Il y a des infrastructures humaines dans pas moins de 80 % des zones clés pour la biodiversité du monde. Et à l’allure où va le développement, le chiffre n’est pas près de baisser. Des chercheurs appellent à la vigilance.
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Les zones clés pour la biodiversité (ZCB), ce sont des zones reconnues internationalement pour le rôle central qu'elles ont à jouer dans le maintien de la biodiversité globale. Difficiles à remplacer, elles doivent, plus que d'autres, être protégées. Pourtant, des chercheurs nous apprennent aujourd'hui que des infrastructures humaines ont été construites sur au moins 80 % des ZCB terrestres. Une situation qui ne semble pas vouloir aller en s'améliorant.
Rappelons que l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICNUICN) voit dans les infrastructures - les routes, les centrales électriques, les mines, les pipelinespipelines, etc. - l'une des plus grandes menaces pour la biodiversité. Elles peuvent en effet être à l'origine d'une destruction ou au moins d'une fragmentation des habitats, de pollutions, de perturbations ou de propagation d'espèces envahissantes. Et ce même au-delà de leur site d'implantation.
Un développement contrôlé pour éviter la catastrophe
Les chercheurs rapportent même que, compte tenu des projets de développement annoncés, les zones clés pour la biodiversité contenant des infrastructures pétrolières et gazières pourraient bientôt être plus de 70 % plus nombreuses. Mais ce n'est presque rien à côté du chiffre concernant les mines. Les chercheurs s'attendent à une augmentation de près de 300 % de ce côté-là. Et ils estiment même que le nombre de ZCB contenant des centrales électriques pourrait augmenter... de près de 600 % !
À l'occasion de la dernière réunion de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur la biodiversité - la COP15 biodiversité qui s'est tenue à Montréal (Canada) en décembre 2022 -, les gouvernements se sont pourtant engagés à mettre fin aux extinctions d’origine humaine. Est-ce réellement compatible avec les projets de développement mentionnés par les chercheurs ? Seulement si les projets en question sont menés de manière intelligente, avec pour triple objectif de garantir une valeur sociale, économique et environnementale.
Des zones clés de la biodiversité demeurent sans protection
Le nombre de sites abritant des espèces animales protégées s'élève aujourd'hui à 102 000, d'après les chiffres fournis à l'occasion du congrès organisé à Durban par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Ces 102 000 réserves représentent un total de 19 millions de km², ce qui équivaut à 11,5 % de la surface des terres. A titre de comparaison, en 1962, 2 millions de km² étaient protégés.
Article du CIRS paru le 22/09/2003
Cependant, les réserves actuelles laissent 700 espèces figurant sur la Liste Rouge des animaux, oiseaux et amphibiensamphibiens menacés, établie par l'UICN, en dehors de toute protection, selon une estimation de l'organisation Conservation International, basée aux Etats-Unis (Washington DC).
Or le fait d'adjoindre une surface correspondant à 2,6 % seulement de la surface des terres à celle actuellement protégée, permettrait d'intégrer deux tiers de ces espèces menacées à l'intérieur d'un habitat protégé, précise Gustavo Fonseca, scientifique de la Conservation International. Une action rapide pourrait permettre de sauver la grande majorité de ces espèces, ajoute-t-il.
L'étude menée identifie les zones menacées de destruction regroupant un grand nombre d'espèces. La disparition rapide de la forêt de la façade atlantique d'Amérique du Sud, prise entre les agglomérations en expansion de Rio de Janeiro et de São Paulo, en est un très bon exemple.
Cependant, cette étude, qui procure une large vision de la situation, ne tient pas compte des subtilités de la distribution des espèces à l'échelle locale. Des efforts en faveur de la protection doivent être menés au niveau local, insiste Ana Rodrigues de la Conservation International. L'étude ne tient pas compte non plus des animaux et des plantes vivant dans les mers, les lacs et les rivières, qui représentent 70 % de la surface terrestre. L'océan en tant que prochaine priorité en matièrematière de protection a été l'un des sujets abordés lors du congrès de Durban. Les réserves marines ne couvrent actuellement que 0,5 % des océans du monde.