D’après une vaste étude européenne, le fait d’avoir eu au moins un enfant réduit le risque de mortalité des femmes de 20 %. L’âge des premières règles, l’allaitement et la contraception orale influencent aussi l’espérance de vie des femmes. Des facteurs hormonaux sont en jeu.

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    Des études scientifiques sont régulièrement conduites chez les femmes pour déterminer les liens unissant certaines causes de décès à tel ou tel facteur hormonal ou reproductif. Il a ainsi été montré que la contraception hormonale orale peut sensiblement augmenter le risque de cancer du sein et de l'endomètre. Pour autant, les facteurs hormonaux et reproductifs étant liés (exemple : seules les femmes ayant eu une grossesse peuvent allaiter), il était intéressant de rapprocher ces différents facteurs et de dresser un bilan de leur influence globale sur le risque de décès des femmes, toutes causes confondues, après avoir pris en compte l'influence de déterminants de santé comme l'indice de masse corporelle (IMC), l'activité physiquephysique, le tabac ou encore le niveau d'éducation.

    C'est ce à quoi s'est attachée la dernière publication issue de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Cette cohorte réunit plus de 500.000 adultes issus d'une dizaine de pays européens, dont 366.000 femmes âgées de 27 à 70 ans au moment de leur inclusion (entre 1992 et 2000). La France y est représentée par la cohorte Inserm E3N (Étude Épidémiologique auprès des femmes de la MGEN, la Mutuelle générale éducation nationale), qui comprend 100.000 femmes suivies depuis plus de 25 ans.

    La contraception orale semble associée à une meilleure longévité des femmes. © Annabelle Shemer, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    La contraception orale semble associée à une meilleure longévité des femmes. © Annabelle Shemer, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Allaitement, contraception et premières règles influencent la mortalité

    Les chercheurs ont compilé les données relatives aux femmes décédées depuis leur inclusion, soit 14.383 d'entre elles (dont 5.938 de cancer et 2.404 de maladie cardiovasculaire), afin de les comparer à celles des femmes encore en vie. Il est ainsi apparu que le risque de décès des femmes ayant eu au moins un enfant était de 20 % inférieur à celui des femmes qui n'en n'avaient pas eu. Celui des femmes ayant allaité, pris la pilule (pour les non ou ex-fumeuses) ou eu leurs règles après 15 ans étaient d'environ 10 % inférieur par rapport à celles qui respectivement n'avaient pas allaité, pas pris de contraceptif oralcontraceptif oral ou eu leurs règles avant 12 ans. Ces facteurs jouent tous dans le même sens, que l'on s'intéresse à la mortalité globale, la mortalité par cancer ou par maladie cardiovasculaire.

    Françoise Clavel-Chapelon, qui dirige l'étude E3N, explique : « L'objectif de l'étude EPIC était initialement d'étudier l'impact de l'alimentation sur le cancer et celui de E3N concernait initialement le cancer du seincancer du sein. Mais ces cohortes permettent le recueil d'un nombre de paramètres si élevé qu'elles sont exploitées de façon plus large dans un second temps. EPIC, tout comme E3N, a une puissance statistique très importante, du fait du nombre de participants. On peut ainsi en tirer de véritables enseignements sur le risque à long terme de différentes pathologiespathologies, en lien avec des paramètres de vie ou de santé ». Ces résultats seront utiles pour améliorer la promotion et la préventionprévention en santé destinées à la population féminine, même si certains de ces facteurs ne sont pas modifiables.

    Ces résultats paraissent dans BMC Medicine.

    Inserm

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    Présentation de l'Inserm

    Créé en 1964, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la double tutelle du Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et du ministère des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. Ses chercheurs ont pour vocation l’étude de toutes les maladies, des plus fréquentes aux plus rares, à travers leurs travaux de recherches biologiques, médicales et en santé des populations. L’ensemble des équipes regroupe près de 15 000 chercheurs, ingénieurs, techniciens, gestionnaires, hospitalo-universitaires, post-doctorants…

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