Oubliée la taille ! Oublié aussi le métabolisme ! Ou presque... Désormais, selon des travaux menés par des chercheurs américains, il faudra placer le nombre de neurones corticaux en tête de liste des meilleurs prédicateurs de la longévité d’une espèce.

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    Qu'est-ce qui fait qu'un animal à sang chaud vit plus longtemps qu'un autre ? Les chercheurs se posent la question. La taille ? Le métabolisme ? Peut-être, mais ces deux critères ne semblent pas compter pour plus de 20 à 30 %. Et ils font apparaître de nombreuses incohérences. Ainsi, certains oiseaux peuvent vivre 10 fois plus longtemps que des mammifèresmammifères présentant la même taille.

    Mais aujourd'hui, des chercheurs de l'université Vanderbilt (États-Unis) proposent une piste très différente. « Qu'il s'agisse d'oiseaux, de primatesprimates ou d'humains, le nombre de neurones présents dans le cortex d'une espèceespèce prédit environ 75 % des variations de longévité d'une espèce à l'autre », avance Suzana Herculano-Houzel, professeur de psychologie et de sciences biologiques.

    Le saviez-vous ?

    Pour déterminer le nombre de neurones dans un cerveau, Suzana Herculano-Houzel, une pionnière en la matière, réduit les tissus à l’état de « soupe ». Elle sépare les cellules et applique ensuite un marqueur fluorescent aux noyaux flottant dans la « soupe ». Il ne lui reste ensuite plus qu’à compter les noyaux en question. Environ 86 milliards pour un cerveau humain.

     

    Une hypothèse qui détrône l'être humain de sa position supposée jusqu'alors spéciale dans l'évolution, une position caractérisée notamment par une enfance plutôt longue. Les résultats des chercheurs américains montrent en effet que le temps de maturation sexuelle et la longévité de l'homme n'ont rien d'exceptionnel si l'on considère le nombre de neurones que contient son cortex. Au contraire, avec autant de neurones, il n'y aurait en réalité rien d'étonnant à ce que nous mettions du temps à atteindre une certaine maturité physiologique et une certaine indépendance intellectuelle.

    Les perroquets et les oiseaux chanteurs vivent plus longtemps que les primates de taille semblable qui, à leur tour, vivent plus longtemps que les non-primates de même taille. De même, pour des taux métaboliques de base similaires, les perroquets et les oiseaux chanteurs vivent plus longtemps et prennent plus de temps à atteindre la maturité sexuelle que la plupart des espèces de mammifères. Parce qu’ils jouissent de plus de neurones corticaux, assurent des chercheurs américains. © 466654, Pixabay, CC0 Creative Commons

    Les perroquets et les oiseaux chanteurs vivent plus longtemps que les primates de taille semblable qui, à leur tour, vivent plus longtemps que les non-primates de même taille. De même, pour des taux métaboliques de base similaires, les perroquets et les oiseaux chanteurs vivent plus longtemps et prennent plus de temps à atteindre la maturité sexuelle que la plupart des espèces de mammifères. Parce qu’ils jouissent de plus de neurones corticaux, assurent des chercheurs américains. © 466654, Pixabay, CC0 Creative Commons

    Longévité : les neurones aux commandes

    « Plus une espèce possède de neurones corticaux, plus elle vit longtemps. Peu importe qu'il s'agisse d'un oiseauoiseau, d'un primate ou d'un autre mammifère ou encore, sa taille et la vitessevitesse à laquelle l'espèce brûle de l'énergieénergie », explique Suzana Herculano-Houzel. Mais quel est exactement le lien entre espérance de vie et cerveau ? Les chercheurs n'ont pas vraiment la réponse.

    Si le cortex cérébral est connu pour son rôle en matièrematière de cognition, Suzana Herculano-Houzel indique qu'il offre aussi à notre corps sa capacité d'adaptation, au stressstress notamment. Il veille ainsi au bon fonctionnement de nos fonctions physiologiques. En outre, il s'assure que notre rythme cardiaque, notre rythme respiratoire et notre métabolisme sont bien en phase avec nos activités et nos sensations. Il semblerait que cela constitue un facteur clé influant sur notre espérance de vieespérance de vie.

    Les dommages causés au cortex cérébral auraient donc plus d'influence sur notre duréedurée de vie que ceux causés à notre corps. Ainsi, Suzana Herculano-Houzel nous conseille-t-elle de prendre grand soin de notre esprit. Et de garder nos neurones corticaux en bonne santé et actifs ! Selon elle, ce serait là le secret d'une longue vie en bonne santé.