Il faut préserver la biodiversité, mais comment ? Pour les requins, il semble que la création de réserves marines, où la pêche est strictement interdite, soit bénéfique. Ces poissons y sont plus nombreux et plus fidèles.

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    L'atoll de Glover's reef, contenu dans la réserve marine du même nom, mesure 30 km de long sur 10 km de large. © Institute for Ocean Conservation Science at Stony Brook University

    L'atoll de Glover's reef, contenu dans la réserve marine du même nom, mesure 30 km de long sur 10 km de large. © Institute for Ocean Conservation Science at Stony Brook University

    • À lire, notre dossier sur les requins

    Au fond des océans, pour la conservation des écosystèmes marins et de certaines espèces en particulier, on établit des zones protégées, où la pêchepêche est interdite. Mais ces réserves marines sont-elles vraiment efficaces pour la conservation des espèces ? En ce qui concerne certains requins, elles le sont.

    Des scientifiques américains et béliziens se sont intéressés à deux réserves marines : celle de Glover’s reef, englobant l'atollatoll du même nom qui se situe dans la mer des Caraïbes, créée en 1997 et celle de Caye Caulker, au nord-ouest de la précédente, créée un an plus tard. Les chercheurs ont voulu déterminer leur utilité vis-à-vis de la conservation de certains requins dont le cycle de vie se déroule en partie au sein de ces écosystèmes. C'est notamment le cas de Carcharhinus perezii, très abondant dans cette partie de l'Atlantique.

    Carcharhinus perezii apprécie les réserves marines

    Les auteurs des travaux, publiés dans Plos One, ont ainsi montré que ces requins étaient plus nombreux au sein des lieux protégés que dans d'autres endroits où la pêche, des requins ou de leurs proies, est autorisée. Preuve que ces zones sont bénéfiques pour ces grands prédateurs, ce qui n'avait pu être déterminé clairement auparavant.

    Deux requins, attirés devant la caméra par des appâts, dans la réserve de Glover's reef<em>. © </em>Bond <em>et al. </em>2012<em>, Plos One</em>

    Deux requins, attirés devant la caméra par des appâts, dans la réserve de Glover's reef. © Bond et al. 2012, Plos One

    Pour en arriver à ces conclusions, les scientifiques ont déposé des caméras au milieu des récifs des réserves pour réaliser 200 films. Le nombre de requins qui sont apparus devant les caméras placées à l'intérieur des réserves (Glover's reef et Caye Caulker) était bien plus important que pour les sites non protégés (l'atoll Turneffe et Southwater Waye) indiquant un lien fort entre la présence de ces chondrichtyenschondrichtyens et la protection de la zone.

    Peu de requins hors des zones protégées

    En outre, les chercheurs ont procédé à des identifications sonores de 34 individus, leur permettant de mettre en évidence un fort attachement au site de Glover's reef. Chacun des spécimens de C. perezii étudié vient en moyenne une fois tous les deux jours sur le site.

    Le premier objectif de ces sites est atteint : ces chondrichtyens sont plus nombreux au sein des réserves marines et semblent être fidèles à ces zones. Mais l'étude a également permis de mettre en évidence la rareté des requins à l'intérieur des zones non protégées. Cette observation est d'autant plus inquiétante que la disparition d'un superprédateur au sein d'un écosystème n'est jamais une bonne chose pour l'équilibre de ce dernier.