Poissy
Grand maître de l'architecture du XXe siècle, Le Corbusier a signé à Poissy en Ile-de-France la Villa Savoye, véritable manifeste de l'architecture moderne. Au programme, béton armé, pilotis, toit-jardin, plan libre, fenêtres en longueur et façade libre. Bâtie à la fin des années 1920, la villa est classée monument historique en 1964, soit du vivant de son auteur, un fait rarissime.
Le MAXXI Museum de Zaha Hadid, à Rome
Sorti de terre il y a dix ans, cet audacieux édifice installé dans la ville éternelle a été pensé par l'une des figures les plus éminentes de l'architecture du XXIe siècle, la regrettée Zaha Hadid, première femme à remporter le vénérable prix Pritzker.
Le Musée Solomon R. Guggenheim par Frank Lloyd Wright, à New York
Vaisseau amiral de la toile des musées Guggenheim, l'étonnant édifice bâti en 1959, à New York, désormais fermé pour cause de Covid-19, propose sur son site toute une série d'activités (en anglais) pour tromper l'ennui pendant votre confinement.
La Sagrada Familia de Gaudi, à Barcelone
Monument iconique de la cité catalane, l'impressionnante basilique de la Sagrada Familia, dont la construction a débuté au XIXe siècle reste toujours et encore en travaux. Magie de Google, vous pouvez toujours explorer cet édifice fantastique depuis votre canapé. Pour en savoir plus sur la célèbre construction, direction le portail qui lui est dédié en cliquant sur ce lien Google Arts & Culture.
Le Corbusier : visionnaire et urbaniste, en Inde L’esprit avant-gardiste de Le Corbusier s’est exporté aux quatre coins du monde comme ici, en Inde, à Chandigarh, capitale des États du Pendjab et de l'Haryana. L’Unesco souligne qu’elle est considérée comme « l’expression la plus aboutie de ses principes et de l’idée de la Ville radieuse. » Le Corbusier n’a pas fait que construire des bâtiments comme cet ensemble également appelé « Complexe du Capitole » et qui abrite l’Asemblée législative, le Secrétariat et la Haute Cour de justice des deux États. Bien sûr, il s’est emparé de toute innovation technologique pour répondre aux exigences en matière de climatisation naturelle qui s'effectue par récupération des eaux de pluie via les plans d’eau notamment, et des systèmes de toitures doubles.En 1947, après l'indépendance de l'Inde, cette ville nouvelle s’est construite selon les plans de Le Corbusier qui en a organisé les 59 quartiers en rectangle de 800 × 1.200 mètres de côté. Très structurée, la ville s’articule autour de sept niveaux de circulation qui fluidifient le trafic et préservent la tranquillité des habitants. La ville était prévue pour accueillir 500.000 citadins, ils sont aujourd’hui le double, et aucune difficulté de circulation ne se fait ressentir. Fait rare dans les grandes villes indiennes !Grâce au génie visionnaire de Le Corbusier et à son ingénieuse répartition des différentes zones (habitat, écoles, commerces, bureaux), il est aujourd'hui possible traverser la capitale à pied en n’empruntant que les jardins.Assembly building, Chandigarh © duncid, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
Le Corbusier et le plus grand ensemble architectural d'Europe Au début des années 1960, aux environs de Saint-Étienne, à Firmigny (Loire), les travaux du plus grand ensemble architectural d’Europe ont débuté mais Le Corbusier mourra bien avant que la fin des chantiers. Ce complexe urbain se compose d'une Maison de la culture (1961 à 1965) dont la toiture est une voûte inversée, édifiée dans le but de rendre accessibles à tous « les œuvres du génie humain », d'un stade et d'une piscine ; une unité d’habitation avec école maternelle équipée d’un toit-terrasse et d’une église (notre photo) complètent cet ensemble. Les travaux de l'édifice religieux commencèrent en 1970, interrompus en 1978, puis ce qui ressemblait en l’état à un blockhaus sera finalement achevé en 2006. Le bâtiment avait pour objectif de faire le lien entre la cité ouvrière et le centre-ville. L'église peut recevoir 400 personnes.C’est un carré d'une base de 25 mètres de côté, dont les murs s’élèvent à 33 mètres de hauteur et forment un cône dont le sommet est raboté. Le système de récupération des eaux de pluie s’enroule autour et cache astucieusement les ouvertures horizontales et un mur percé de trous composant par le jeu des rayons du soleil une très belle constellation d’Orion. Cette coque hyperbolique où se trouve une nef très dépouillée concentrant tous les regards vers l’autel, étonne encore par la juste disposition de ses canons de lumière et par son acoustique qui offre dix secondes d’écho.Église Saint-Pierre de Firminy © lapin.lapin, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
Le Corbusier : la Cité radieuse, brute de décoffrage Utopie ou standardisation de l’habitat ? La Cité radieuse, à Marseille, qui s’inscrit dans les chantiers de reconstruction d’après-guerre, continue de fasciner plus de 60 ans après sa construction. La « machine à habiter » de Le Corbusier est toujours un lieu de vie et qui se visite ! Première d’une série de cinq nouveaux systèmes d’habitats collectifs, elle a été conçue selon son modulor, unité de mesure basée sur les dimensions corporelles type d’un personnage de 1,83 m, soit 2,26 m bras levés, déterminant l’ergonomie d’usage des différents espaces. Avec cette UH, Le Corbusier invente un village vertical, un immeuble-villa, visant à concilier l’individuel et le collectif.Offrant une vue incomparable sur la cité phocéenne, cette barre d’habitation, construite entre 1947 et 1952 et montée sur pilotis, a été surnommée la « Maison du Fada » ; elle mesure 135 mètres de long, 24 mètres de large et 56 mètres de haut. Elle compte 18 niveaux répartis sur 9 étages et a été conçue selon le « plan libre » de Le Corbusier, concept qui s’affranchit des murs porteurs. Béton, bois, métal constituent l’ossature des logements qui sont des caissons standard, assemblés sur place, tous équipés d’une loggia colorée, de baies vitrées et de brise-soleil. Les 337 appartements, pour la plupart duplex et traversants, sont répartis en multiples configurations, de 15 m2 à 203 m2, la moyenne étant de 98 m2 ; la Cité radieuse peut loger entre 1.500 et 1.700 habitants, du célibataire à la famille très nombreuse (jusqu’à 10 personnes). Les appartements sont conçus sur la base de trois modules permettant de nombreuses combinaisons. L’intérieur est calqué sur le mode de vie en mer, rationnel et fonctionnel, avec de nombreux casiers, des cloisons coulissantes et une foultitude d’inventions pour faciliter le quotidien : du passe-plat au broyeur de déchets organiques, de la glacière aux tiroirs à légumes naturellement ventilés, de la table à langer à l’armoire formant séparation…Le Corbusier a imaginé une vie en autarcie dans ce bâtiment, avec des circulations reliées par huit rues intérieures dont une avec des commerces, un hôtel-restaurant. Le toit (notre photo) accueille sur la terrasse, une scène pour des rencontres culturelles, une piste de course à pied de 300 mètres, un gymnase (aujourd’hui centre d’art), une pataugeoire et une école maternelle de trois classes.Le toit-terrasse de la Cité radieuse. © Fred Romero, Flickr
Le Corbusier : l'unité d'habitation à Berlin Cette « Le Corbusier Haus », à Berlin-Ouest, est l’illustration des constructions d’après-guerre. Mais la bâtisse, de 157 m de long pour 23 m de large et 53 m de haut, n’est pas conforme aux plans initiaux de l’architecte. En 1957, pour reconstruire le quartier de Hansa, les autorités font des appels à projets. Celui de l’architecte français est le plus audacieux, conçu pour être « un paradis pour les familles », à l’image des Cités radieuses, à Marseille et à Rezé, il doit comprendre 530 grands logements, avec double exposition, une rue commerçante au 7e étage et des équipements sur le toit. Au lieu de cela, le projet sera dévoyé et comptera 557 petits appartements, majoritairement des studios, des 2 et 3 pièces pour célibataires, et seulement quatre 4 pièces et un 5 pièces. Pas de commerces au 7e étage, un simple bureau de poste au rez-de-chaussée, aucun équipement sur le toit et d’importantes modifications de façades, dont l’absence de brise-soleil, la peinture recouvrant le béton et les parkings situés entre les piliers. L’architecte refusa que son nom soit associé à cette construction.
Le Corbusier : la maison familiale, son laboratoire d'essai Voici la première réalisation de Le Corbusier en tant qu’architecte indépendant : la Villa Jeanneret-Perret, ou Villa blanche, qu’il destinait à ses parents, résidant à Chaux-de-Fonds, son village natal, en Suisse. Elle a été bâtie en 1912, revêtant un style néo-classique en opposition avec le style Art nouveau régionaliste (style Sapin). Déjà féru de voyages, il s’en inspire pour concevoir cette demeure familiale dont il imagine une partie du mobilier et qui devient une sorte de laboratoire d’essai avec lequel il expérimente les futurs principes clés de ses constructions : le béton, le fibro-ciment pour le toit, des fenêtres en bandeau. La maison est supportée par les murs extérieurs et 4 piliers centraux, les cloisons légères et de vastes espaces intérieurs dessinent un intérieur modulable, exempt de murs porteurs préfigurant le plan libre. L'organisation spatiale de l’espace dénote déjà son goût pour un style épuré, une certaine aspiration à l’ordre…La Villa blanche, à Chaux-de-Fonds, en Suisse. © Picsinfusion, CC by-sa 3.0
Le Corbusier : la Villa turque, son œuvre de jeunesse Suivra en 1916, toujours à La Chaux-de-Fonds, son village natal en Suisse, la construction de la Villa Schwob, du nom de son premier propriétaire, un riche fabricant horloger. Elle est aussi connue sous l’appellation de Villa turque. Côté rue, son allure est austère et massive, côté jardin, la villa se révèle d’une altière beauté tout en lignes épurées. La façade de la Villa turque est composée d’un bloc central habillé d'un pan principal vitré sur sa hauteur où se loge un salon-séjour en duplex baigné de lumière naturelle ; elle est flanquée de deux parties saillantes (sur notre photo, l’une des absides) et le toit est une terrasse-solarium.L'ensemble est géométrique, associant angles droits et lignes courbes, une corniche néo-grecque, un attique sans toit, et des murs recouverts de briques de terre cuite. Le tout est déjà fort influencé par les voyages, notamment par le plan byzantin dont s’inspire Le Corbusier pour cette villa, en béton armé. La Villa turque est conçue selon son principe breveté en 1914, le Dom-Ino (contraction de Domus, maison en latin, et innovation) et en référence aux jeux de combinaisons multiples que ce principe lui permet comme, par exemple, les structures préfabriquées et le plancher portant. À l’intérieur, grands espaces et recoins intimes esquissent déjà dans cette œuvre de jeunesse la grande maîtrise de l'organisation spatiale du jeune architecte.La Villa turque. © Schwizgebel, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Le Corbusier : Notre-Dame-du-Haut, une chapelle tout en paradoxes « L’émotion architecturale, c'est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ». Le Corbusier déroute avec cet édifice religieux, fait de courbes et d'angles vifs, tout en paradoxes comme le tumulte intérieur d’une âme qui cherche sa foi. La reconstruction de la chapelle Notre-Dame-du-Haut, à Ronchamp, en Haute-Saône, constitue le premier projet culturel religieux de Le Corbusier. De confession protestante mais athée, Le Corbusier accepte malgré tout de le réaliser, subjugué par la beauté des lieux : « Je n'avais rien fait de religieux, mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter ».Bénie, en juin 1955, un an après la pose de la première pierre, la chapelle de béton, d’un blanc éclatant, s’inscrit tout en rondeur, dans les ondulations des collines environnantes. Elle est à la fois massive et élancée, ronde et rectiligne ; quel que soit le point de vue de l’observateur, elle se révèle à chaque fois différente et asymétrique, du sol à la toiture qui ne touche pas les murs et permet ainsi au soleil de s’infiltrer. À l’intérieur, le subtil jeu d’ouvertures sur les façades baigne le lieu de douce lumière. La chapelle a été voulue comme un espace de recueillement intime à l’intérieur mais ouverte sur l’extérieur pour proposer des messes en plein air.La chapelle Notre-Dame-du-Haut construite sur la colline de Bourlémont, à Ronchamp. © A.BourgeoisP, Wikimedia Commons, GFDL
Le Corbusier : la cabane de rondins, son œuvre ultime En 1951, alors que la Riviera se pare déjà de villas somptueuses, Le Corbusier fait édifier son cabanon en rondin de bois à Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes, sur le sentier du littoral méditerranéen… L'architecte est alors âgé de 64 ans. Ce cabanon est son « château sur la Côte d'Azur », un carré de 3,66 mètres de côté et de 2,26 mètres de haut, soit environ 13 m2. Une porte, trois fenêtres avec vue sur mer…Pourrait-on dire qu’il a fait le tour de la question architecturale ? Cette réalisation est une cellule minimale, fonctionnelle, écologique avant l'heure, la quintessence de ses réflexions. Il applique ici son « modulor », son concept inventé en 1944, une unité de mesure standardisée basée sur la morphologie humaine pour calculer l’espace vital procurant un confort maximal. Le plan a été dessiné en ¾ d’heure, bourré d’astuces nichées dans les cloisons en bois, dans les meubles ; ici, les espaces répondent à des fonctions : dormir, manger, se laver, travailler, ranger. Le tout résumé aux quatre coins d'une seule pièce.C’est dans cet endroit, en 1965, qu’il trouvera la mort. Un dernier exercice de style pour un homme qui souhaitait se dépouiller du superflu et qui « cherchait la poésie dans la rigueur ».Le cabanon de Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes. © Tangopaso, Wikimedia Commons, Domaine public
Le centre Le Corbusier : un musée de verre et d’acier, en Suisse C’est ici que sont exposés la collection personnelle de Le Corbusier, les photos d’époque et les objets qu’il a ramenés de ses nombreux voyages, ses sources d’inspiration. Le bâtiment, de verre et d’acier, abrite aussi les reproductions du mobilier qu’il a créé. Ses meubles sont aujourd’hui de grands classiques du design dont le succès ne s’est jamais démenti. La fabrication et les droits commerciaux sont revenus au célèbre fabricant italien, Cassina, en 1964. Dès 1927, Le Corbusier avait étudié les positions du corps afin que ses projets de siège apportent le plus de confort possible à l’utilisateur. Ils ont donné naissance, entre autres, au fameux Fauteuil grand confort, à la Chaise longue basculante et au Fauteuil à dossier basculant.Le centre Le Corbusier, qui vient d’être restauré, est le dernier bâtiment conçu par l’architecte, situé au bord du lac de Zürich, en Suisse, en 1960. C’était une commande de Heidi Weber, galeriste et mécène, qui souhaitait édifier un musée comme un lieu de diffusion de la culture. Elle poursuivit les travaux après la mort de l’architecte en 1967. Ce lieu porte aussi le nom d'Heidi-Weber-Museum.Centre Le Corbusier (Heidi Weber Museum) à Zürich (Suisse). © Roland zh, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Le Corbusier et le musée de l’art occidental à Tokyo Matsukata Kōjirō était un homme d’affaires, grand amateur d’art et ami du peintre Monet. Cet industriel japonais, patron de Kawasaki Heavy Industries, avait acquis au cours de ses voyages en Europe, dans les années 1920, des œuvres d’art occidental, principalement des impressionnistes et une cinquantaine d'œuvres de Rodin. Ils devaient être le noyau du futur musée qu’il envisageait de créer à Tokyo. Son projet fut contrecarré car ses collections restèrent bloquées en France et en Angleterre à la fin de la seconde guerre mondiale.L’édification du bâtiment principal du Musée d'art occidental (NMWA, National Museum of Western Art) symbolisa la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Japon. Sa construction fut confiée à Le Corbusier et le musée fut inauguré en 1959. C’est un carré en béton armé, sur pilotis et sur plusieurs étages. La façade extérieure est composée de panneaux de béton préfabriqués assemblés. Ici aussi, Le Corbusier a appliqué son Modulor créant des circulations douces et amples, agençant l'espace pour offrir au regard du visiteur les meilleures perspectives sur les œuvres, notamment les sculptures de Rodin. Ce musée est la seule institution nationale du Japon consacrée à l'art occidental.National Museum of Western Art. © 663highland, Wikimedia Commons, GFDL, CC by.sa 2.5
Le Corbusier et la révélation de la verticalité à New York Lorsqu’il se rend aux États-Unis, en 1935, pour y donner une série de conférences, Le Corbusier est sous le choc. Il décrit New York comme une cité « écrasante, incroyable, excitante et violemment vivante ». Non seulement il considère qu’il n’y a pas assez de gratte-ciel mais que ceux qui existent ne sont pas assez hauts.Même si Le Corbusier s’est intéressé de près à la rénovation urbaine de la capitale française avec son « Plan Voisin » au début des années 1920, prévoyant de concentrer le cœur de Paris dans une vingtaine de gratte-ciel, y logeant 500.000 habitants, New York est la révélation de la verticalité et la confirmaion à ses yeux, qu'elle résout tous les problèmes de l’utilisation de l’espace urbain : les ossatures métalliques, l’emploi du verre, les ascenseurs rapides, le pont de Brooklyn, l'Empire State Building...De ce voyage naîtront nombre de ses pensées qui alimenteront ensuite sa réflexion et aboutiront à sa conception de village vertical, avec des rues intérieures et commerces, des villes et des cités « radieuses ». Le Corbusier sera associé, avec onze autres architectes, dont Oscar Niemeyer, à la conception du siège des Nations unies (notre photo), sur l’East River, dont les travaux débutèrent en 1947 pour s’achever en 1952. Il a été cependant écarté par la suite, et pour d'obscures raisons, de la concrétisation du projet. Le Carpenter Center for the Visual Arts de l’université de Harvard (Massachusetts) est le seul bâtiment de Le Corbusier aux États-Unis.United Nations Chrysler and Empire State Building. © Ad Meskens, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Le Corbusier : le Couvent de la Tourette ou l’incarnation de la quête spirituelle Le Couvent de la Tourette, à Eveux (dans le département du Rhône), a été inauguré en 1960, quatre ans après le démarrage des travaux, sous l’impulsion du Révérend Père Couturier, principal initiateur du renouveau de l’art sacré et grand admirateur de Le Corbusier. Celui-ci a édifié ce couvent pour l’ordre des Dominicains, ordre des mendiants — à la différence d’un monastère, un couvent, entre autre, se doit d’être proche des villes. C’est un U fermé au nord, fait d’un plan carré et installé en pleine nature. Sur un terrain fortement pentu, le relief va permettre à l’architecte de s’illustrer par l’emploi des piliers rectilignes. Le couvent compte cinq niveaux et l’entrée s’effectue par le 3e étage. Les cellules des moines se situent au dernier étage, s’ouvrant sur des loggias équipées d’un brise-soleil. Autre élément récurrent de l’architecte, la terrasse sur le toit, permise par une passerelle. La vie collective se passe aux étages inférieurs où se trouve le cloître menant à l’église.Se retrouvent ici toutes les caractéristiques de l’architecture de Le Corbusier : un purisme des formes primaires, et l’emploi du béton mais également, un travail sur la lumière, du simple rai de lumière filtrée à la clarté diffuse ou abondante sur l’autel, tout n’est que jeu d’ombre et de lumière. Une sobriété extérieure qui contraste avec la luminosité ambiante et qui laisse place à toute la richesse de la vie intérieure, répondant ainsi aux trois règles de vie de la communauté qui sont d'étudier, prier, se reposer.Le Couvent de la Tourette. © Alexandre Norman, Wikimedia Commons, GFDL
Le Corbusier : le Centrosoyuz, son incursion russe Sur ce projet initié en 1928 et achevé en 1933 pour l'Union centrale des sociétés de consommation d'URSS, Le Corbusier a remporté les trois prix du concours de cette commande publique. Le Centrosoyuz, structure administrative et gouvernementale située à Moscou, est un bâtiment en béton armé, composé de trois volumes rectangulaires pour les bureaux, d'une rotonde cylindrique sur pilotis et cerclée de fenêtres en bandeau, et dont les murs de remplissage sont en tuffeau rouge du Caucase. Il a été conçu pour accueillir 3.500 personnes, un restaurant, des salles de conférence, ainsi qu'un théâtre et de multiples autres installations. Sur ce paquebot de béton, construit avec la collaboration de Nikolai Kolli, architecte moderniste et constructiviste, Le Corbusier a usé de son regard d’urbaniste et a particulièrement soigné la circulation intérieure entre les étages qui se fait par des rampes à pente douce, considérant les couloirs comme des rues fermées (3,25 m de large) soigneusement éclairées.Mais, en 1929, dans un contexte politique et social de transformation radicale, le premier plan quinquennal de Joseph Staline entre en vigueur et la pénurie de matériaux cause l’interruption des travaux. En conséquence, les dernières innovations techniques de Le Corbusier, en matière de ventilation mécanique, n’ont pu être appliquées sur la façade de verre qui devait bénéficier de la « Respiration exacte » et des murs neutralisants. Le bâtiment aujourd’hui, abrite le Service fédéral des statistiques de l'État russe.The Tsentrosoyuz building - Le Centrosoyuz. © Акутагава (Akutagava), Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0